Si j'en crois les photos publiées sur le
site de Nick Brandt ou
ici ainsi que sur le site de
l'exposition en cours, l'exposition Ravaged Land 2 regroupe différents types d'images :
1) des photos "Classiques" d'animaux en noir et blanc
2) des photos de "Cadavres d'animaux pétrifiés" prises au Lac Natron
3) des photos de "Trophées d'animaux" plantés en environnement naturel
4) des photos de "Population autochtones, parés de défenses d'éléphants" (issues de production plus ancienne comme le souligne Chris)
Concernant la première catégorie, on reconnait la patte du maître de la photo animalière en noir et blanc. Rien à dire sinon bravo.
Concernant les 3 autres catégories, comme le souligne Chris, nous ne sommes plus du tout dans de la photo animalière mais dans une approche artistique fondée sur du matériau animalier. On se doute que l'auteur est conscient de briser des tabous et se positionne dans une attitude de provocation propre à de nombreux artistes. Personnellement cela me fait le même effet que les toilettes/urinoirs de Duchamp : je suis sans doute un peu frileux pour apprécier ce genre de démarche.
Mais au-delà de l'approche artistique à laquelle on peut ou non adhérer, l'utilisation de matériau animal pose plusieurs questions éthiques :
- Peut-on mettre en scène des cadavres ? Pour être un peu provocateur à mon tour : quelle serait la réaction du public si l'on en faisait de même avec des cadavres humains. Personnellement la démarche me choque un peu : le tabou de la sépulture reste très ancré dans notre société.
- Peut-on afficher des trophées et en faire une oeuvre ? En somme si j'accroche un trophée au-dessus de ma cheminée je suis un beauf alors que si j'installe un trophée dans le désert je pourrais prétendre au status d'artiste ?
- Enfin, je trouve le mélange des genres difficile à interpréter. On mélange dans cette expos à la fois des éléments naturels et des éléments fabriqués, des animaux vivants et des cadavres, si bien qu'à la fin on ne perçoit plus le but et la cohérence de l'exposition et, du coup, même la partie plus classique de l'expos que j'aime au même titre qu'une grande partie de la production antérieure de Nick Brandt, est remise en question : ces magnifiques photos en noir et blanc sont elles du vrai naturel et quelle dose de montage ont-elles également subie : le bébé éléphant à côté de sa mère couchée est-il le résultat d'un montage ? Les arrière-plans, souvent magnifiques, sont-ils naturels ? Bref on finit par douter de tout...
Jérôme