Nous arrivons à Gondar pour déjeuner dans un restaurant local. En plein air, au frais à l'ombre, encore une fois nous sommes les seuls touristes.
Tout le monde défile autour du buffet pour garnir son injera de plein de bonnes choses. C'est un buffet végétarien car aujourd'hui c'est jour de jeûne.
Le calendrier éthiopien compte 13 mois (calendrier lunaire-solaire) et comprend plus de 200 jours de jeûne ou d’abstinence par an. Il y a environ 23 fêtes célébrées par mois. En tout, sur l’année, il y a grosso modo un jour sur deux de jeûne, et ce jeûne est vraiment respecté, tout comme l'ensemble des rites chrétien-orthodoxe, religion dominante dans plus de la moitié du pays.
L'après-midi est consacrée à la visite des sites historiques. Au XVIe siècle, le roi Fasilidas construit son château au cœur de la cité de Gondar, ancienne capitale d'Ethiopie. Le monument est toujours le symbole du royaume chrétien, même s'il a été ravagé par les guerres successives au fil des siècles. Il est inscrit depuis 1979 au patrimoine mondial de l'Unesco.
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Nous visitons les ruines du vieux château, peut-être un des seuls château d'Afrique. Un jeune guide local nous en explique en détail toutes les curiosités.
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Puis nous continuons vers les bains. Le roi Fasiladas avait un sens certain de l’art de vivre. Il fait bâtir, à deux kilomètres de sa citadelle, une immense piscine. Aujourd'hui vide, elle est remplie une fois l'an et aménagée à des fins religieuses, afin de reconstituer le baptême du Christ dans le Jourdain. L’ouvrage, aujourd’hui en cours de restauration, est envahi par des arbres aux racines envahissantes.
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La visite se termine par l’église Debre Berhan Selassie, de forme ovale pour symboliser l'Arche de Noë. La nef de l’église est couverte de fresques apocalyptiques relatant le triomphe de l’église sur l’hérésie. Le plafond de l'église tandis que le plafond est orné de têtes d’anges paisiblement alignées entre les poutres.
Une fois encore, nous demandons à Henok de nous trouver un endroit pour manger local. Et là nous serons servis, difficile de faire plus local. Il nous emmène dans une petite maison que la propriétaire a aménagée en restaurant. Nous nous installons dans le salon, une pièce exigüe avec deux grands canapés, une table basse au centre et la télé au fond. Dans le passage entre l'entrée et la chambre, la maîtresse de maison a disposé le nécessaire pour la cérémonie du café.
Abol, Tona et Baraka, trois mots pour désigner les trois cafés qu’un Ethiopien boit l’un après l’autre. A chaque tasse, on le dilue un peu plus. Le Baraka est ainsi bien plus léger que l’Abol. Si on fait les choses dans les règles de l'art, il ne faut pas moins de 2h pour préparer ces trois cafés quotidiens. Car le rituel veut que les grains de café soient brûlés pour faire le lit olfactif de la boisson que l’on s’apprête à déguster. Tout un appareil est nécessaire: une nappe faite des feuilles d’un plan de café, pour «qu’il se sente à l’aise après avoir été arraché à la forêt» ainsi qu’un récipient à deux becs: l’un pour servir le café, l’autre pour libérer son esprit captivé.
Dans la vie de tous les jours, le rituel est simplifié mais le café reste excellent.
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En guise d'apéritif, des épis de maïs sont grillés sur un petit brasero à charbon de bois. Nous sommes les premiers 'clients' et déjà on nous apporte le plat d'injera, végétarienne pour Henok et Véronique, à la viande de mouton pour moi.
Petit à petit, d'autres clients arrivent, des papis qui viennent s'assoir sur le canapé regarder la télé et discuter entre eux. Ils sont servis mais attendent avant de commencer à manger leur injera. Nous ne prenons pas de café car d'autres clients arrivent et visiblement notre place sur le canapé est convoitée, nous les laissons donc prendre leur repas, satisfaits de cette petite expérience éthiopienne.