27 Octobre 2010Journée sans photo (ou presque - en tous cas pas postable sur ce forum)
Debout 5h00, départ 6h00 – tiens ce matin Samira n’est pas là
trop tôt… la route pour Epukiro est looooongue, le paysage ne présente pas un grand intérêt et je somnole. A Mogabis nous allons faire quelques courses au supermarché car nous savons comme il est difficile de s’approvisionner en produits frais, surtout pour eux qui sont très isolés – nous leur rapporterons des fruits, des légumes, du pain… nous arrivons enfin à la Lifeline Clinic après s’être un peu perdus ! Ursula (la docteur) et son mari James nous accueillent chaleureusement, il y a une panne d’électricité depuis quelques jours mais elle nous fait visiter la clinique – je suis impressionnée par la propreté, l’organisation (à l’anglaise) et surtout par le matériel à leur disposition (surtout une machine pour les échographies qui semble ravir Ursula), les placards sont plein de champs opératoires, de couvertures – par contre au niveau médicaments, le stock n’est pas très riche – tout le long du couloir, il y a plein de cartons remplis de vêtements et de chaussures qu’ils distribuent tous les 2 mois aux Bushman – tout cela provient des donations bien sûr – et puis j’ai pensé à une de mes meilleures amies dentiste, ils ont même un fauteuil de dentiste un peu ancien mais plutôt en bon état alors si le cœur lui en dit, elle est attendu là-bas avec impatience, ils n’ont jamais eu de dentiste !
Il y a également (je n’y avais pas pensé avant) des lunettes de vue usagées qui trouvent ici une seconde vie et font la joie des Bushmans qui ont, comme tout le monde, des problèmes de vue… bref je suis bluffée par la clinique (je complimenterais Rudie ce soir et il en a rougi de fierté car cette clinique c’est le projet qui lui tient le plus à cœur)
Ursula et James ne sont là que depuis 4 semaines mais semblent ravis de l’installation – autour il y a beaucoup de Héréros (qui détestent les Bushmans) pour eux la clinique est payante, tout comme le dispensaire qui est à côté mais comme à la Lifeline Clininc il y a un médecin (au dispensaire uniquement des infirmières), les Héréros préfèrent venir là. L’avantage d’avoir un couple (c’est la première fois) c’est que si ils doivent transporter à Gobabis ou à Windhoek une urgence, James peut s’en charger et Ursula peut rester à la clinique – Laura (l’ancienne médecin) était obligée de fermer la clinique, parfois pendant plusieurs jours…
Nous déjeunons ensemble (tiens encore un sandwich…) puis une part du gâteau au chocolat que nous avons acheté – ils partagent leur maison avec Léna l’infirmière et il y a également une chambre pour les volontaires lorsqu’il y en a – c’est très confortable pour un endroit aussi reculé et suffisamment grand pour que chacun ait son espace.
Le plus gros problème, c’est que ces médecins ne sont pas Namibiens et qu’au bout de quelques mois, ils doivent retourner dans leur pays car leur visa de travail est en général d’un an… il y a donc un gros turnover avec toutes les difficultés que cela représente, l’angoisse également de rester sans médecin – le problème est d’ailleurs le même à Naankuse, les meilleures volontés ne restent pas plus d’un, deux ans max – mais c’est déjà mieux que rien !
Nous quittons ce généreux couple et repartons pour Naankuse – nous n’allons pas avoir le temps de visiter le village autour et nous ne verrons donc pas de Bushman pourtant très nombreux ici, à part un couple de petits vieux (+ 80 ans) qui vit dans un abris de tôle ondulé devant la clinique et ce depuis 3-4 ans parait-il… le monsieur « Toto » réclame de l’argent (pour boire) – Ursula les nourrit tous les jours mais ne leur donne pas d’argent.
La route du retour parait plus courte et nous arrivons vers 19h00 au Lodge car ce soir nous avons invité des personnes du staff pour fêter notre anniversaire. En arrivant, Rhona nous annonce qu’un feu terrible brûle dans une ferme tout à côté depuis 14h00 et que tout le monde (y compris les volontaires) est en train d’essayer de le maîtriser – nous n’avons rien vu en arrivant mais il paraît que c’est terrible, ils ont failli faire évacuer le Lodge – nous attendons donc le retour des « pompiers » qui vont arriver au compte goutte à partir de 20h30. Rudie passe boire un verre uniquement, il est noir comme un ramoneur et sent bien le feu, il est inquiet pour Marlice qui est enceinte de presque 8 mois et qui a passé la journée à être ballotée dans le camion et il veut qu’elle se repose. C’est en l’écoutant que nous réalisons l’ampleur de la catastrophe et surtout ce que ça aurait pu être si le vent avait tourné ! environ 3000 hectares ont été dévastés en quelques heures… Rudie nous dit que d’habitude le vent est Nord-Ouest sauf aujourd’hui où il a soufflé plein Est… Naankuse porte bien son nom ! si le vent avait été comme d’habitude, Naankuse aurait totalement disparu et on peut se demander ce qu’ils auraient du faire avec tous les animaux présents… pfff ! je suis sous le choc mais heureuse car finalement tout va bien, personne n’a été blessé et Naankuse est toujours là.
Nous passons tout de même une excellente soirée, tout le monde est adorable. Le diner est délicieux et la cuisinière a même pris la peine d'écrire en français "merci" en chocolat sur toutes les assiettes! je trouve cette attention absolument asorable. Je vais faire une petite boulette
j'ai demandé à tout le monde de m'écrire un petit mot sur le menu pour mon anniversaire et je n'avais pas pensé que Johanas se savait pas écrire... il est allé demander à Monique d'écrire pour lui! quelle imbécile... j'espère ne pas l'avoir mis mal à l'aise
J'ai également une conversation très intéressante avec Shaun à propos des babouins. Je lui fais part de mon opinion sur la façon dont on s’occupe d’eux et pourquoi je n’ai pas voulu jouer le jeu de la nounou la nuit (on peut dormir avec un bébé car ils ne dorment pas dehors et ont besoin de présence) et il m’explique pourquoi. Il est passionné par les primates et veut d’ailleurs monter son propre projet d’ici 2 ans, vraisemblablement à Bornéo avec les Orang Outan. Comme il y a un gros turnover de volontaires, ils sont obligés de changer tout le temps de « nounou » afin de ne pas créer un autre traumatisme… ça d’accord mais si on se place du point de vue des babouins ? il me répond que si on laissait un bébé à son arrivée (donc venant juste de perdre sa maman souvent dans des conditions de grand choc) et qu’on le mettait directement dans un groupe, il serait malmené voir tué… il a besoin de cette adaptation avec les humains pour se consolider psychologiquement… bon… mais si UNE personne du staff s’en occupait en permanence ? et bien le jour où on le met avec les autres, il est encore plus traumatisé par une seconde séparation… je suis toujours un peu dubitative mais je ne suis pas spécialiste – Shaun me dit qu’ils ont essayé plusieurs façons et que celle-là est la meilleure. Il pense que les babouins sont heureux… preuve en est (et ça je l’ai vu) ils ne cherchent jamais à s’échapper et il me raconte l’histoire de Mama, qui est venue d’elle-même dans l’enclos avec son bébé pour le protéger et qui n’a jamais voulu en repartir alors qu’elle était sauvage… c’est vrai également qu’il y a très peu de bagarre et que la hiérarchie est bien instaurée (nous sommes au bas de l’échelle dans cette hiérarchie). C’est vrai que j’ai été surprise par le calme des babouins lors des promenades, aucun ne cherche à partir alors qu’ils pourraient sans problème, ils sont même pressés de rentrer
Vers minuit, nous avons pitié de Rhona qui tient le bar et décidons d’aller nous coucher