Merci à tous. Je vous ressert encore quelques spaghettis...
Cinémara - Jour 8 : La rivière sans retour (Otto Preminger 1954)
Nous décidons ce matin de tenter de trouver une explication aux centaines de cadavres que nous avons vus défiler devant nos yeux lors des précédents crossings. Certes les traversées auxquelles nous avions assisté avaient fait quelques victimes mais ces noyades et attaques de crocodiles n'expliquaient guère que quelques pertes ponctuelles. L'hécatombe devait se produire quelque part en amont.
Dès l'aube, nous tentons de découvrir l'origine du drame.
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Nous ne tardons pas à découvrir un rassemblement de Gnous convergeant vers un lieu de crossing inédit. L'endroit est assez improbable. L'environnement immédiat est une zone de forêt dense qui constitue un biotope inhabituel pour cet habitué des savanes.
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Les berges de la rivière forment des falaises apparemment infranchissables. Ils sont des milliers à préparer ce crossing attendant, comme à chaque fois, le premier qui osera se lancer, donnant ainsi le signal du départ. La traversée débute. Les Gnous ont finalement trouvé un passage leur permettant une entrée dans la rivière à peu près confortable. Mais nous réalisons rapidement qu'il n'en va pas de même pour ce qui est du point d'arrivée sur l'autre rive. Un premier groupe parvient à traverser la rivière qui n'est à cet endroit large que d'une dizaine de mètres. Ils se sont extirpés de l'eau et occupent à présent une zone étroite en bord de rivière où ils ont pied. Mais la paroi de la berge se dresse à la verticale devant eux. Aucun moyen de la franchir.
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Le flot de Gnous continue à déferler vers la zone de débarquement mais, à présent, le seul secteur où ils pourraient prendre pied est occupé par les premiers arrivants. Ils nagent donc sur place en luttant contre le courant incapables de s'extraire de l'eau. Il n'y a pas d'issue possible. Et pourtant, depuis l'autre rive, les Gnous n'en finissent pas de se jeter à l'eau dans une traversée sans issue. Un premier Gnou a décroché du groupe des nageurs. Il peine à maintenir la tête hors de l'eau et, en quelques secondes, ses naseaux sont recouverts par les flots.
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A une vitesse effrayante, nombre de ses congénères subissent le même sort. Je suis abasourdi par l'allure à laquelle tout cela se passe. L'énergie que les Gnous déploient pour lutter contre le courant les laisse sans force en moins d'1 minute.
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Le crossing vient à peine de débuter et déjà les cadavres dérivent au fil de l'eau vers l'aval. Dans quelques minutes les observateurs positionnés au main crossing de Serena vont, sans doute, comme nous la veille, les voir défiler tristement devant eux.
Et les Gnous continuent à se jeter dans la rivière dans cette traversée sans espoir… Le spectacle vous glace le sang. J'en tremble littéralement. Je suis un peu gêné de photographier et de m'adonner à ce voyeurisme morbide. Nous nous demandons s'il faut intervenir ou laisser les choses se faire. Mais intervenir comment ? Est-ce que tenter de les effrayer en nous approchons leur sauvera la vie ou les précipitera en masse dans la rivière ? Et puis le crossing fait partie intégrante de ce processus naturel qu'est la migration. Un processus qui fait du Gnou une espèce qui connaît une réussite incontestable si l'on en croit les effectifs de sa population en Afrique de l'est. Nous n'interférerons donc pas. Au bout d'un quart d'heure, le crossing se tarit. Les Gnous qui n'ont pas traversé refluent en direction de la savane. Parmi ceux qui se sont jetés à l'eau, une partie a heureusement réussi à faire demi-tour. Une vingtaine seulement est parvenue à se hisser sur la rive opposée.
La vidéo (avec certains passage un peu bougé car la caméra est tenue à bout de bras tendus au-dessus de la tête)
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On aurait aimé en rester là. Pourtant, quelques minutes après, alors que nous nous apprêtions à quitter les lieux, nous assistons à un nouvel incident d'une nature un peu différente. Les Gnous qui avaient d'abord reflué vers la savane, reprennent la direction de la rivière un peu en aval de la zone précédente. Ils pénètrent dans un secteur où la rivière Mara forme une série de méandres en
. Le groupe est dense dans cette partie finalement très étroite bordée sur trois côté par la rivière un peu comme une presqu'île. En un passage particulier, il n'y a guère que 2 mètres de large entre une zone densément arborée et la berge de la rivière qui se dresse à 6 mètres au-dessus de l'eau. Comme souvent, après avoir longuement hésité, les premiers arrivants décident de renoncer et entament un demi-tour. Ils croisent alors le flux de ceux qui continuent à s'avancer vers la rivière. Ça frotte pas mal entre les 2 flux. Arrivés au fameux rétrécissement, impossible de passer de front. Et là c'est l'incident : bousculés dans la mêlée, les Gnous les plus proches de la berge tombent en grappes dans la rivière. Ils s'abattent par dizaine et la scène est vraiment angoissante.
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Les Gnous se retrouvent au milieu des flots non pas pour un nouveau crossing mais pour reprendre pied sur la berge d'où ils ont basculé. Et, comme si toutes ces embûches ne suffisaient pas, certains se font charger par les Hippopotames qui n'apprécient pas d'être dérangés.
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C'est spectaculaire mais il y aura heureusement plus de peur que de mal.
257 - La vidéo de Julie
Jérôme