Merci à tous, pour vos commentaires sur ce carnet.
En plat principal de la journée : Crossing…De retour en plaine nous croisons d'impressionnantes files de gnous et de zèbres... Ils ont la faculté d’apparaître et de disparaître, hors du champ visuel en peu de temps… Un phénomène de la nature, assez surprenant.
Mike, en fin connaisseur… Sent un crossing qui se prépare.
Les conditions semblent réunies… La température extérieure est adéquate pour une traversée, les animaux sont là en masse et en mouvement !
Plutôt que de choisir le Main crossing… Généralement bondé de véhicules, notre guide nous conduit à un second point… Bien plus tranquille et se place de la meilleure façon qui soit pour nous permettre d’avoir un œil tant sur l’entrée que la sortie du chemin aquatique migratoire.
En fait, les gnous traversent et retraversent inlassablement entre le triangle du Mara et la partie où nous sommes.
Le crossing, une sacrée expérience à vivre… Presque indescriptible, tant l’ensemble des émotions se mélangent. De l’excitation, on passe à l’inquiétude, à la joie, à la tristesse, en quelques fractions de secondes. Outre les images, il y a les sons (et ce n’est pas rien), les odeurs…
Le théâtre animalier prend place sur tous les fronts… Il y a d’abord l’attente, l’hésitation des animaux qui vont et viennent… Alors qu’on croit qu’ils vont se lancer, ils font brusquement demi-tour, puis reviennent, le tout dans une cohue impressionnante… Et ce petit jeu, peut durer des heures ! J’ai nommé les gnous, les maîtres de l’indécision !
Il y a la traversée où l’on palpe toute l’intensité et la nervosité de la scène… L’arrivée de l’autre côté, soit en empruntant la bonne route d’accès pour la plaine d’en face, soit en s’encastrant comme des "g"nouiles, sur le versant inaccessible.
La terre devient glaise, les animaux glissent, retombent comme des masses dans l’eau, quand ils ne tombent pas directement sur d’autres congénères.
Les gueules et corps vont et viennent sous l’eau ou ses éclats !
Personnellement c’est cet aspect là, qui m’a le plus fait frissonner…
Savoir que la rivière et la plaine d’en face sont campées par des prédateurs attendant la bonne opportunité pour se servir, me fut bien plus acceptable que de constater l’obstination des ces gnous bornés à prendre une voie sans issue… S’empilant les uns sur les autres, avec le risque de se fracasser contre des rochers !
Nous avons observé que les zèbres sont bien plus intelligents que les gnous… Ce sont souvent eux qui donnent le signal de départ pour atteindre la berge… Mais ils laissent les gnous se jeter à l’eau, les premiers… Ils traversent un peu moins nerveusement et surtout de manière plus coordonnée et plus instinctive.
Même si, parmi eux aussi… La folie ambiante peut s’immiscer et faire des victimes.
L’attente et la mixité
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Focus sur les zèbres
Bonds et eau remuée
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Ce zèbre, malheureusement ne s’en sortira pas. Lors de la délicate remontée, il a glissé et s’est probablement brisé le dos ou cassé une patte. Il erre au milieu de cette rivière meurtrière et n’en ressortira jamais. Telle est parfois l’impitoyable loi des crossing.
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Focus sur les gnous
Un plan large situant une bribe de ce crossing. C'est notre premier, mais ce ne sera pas note dernier... Et à chacun des atmosphères différentes.
Le nombre d’individus ayant traversé, su celui-ci est estimé entre 15.000 et 20.000 têtes.
Sur terre, dans l’eau et l’affluence qui se manifeste en face
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Enfilade
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Bousculade
La folie semble s'être emparée des gnous, ils se retrouvent acculés sur la rive d’en face, derrière les autres continuent à arriver et à grossir cet entonnoir !
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Dans l’état de panique généralisé, certains préfèrent rebrousser chemin.
Entre sauts
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Et regard hagard
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Alors que l’on pensait cette traversée presque terminée, à notre grande surprise nous voyons débouler une unique Gazelle de Thomson !
Mais où va-t-elle cette pauvre folle ?
Les inquiétudes grandissent… En face l’eau continue d’être remuée, les corps s’entremêlent ou chutent ! Elle ne fera jamais le poids, avec son gabarit !
Devant nos yeux éberlués… Elle s’élance à la nage !
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Se fait sérieusement bousculer par les gnous qui retombent.
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Tente d’escalader la voie sans issue et subit le même sort que ses prédécesseurs, la glisse et la retombée dans l’eau.
La terre est à présent complètement détrempée !
C’est un risque de tous les instants, tant pour ceux du dessus, que ceux du dessous.
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D’ailleurs à un moment, nous ne l’apercevons plus et nous la pensons ensevelie sous les flots démenés.
Mais elle pointe le bout de son nez, de son corps au pelage tout dégoulinant et s’accorde un petit répit, contre la paroi.
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Avant de se ressaisir et de rebrousser chemin et de réintégrer la berge de départ, lessivée, au propre comme au figuré.
L’envie de vivre l'a portée.
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Certes il y a eu des victimes (une quinzaine), mais nous sommes tous soulagés et heureux que ce crossing se termine sur cette note optimiste de la petite qui a vaincu les grands flots…
Alors que nos émotions sont encore toutes chamboulées, Mike lui éclate de rire. Il connaît bien ce spectacle et a appris à apprivoiser ces diverses facettes.
Après ce spectacle époustouflant
, il est à présent l’heure de réintégrer le camp (début d’après midi)… Nous avons encore une petite heure de trajet.
Dans le 4x4… Plus un mot, chacun repasse dans sa tête, les scènes que nous venons de vivre… Comme si le silence s’imposait naturellement après cette cohue auditive.
Le temps d’une pause déjeuner, de décharger les images (c’est que les cartes en ont pris pour leur grade aujourd’hui !), d’une petite douche et d’une mini sieste pour moi.
A suivre