Jour 8 :
6h30 qg de l'ORTPN nous sommes prêt. Les gardes sont encore en Briefing.
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Florence ne rêve que d'une chose le Suza group, Félix lui ne nous l'a pas garantis mais est très confiant de l'obtenir. Nous retrouvons une personne du staff issue aussi des formations de Durell a Jersey comme florence. Nous discutons donc un peu et à la question " vous savez ou vous allez ? " nous glissons innocemment " le suza on espère ! ".
Et on recommence à attendre. Les gardes terminent leurs briefing le responsable vient voir les guides privés, discutions animées, Félix revient vers nous tout sourire (mais il est toujours comme ça aussi ! ) :" C'est bon vous avez le Susa ! ".
Flo explose de joie moi c'est pareil mais j'intériorise.
Un groupe géant et une belle marche pour y aller que rêver de mieux. Mais on reste sur le cul quand on voit arriver nos américains de la veille eux aussi pour le Susa. Car si le Hirwa est à 20mn de marche, le Suza est réputé éloigné et difficile d'accès (en général 3h de marche). 2 françaises nous accompagnent aussi cette fois ci.
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Re briefing avec les gardes comme la veille, puis 50mn de voiture et nous voila au point de départ. Bon aujourd'hui on ne joue pas, ça peu être long et haut donc on prend chacun un porteur pour les sacs et la colonne s'ébranle, toujours encadrée par un militaire armé à chaque extrémité.
Une des américaine demandera quand même naïvement " do they have bullet in their guns ? " Bha non bien sûr c'est juste pour le décor !
Au bout d'un quart d'heure nos américaine affichent déjà des mines déconfites et s'arrêtent régulièrement. Le guide les encourage et nous les rassurons aussi mais le mauvais temps monte et nous sommes quand même un peu inquiets. La perspective de faire la visite sous la pluie car on aura dû attendre nos boulets ne nous amuse pas.
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La montée continue donc à petite allures avec de fréquentes pauses. A ce train nous aurions pû garder nos sacs mais bon …
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1 bonne heure plus tard nous sommes au mur et apercevons furtivement 1 cercopithèque à diadème (golden monkey).
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Rebriefing sur les contraintes une fois dans le parc, comme le guide n'est pas très à l'aise en français et que nous avons déjà eu le briefing la veille on aide un des guides à le faire en français aux 2 françaises nous accompagnant.
On passe le mur, franchissons assez vite un bois de bambous dense et progressons dans les herbes hautes.
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20mn plus tard, comme la veille une effluve vient caresser mes narines. Sans bien connaître l'odeur du gorille je l'aurai manquée cette fois ci, mais elle est bien là. Pour m'enlever tous doutes les trackeurs apparaissent déjà.
Le Suza sera donc facile aujourd'hui ! Comme la veille on pose les sacs, récupérons notre matériel et suivons le guide. On débouche sur une petite clairière ou assise au soleil, comme nous attendant, sommeil Dufatanye et son bébé d'un an environs. On est à 5m et j'ai l'air malin avec mes 2 longues focales ! Mais bon l'instant est fragile et je ne peux me résoudre à risquer un changement d'objectif et perdre ainsi quelques précieuses secondes. J'espère juste que flo, fera quelques plans larges pour compléter mes portraits serrés.
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Mes bras tremblent sous le 300mm et je dois m'accorder quelques secondes de récupération émotionnelle. Nous mitraillons 5mn jusqu'à ce que, lassé, elle s'en aille retrouver ses amis en nous passant à 3m.
Le petit nous observe attentivement de ses deux petits yeux couleurs d'ambre.
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Les guides nous entrainent alors vers un dos argenté isolé. C'est le n :4 et dernier dans la hiérarchie des dos argenté du groupe. Contrairement à leur cousin des plaines de l'ouest plusieurs dos argenté peuvent coexister dans un même groupe. Il y a une hiérarchie et la plupart du temps un lien de filiation entre eux. Un groupe de 41 individus ne peut conserver sa cohérence qu'avec plusieurs mâles pour en assurer la sécurité et la stabilité. Et nous verrons plus tard que, avec les jeunes, ils ne doivent pas être de trop à 4 pour gérer ce joyeux bazar
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Petit anecdote en passant, à l'époque ou le gorille Digit est assassiné par des braconniers dans les années 70 et ou son groupe se désintègre (consécutivement aux attaques répétés des braconniers) Diane Fossey indique, dans son livre, qu'une des femelles émigre ensuite vers un petit groupe marginal de quelques individus du coté de la rivière Susa. 30 ans plus tard ce petit groupe marginal peu observé alors est devenu le plus important du massif.
Nous restons 5 ou 10 mn avec ce dos argenté qui nous ignore royalement en continuant à manger et en choisissant attentivement chaque poignée.
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Puis les guides nous entrainent sur la pente, on pénètre dans un bois de bambous très dense en suivant une femelle.
Là le guide s'arrête dans une espèce de caverne dans les bambous. Je suis en fin de colonne je vois mal mais il y a des gorilles absolument partout. Vu le lieu je suis persuadé qu'on ne va pas rester compte tenu de l'exigüité donc je patiente ou je suis. Mais rapidement le dernier guide me fait avancer et asseoir juste devant et là c'est purement indescriptible.
6 à 8 individus jeunes et juvéniles jouent dans tous les sens sous les yeux de 2 ou 3 femelles. Ca court en tous sens, ça nous passe à moins d'un mètre, les plus agés font de petit display avec les bambous que déjà ils brisent facilement compte tenu de la section. Certains frappent le sol en passant avec des branches, par moment ça se dispute un peu, bref ça pétille de vie.
Le milieu est clos, aucune possibilité de recul pour nous. Cela dure … je ne sais pas 10 ou 15mn comme cela.
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Un ou deux juvéniles s'enhardissent et viennent taper les jambes d'un garde et ça joue de plus belle. Coté photo c'est l'horreur pas de lumière du tout, grande proximité et ça bouge de partout mais je m'en fous comme de l'an 40, je mitraille mollement sachant le résultat plus qu'incertains mais surtout, surtout je profite.
Et là c'est le drame
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Depuis un moment l'excitation est monté d'un cran. Je fais très attention à mes dragonnes et appareils car dans l'excitation si un jeune s'en saisit en passant ça risque de ne pas être amusant du tout.
Et j'ai l'œil dans le viseur quand je sens plus que je ne vois quelque chose se préparer à ma gauche. Très proche ça prend son élan vers nous, un juvénile sans aucun doute mais je n'ai pas le temps de vérifier. D'un geste rapide je baisse l'appareil sur mes genoux, ramasse la courroie et baisse la tête attendant je ne sais quoi.
Et ça ne loupe pas !
Un juvénile s'est élancé à 3 ou 4 mètre, passe en courant et m'assène au passage une bonne baffe sur la tête. Emotions dans notre groupe et moi je suis mort de rire intérieurement en me disant " ha le petit salopiot, il m'a eu ! " et je m'empresse de rassurer tout le monde " it's ok ! it's ok no problem ! ". Je ne pense à ce moment là qu'a une chose égoïste : " pourvu qu'on ne parte pas.
Le petit fourbe se tient à 3 mètres, ou il s'est arrêté en fin de course, et me regarde avec l'air taquin qu'ils savent si bien prendre, fier de sa petite attaque éclair.
Les minutes suivantes, la raison revient et je suis inquiet, s'ils s'enhardissent trop on va devoir partir, déjà là je pensais les limites atteintes. D'ailleurs bientôt une petite dispute éclate entre 2 juvéniles. Rien de méchant mais ces 4 boules de poils agitées et vocalisant fortement qui nous passent devant sont un rien impressionnantes quand même.
Sur la vidéo j'entendrais, à posteriori, les guides répéter " don 't worry, don't worry " en boucle, tandis qu'un autre répète, en boucle aussi, une vocalise d'apaisement.
A peine quelques secondes après le début de ce petit accrochage, alerté par les cris, Kurira le dos argenté dominant du groupe, apparaît d'un seul coup au milieu des bambous. Les protagonistes se séparent immédiatement mais l'agitation demeure malgré tout. Lassé par ce joyeux bazar, Kurira finit par partir assez vite.
Nos guides sont toujours confiants apparemment et on ne bouge toujours pas.
5 minutes plus tard mouvement à ma gauche, exclamations des américaines, je regarde et là un second dos argenté arrive. Tranquillement, avec assurance il vient s'asseoir juste devant nous à 2M grand maximum. Sans geste de stress ou de tension Nyagakangaga nous détails méticuleusement tandis que les jeunes ont pris de la distance. Je connais l'importance du regard chez les gorilles, spécialement chez les dos argentés et devant l'imposant silverback je n'ai donc aucun effort à faire pour manifester mon humilité. Je baisse très ostensiblement la tête et l'observe à la dérobée en évitant très soigneusement de le fixer plus de quelques secondes.
J'entends le guide répéter derrière " take picture ! "
Oui … bha si ça te dérange pas je vais attendre un peu hein !
-" Il n'y a sans doute aucun risque mais je ne tiens pas à ce qu'il y ait la moindre équivoque entre lui et moi
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"
Il restera là jusqu'à la fin nous tournant finalement le dos. Les autres ont pris du champ et ça joue plus mollement.
Un moment j'essai d'estimer la distance entre lui et moi et finis par conclure " c'est simple, je m'allonge par terre d'où je suis, je le touche ! "
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Comme hier, bien trop vite à notre gout le guide annonce " last minutes ". Bon je vais avoir un problème. 40 minutes par terre les jambes repliées et je suis totalement ankylosé et au moment de partir j'aurais besoin de l'aide du guide pour me relever ne souhaitant pas particulièrement trébucher et tomber sur notre amis Nyagakangaga qui se tient toujours à moins de 2 mètres.
Quelles expériences ! Si hier nous avons vu les gorilles aujourd'hui nous étions avec eux. A chaud il est peu de dire que nous sommes sur un petit nuage. A froid le souvenir reste purement fantastique et exceptionnel mais teinté d'une certaine inquiétude. En effet s'il y a une distance de sécurité théorique de 7m à respecter avec les gorilles c'est avant tout pour des raisons sanitaires. Les gorilles sont vulnérables aux infections et maladies des hommes (rhumes, etc). Et leur vie communautaire rend la propagation au groupe, une fois un individu contaminé, quasiment systématique.
Hors les 2 fois cette distance n'a jamais été respectée, et les 2 fois nous étions dans une situation ou le terrain ne nous permettait pas de reculer pour la respecter.
L'an dernier le Susa group à connu une série d'infection pulmonaire importante qui a touché presque tous le groupe et même obligé les " gorilla doctors " à endormir une femelle et son bébé afin de les soustraire 24h au groupe et leur prodiguer des soins nécessaire. Opérations à haut risque pour tout le monde.
Le problème est donc très réel. Le lendemain nous avons appris que ma " mésaventure " avait fait l'objet d'une attention particulière au briefing des gardes. Peu être pour souligner la nécessité de les approcher plutôt dans des milieux ouverts permettant du recul si nécessaire.
Nous retrouvons les trackeurs, nos sacs, et commençons la descente sous une petite pluie qui bien vite s'accentue. Mais alors qu'est ce qu'on s'en fout de cette pluie maintenant
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Après ça, un des volcans aurait pû se réveiller que ça n'aurait pas décroché le sourire de nos visages.