ATTENTION ! COUP DE COEUR Un bus dans la nuit pour une naissance19h30 Exmouth, il ne reste plus qu’une vague lueur vers l’ouest derrière les « montagnes » de Cape range.
Le soleil s’est couché il y a une heure pendant que l’on soupait.
En compagnie de quelques personnes de mon groupe, je saute dans le bus qui nous attend et où nous sommes accueillis par Paul.
10mn plus tard le bus fonce dans la nuit noire.
Dans le ciel, loin des lumières de la ville, des milliers, des millions, des billions d‘étoiles se sont allumées.
Un brutal coup de frein, un grand coup de klaxon et la silhouette bondissante d’un kangourou pris dans le rayon des phares, échappe de justesse au danger mortel.
Palpitations…
Le bus remonte droit vers le Nord pour le moment avant de bifurquer vers la gauche, je pense que c’est la direction des plages où nous sommes allées aujourd’hui.
Rares sont les véhicules croisés. Un arrêt, quelques passagers supplémentaires.
La silhouette plus sombre du phare de Vlaming Head se détache sur le ciel nocturne, ca y est nous somme passée sur la côte coté Pacifique.
Un autre arrêt et c’est Adam qui nous rejoint, c’est notre deuxième guide et il a des informations toutes fraiches à communiquer.
Il y en a trois sur Mauritius beach.
5mn de plus sur la route, clignotant à droite, piste poussiéreuse dans le faisceau des phares, veilleuses, noir total, encore quelques mètres et le bus s’arrête sur ce qui semble être un parking.
Attention, il ne faut pas s’encoubler dans la descente des marches, toujours dans l’obscurité.
Nous nous regroupons autour de Paul et Adam et deux autres guides viennent nous rejoindre.
L’excitation est à son comble que va – t’on voir ?
Les dernières consignes sont données, profil bas, lenteur et discrétion sont les maitres mots.
Mes yeux se sont habitués à la clarté diffusée par les étoiles.
Torches interdites.
L’un après l’autre après Adam ou Paul nous empruntons le sentier sablonneux qui mène à la plage.
Mes pieds tâtonnent prudemment le terrain.
Soudain Adam, que je suis de près, se plie en deux avant de continuer d’avancer, on suit le mouvement, et finalement à quatre pattes que je touche Mauritius beach (et non pas bi***).
Un groupe derrière Paul à gauche, un groupe à droite derrière Adam.
A quatre pattes derrière Adam, il m’est difficile de retenir un fou rire,
vous imaginez bien le tableau je pense.
Le sable est frais et très doux sous mes mains et mes genoux.
Ouille, sauf là, ca doit être un morceau de corail.
Un premier stop à quelques mètres de la lisière de l’eau, Adam part en reconnaissance.
J’entends le doux murmure du clapotis des vagues qui viennent s’échouer sur la plage et le grondement plus lointain du ressac se fracassant sur la barre qui ferme Ningaloo reef.
Adam revient et nous fait signe de le suivre, c’est maintenant en rampant et quasiment en retenant mon souffle que j’approche….
A peine plus sombre que la nuit elle est là, la raison de cette délicate approche.
Une tortue loggerhead à creuser un trou et elle est en train de pondre.
A 20 cm de son arrière train, éclairé par une torche à la lumière rouge, j’aperçois des balles de ping-pong, rosées dans la lueur, et luisantes. Ce sont les œufs.
Serrés les uns contre les autres, nous voyons apparaître l’ultime œuf.
Peu de temps après une gerbe de sable nous fera reculer rapidement, avec une de ses nageoires arrière la tortue a commencé à recouvrir le nid.
Nous reculons encore de deux trois mètres, toujours couchés dans le sable, pour lui laisser la place de faire son travail en paix.
Maintenant allongée dans la nuit, un billion d’étoiles au dessus ma tête, le grondement de l’océan dans mes oreilles je repense à l’incroyable moment que je viens de vivre, prémices d’une vie à venir.
Dans deux mois si tout se passe bien, de petites tortues sortiront de leur nid de sable pour se précipiter vers le large.
A condition, qu’un renard, un varan, un chien, ne viennent piller le nid.
A condition que les prédateurs ailés, les laissent accéder à la mer.
Et si les prédateurs marins, les laissent grandir
peut être que l’une d’entre elle viendra à son tour donner naissance sur cette plage et perpétuer ainsi le cycle de la vie.
Maintenant Adam profite que la tortue continue son travail d’ensevelissement, pour nous donner quelques renseignements.
D’abord il est bon de savoir que c’est la vue qui prime sur l’ouïe, chez la tortue marine, et donc on peut parler quasi normalement à côté d’elle alors que de la lumière et des mouvements brusques peuvent la perturber, d’où la séance de ramping.
Ensuite il y a trois sorte de tortues qui viennent pondre dans le coin, deux rares, très menacées la Loggerhead et la Hawkbill et la plus courantes la green turtle.
Et puis il n’y a pas que les prédateurs animaux qui font des ravages, certaines pratiques sportives telles que le 4X4 sauvage sur les plages cause aussi pas mal de dégâts.
Pendant ce temps notre tortue continue son boulot, on voit bien que c’est dur pour elle, on l’entend souffler fortement.
Soudain je vois bouger plus distinctement la masse sombre, l’ordre de replis rapide en rampant a fusé.
La tortue commence péniblement sa reptation vers son élément de prédilection l’eau, maintenant que sa tache est terminée.
3-4 « pas » et elle reprend péniblement son souffle, à chaque fois on dirait quelle pousse son dernier râle.
L’effort est considérable pour une tortue de près de 100kgs, il n’y a pourtant qu’une vingtaine de mètres qui la sépare de la frange de l’écume.
Une dernière pose, un dernier effort et c’est la reptation finale vers l’élément liquide.
Et pour nous c’est la reptation direction le parking,
car sur la gauche du chemin il y a encore une green turtle en train de pondre.
On a une chance incroyable de pouvoir assister à ce magnifique événement et il ne faudrait pas que notre présence perturbe ce moment si délicat dans la vie d’une tortue.
Si moi je me suis offert un magnifique cadeau en prenant cette visite, que dire du cadeau sublime que m'a fait la nature ce soir là