Bon, je m’incruste sur le CR de vahiné.
Nous reprenons donc la piste, direction Killie-Krankie. Il est déjà 18h00, mais nous sommes juste dans les temps pour faire les 45 kilomètres qui nous séparent de notre chalet. Nous ne croisons rien sur la première partie qui longe la vallée de la rivière Nossob. Rapidement, donc, nous rejoignons la piste transversale qui mène à l’autre vallée, celle de la rivière Auob. C’est une piste roulante. Elle passe au milieu de belles dunes rouges, formant des décors agréables. Selon notre expérience et celle des visiteurs réguliers, les animaux y sont rarement observés. On y croise forcément des Oryx, mais c’est à peu près tout. Bref, on roule droit vers la maison, d’autant moins attentifs que le soleil décline vite, et que la « golden light » est absente. En effet, les dunes cachent trop tôt l’astre rougeoyant.
Est-ce à cause de ce relâchement que la rencontre surprise qui va suivre va prendre tant de valeur à mes yeux ? Si la rencontre avec Skinny avait été le point d’orgue de notre premier voyage, celle qui suit le sera pour ce voyage. Elle alimentera les rêves des nuits à venir, fait encore monter l’émotion quand j’écris ces lignes, et déterminera en grande partie le prochain voyage de janvier.
Bref, Vahi, coté passager, me crie :
- « UN GUEPARD! »
Je ne la crois pas et reste stoïque (c’est une blagueuse, parfois, Vahi!).
Vahi : « Si, si, je rigole pas, il y a un guépard en haut de la dune… Et… Un autre juste devant. »
-Moi : « Mer**
, c’est vrai! » Je pense : Fait ch**, la lumière est nulle, et on va être à la bourre! »
Mais comment ignorer un Guépard ? Deux guépards
?
Donc, nous voilà à l’arrêt, et nous les observons. Ils sont assez loin, et plutôt à contre jour, tout en haut de la dune. On remarque vite qu’il s’agit d’une maman qui possède un collier émetteur, tout comme Mummy. Elle est avec son jeune, sensiblement du même âge que Skinny. On en est à se demander si ce n’est pas eux. Mais non, impossible, on est bien trop loin de Dalkeith.
- Vahi : « le jeune vient vers nous ! » Là, j’entends bien JP qui se dit qu’on a dû se descendre un mega cubi de Jaja blanc
.
Et tout commence ! Car ce jeune Guépard vient bien vers nous, visiblement curieux de cette rencontre. Il a de grands yeux, il me semble trop maigre. Il se rapproche encore et encore, doucement, en marquant parfois de petits arrêts hésitants. Les appareils photos sont là, mais je sais qu’il va falloir monter en ISO, et je n’aime pas çà. Je passe direct à 800, ouvert à fond
(pourquoi ai-je échangé mon 300 f2.8 contre le 200/400 f4.0 ?). Le boîtier m’indique des vitesses de l’ordre de 1/10 de seconde, ça craint
! Heureusement, je me souviens que de ces situations difficiles sort parfois LA photo. Alors tant pis, clic, clic, clic, j’appuie dès que l’angle le permet. Chaque déclenchement dure une éternité : Tout va être flou
!
Le jeune guépard est maintenant tout près, et il semble vouloir traverser la piste devant nous. Nous craignons qu’après, il ne s’éloigne. On déplace donc la voiture en marche avant, en marche arrière, afin de le retenir gentiment du bon coté. Il finit par rester assez tranquille et nous observe, sans aucune appréhension. Je passe à 1000 iso, en rouspétant, mais pas le choix!
Clic clic clic, qu’est ce que c’est lent ! A l’inverse, le temps réel, lui, passe trop vite! Ca craint un peu, mais tant pis, on reste encore. Clic clic clic, je suis passé à 1600 ISO, il fait presque nuit!
Bon, il faut y aller, plus le choix! J’engage la boite automatique à regret, et commence à avancer, d’abord doucement, puis un peu plus vite.
Vahi : « regarde, il court après la voiture! »
J’ai du mal à y croire, mais c’est vrai, je l’aperçois dans le rétro, il a alors cessé sa course, et je crois lire dans ses yeux un l’incompréhension de nous voir l’abandonner
. Anthropomorphisme ou réalité ? Et si c’était un peu des deux ?
Ma gorge se serre, j’ai envie de rester pour le protéger. Est-il normal qu’il soit si maigre?
Je maintiens la voiture encore quelques secondes immobile, puis redémarre… Pas le choix!
Cette décision imposée me contrarie encore aujourd’hui.
Maintenant je fonce, pas trop quand même, de peur de heurter un animal sur la piste (il y en a, hein, finalement !). On arrive avec seulement 15 minutes de retard, mais il fait nuit noire depuis un moment. On s’arrête auprès de Valam, le « tourist assistant » et je m’excuse pour notre retard, en lui expliquant notre merveilleuse rencontre. Bien sur, ça le laisse plutôt indifférent. Je lui propose quand même de venir boire un petit verre de vin blanc dans notre chalet. Il me répond : je veux bien du vin, mais vous pouvez me remplir mon verre, et je reviendrai le boire seul ici. Je suis interloqué. Ai-je bien compris ? Je lui demande s’il ne préfère pas le boire en notre compagnie.
« J’ai un peu peur des lions, ca fait 3 nuits de suite qu’ils viennent dans le camp » !
Bon, ben on va pas traîner dehors non plus alors… On comprend mieux sa réaction, et ça me fait bien rigoler
. Je ne pensais pas que les « tourist assistants » avaient peur des lions. Plus que nous, dirait-on, mais sûrement parce que nous sommes inconscients du danger réel qui sévit ici. A force de croiser des félins d’apparence tranquille, on prend de l’assurance.
Sûrement trop!
On transfere les photos, on remplit le livre d’or du chalet en racontant notre histoire, après avoir lu celle d’une certaine Simba et d’un certain Jipé (en plus, ils se font de la pub pour COW, dans le livre)!
Puis on s’endort, et on rêve de Killie. Je vous avais dit qu’on l’avait appelé Killie, mon Killie ?
Vivement janvier! Pourvu qu’il aille bien, avec sa maman, et qu’on ait le privilège de le revoir!
Je vous glisse 3 photos pour illustrer tout ça. Mais j'en garde un peu sous le coude, faut pô nan plus rêver!
Les 2 premières m'ont demandé pas mal de travail de réglages en post traitement, vu les circonstances. L'aspect un peu "peinture" n'est pas artificiel, les fichiers raw ont déjà cet aspect. Sur la dernière, presque aucun travail!