Je viens de lire "Sapiens", ce best-seller de Yuval Noah Harari, qui raconte l'histoire de l'humanité, et la façon dont la sociologie a remplacé la biologie pour l'étude de cet étrange animal, l'homme, qui détruit son environnement. (Je conseille d'ailleurs ce livre à tous ceux que l'histoire de nos origines fascinent).
Mais ce que je voulais partager avec COW, ce sont justes ces quelques données, glanées dans le premier chapitre:
- Il y a deux millions d'années, il y avait au moins sept espèces d'humains sur terre. Il y a 13.000 ans, avec l'extinction du dernier Homo Florensis, (30.000 ans à peu près après le dernier Néanderthal), l'homo sapiens restait le seul survivant de la famille. De là à se demander si nous avons massacré tous les autres...
- Il a 45.000, Homo sapiens prend pied en Australie. A la même époque, extinction de la mégafaune australienne.
- Il y a 16.000 ans, Homo sapiens arrive en Amérique. A la même époque, extinction de la mégafaune américaine
- Il y a 200 ans, début de la révolution industrielle. Et début de l'extinction massive et irréversible des plantes et des animaux à laquelle nous assistons, pratiquement impuissants.
L'auteur du livre a l'honnêteté de débattre des différentes hypothèses pouvant expliquer les extinctions massives d'Amérique et d'Australie, mais la seule hypothèse qui tienne la route, c'est bien que nos ancêtres (que l'on glorifie souvent d'avoir su vivre "en harmonie avec la nature") y sont pour quelque chose...
A ceux qui se demanderaient pourquoi la même chose n'est pas arrivée en Afrique, les scientifiques ont une réponse: l'homo a évolué en Afrique, au milieu de la mégafaune africaine. Donc les animaux ont eu le temps de s'adapter à la montée en puissance, qui a pris plusieurs millions d'années, de ce nouveau prédateur. En Australie et en Amérique, ils ont été pris par surprise. Il n'ont pas eu le temps d'apprendre à avoir peur, et encore moins évidemment de modifier leur biologie..
Bref, l'extinction massive que nous provoquons actuellement n'est pas un phénomène nouveau. A l'échelle du temps géologique, l'extinction provoquée par l'Homme a commencé il y a quelques milliers d'années. Nous observons seulement une accélération vertigineuse du processus, et nous détruisons maintenant en un an ce qu'il nous fallait 1000 ans ou plus pour détruire autrefois.
Mais ce n'est pas surprenant: cette accélération de la destruction suit juste la même courbe que l'accélération du progrès technique et de la démographie.
Donc, que faire?
Dans le courant de notre vie, nous pouvons retarder les échéances. Et se dire que nos petits-enfants pourront encore voir quelques poches de nature sauvage grâce à nous. Mais le sens de l'histoire est malheureusement clair: dans 1000 ans et plus encore dans 10.000 ans, la Terre sera très probablement dépeuplée de la plupart de ses espèces vivantes actuelles.
La bonne nouvelle, car il y en a une
, c'est que la Terre, ça la fait bien rigoler tout ça. Elle a déjà connu plusieurs extinctions massives au cours des centaines de millions d'années écoulées (la dernière étant celle des dinosaures, il y a 65 millions d'années, avec 50% des espèces vivantes éteintes), et à chaque fois une nouvelle faune, plus belle, plus riche, plus variée, a resurgi. Mais le temps d'attente pour que ça reparte est de quelques dizaines millions d'années... On n'en profitera pas!