Merci Franck. Non rien de génial dans ce dispositif (sinon je ne le dévoilerais pas comme ça
).
C'est vraiment la méthode des essais et des erreurs. Quitte à tout démystifier, je reposte la vidéo qui montre l'affligeant taux de déchet après 5 ans sur le sujet
!
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C'est d'ailleurs ce taux de déchet hallucinant qui fait que l'on voit si peu de photos de passereaux en vol - en particulier en vol de face (beaucoup plus difficile à saisir que le vol de profil qui lui est relativement facile à maîtriser) - et de duels aériens qui sont un peu mes marques de fabrique.
En effet, de prime abord, l'exercice peut paraître presque impossible à réaliser au vu du taux d'échec que l'on obtient au début. Difficile de ne pas perdre tout espoir d'arriver à ses fins quand, sur les 100 premières photos, aucune ne montre le moindre signe d'approcher d'un résultat. Et puis ensuite, si l'on a été persévérant, après les premières réussites plus ou moins fortuites, c'est également un gros investissement en temps si l'on veut aller plus loin et en faire un sujet "récurent" que l'on veut traiter de façon approfondie (varier les attitudes, varier les espèces, ...). Finalement peu de gens disposent de ce temps et de cette envie…
Si j'ose avancer un chiffre, je dirais que l'expérience et les astuces que j'ai décrites m'ont permis de passer d'un taux de succès de l'ordre de :
1 (rafale) sur 500 pour les photos de passereau en vol de face à 1 sur 50.
1 (rafale) sur 50 pour les photos de passereau en vol de profil à 1 sur 5.
Pour donner un ordre d'idée...
C'est un progrès énorme mais cela reste difficile. Les cause d'échecs sont nombreuses :
- Il faut déclencher à temps : inutile de dire que tout cela se passe en une fraction de seconde et il arrive souvent de déclencher à contre-temps (d'où le "mer.." de la vidéo
).
- Malgré la vitesse de la cadence, il est tout à fait possible pour l'oiseau de "passer entre 2 photos" (exemple : il manque la queue sur la photo 1 et sur la photo 2 l'oiseau est déjà posé).
- Plus on veut cadrer serré (ce qui est mon objectif afin que l'oiseau occupe une grosse partie de l'image pour ne pas avoir à trop recadrer en post traitement) plus le risque est élevé de "couper" une partie de l'oiseau. A contrario imaginons que l'on travaille au grand angle pour balayer tout l'espace entre le point de décollage et la mangeoire et l'on serait alors certain d'avoir l'oiseau en vol sur la photo...mais perdu dans limage. Peut-être lorsque les boîtiers feront 100 Mpix…
- Le cadrage peut être ok mais l'oiseau peut être flou. Au 300mm à 4 mètres à f7.1 j'ai 9 cm de profondeur de champ. C'est ridiculement faible comparé aux 10 mètres parcourus par un oiseau en vol chaque seconde ou aux 10 à 15 centimètres de longueur de l'oiseau lui-même. C'est un peu mieux avec le D4 à f18 grâce à la montée en isos qui permet de fermer le diaphragme et donc d'augmenter la profondeur de champ (quand on n'a pas cassé celui-ci
). Il faut aussi prendre en compte le fait que la mangeoire présente une certaine profondeur (de façon à pouvoir accueillir plusieurs individus simultanément et donc favoriser les interactions). Pour la mise au point, ce n'est pas la même chose si l'oiseau atterrit ou décolle à l'avant de la mangeoire ou à l'arrière (la largeur de la mangeoire étant de l'ordre d'une trentaine de centimètres à comparer aux 9 centimètres de profondeur de champ dont je dispose). Donc, contrairement à la théorie évoquée dans mon post précédent, le "point d'arrivée" n'est pas connu de façon précise. Seule l'observation des comportements de chaque espèce et même de chaque individu me permettent de tenter de deviner où l'oiseau va choisir d'atterrir et quand il va décider de décoller (suivant son attitude, suivant son caractère dominant ou non,…).
- Le cadrage et la mise au point peuvent également être mal anticipés du fait que, contrairement à la "droite" évoquée dans le précédent post, la trajectoire de l'oiseau n'est pas toujours rectiligne. Elle peut être courbe, parabolique, plongeante, hyperbolique… et à chaque forme de courbe correspond un plan de netteté et un cadrage idéal différent.
- La photo peut être techniquement bonne mais l'attitude de l'oiseau peut être inexploitable : l'aile de l'oiseau cache sa tête, 2 oiseaux se cachent mutuellement, la mangeoire cache partiellement l'oiseau, l'oiseau est de dos…
Bon et j'ai dû en oublier…
Pour ce qui est des photos de duels aériens, en terme de difficulté, elles se situent entre les 2 exercices décrits précédemment (vol de face et vol de profil). Le plus dur est de déclencher à temps car il y n'y a pas de préavis (sauf pour les Chardonnerets qui, généralement, commencent à babiller méchamment juste avant de se prendre le bec). Mais le principal obstacle vis-à-vis de ce genre de photo est la rareté de ces situations. La plupart du temps, les oiseaux mangent tranquillement chacun de son côté, les plus faibles attendant que les dominants aient quitté la place évitant toute confrontation. En pratique, sur une session de 4 heures d'affût, j'aurai peut être 3 ou 4 jolies confrontations de ce type à pouvoir exploiter : il faut donc être vraiment sur le coup pour déclencher au bon moment. Cela demande une grosse concentration et de bons réflexes ce qui n'est pas toujours facile lorsque l'on est à l'affût depuis déjà quelques heures
Jérôme