L'émotion des éléphants de Hwange.
Comme la plupart d'entres vous, j'avais déjà eu la chance de voir des éléphants en liberté. C'est même le tout premier animal sauvage que j'ai vu en Afrique, à peine entré dans le parc Kruger. C'avait été un sacré choc de voir ce géant que rien ne séparait de moi que la mince tôle de notre petite voiture. Il était loin, en fait, mais comme il m'avait impressionné! Au fil des jours j'en croiserai beaucoup d'autres, mais l'effet de la première surprise étant passé et les rencontres me les présentant uniquement occupé à grignoter, je les trouvais finalement un peu ennuyant. Je savais pourtant qu'ils fascinaient beaucoup de monde, mais je ne comprenais pas bien pourquoi.
L'envie de voir les félins nous a entraîné au fil des ans, Vahi et moi, vers les sables du Kalahari. Dans ces régions semi arides, ces placides animaux sont absents, et ils occupaient bien peu mes pensées. Vint le visite du parc Hwange, au zimbabwe. Dans ce grand parc aux touristes rares, les éléphants sont, eux, très nombreux, et les occasions de les observer dans des situations diverses très courantes. Là j'ai compris pourquoi ils peuvent tant fasciner!
Un soir, nous empruntons une petite piste qui longe la retenue d'eau de Mondavu. On y voit, tous les après midi, des groupes d'éléphants assoiffés franchir d'une course lente mais comme désespérée, les derniers mètres qui les séparent de l'eau salvatrice. Ils balancent alors leur lourde tète d'un coté à l'autre sous l'effort à fournir. Ils savent qu'au bout, un doux bain de pieds va les récompenser, accompagné des longues rasades du frais liquide. Nous avançons donc prudemment sur cette piste étroite bordés d'arbres aux feuilles rares, d'ou ils peuvent surgir par surprise. Soudain, nous faisant face à une cinquantaine de mètres, se présente un beau male. Il semble paisible et continue son "4 heures", mais on sent bien qu'il nous a à l'œil. Nous décidons de nous rapprocher doucement. Après quelques mètres nous sentons que notre progression le perturbe, et il s'éloigne un peu, tout en se retournant pour nous surveiller. Nous avançons encore un peu, au même rythme que lui. Il se retourne alors et s'arrête. Nous l'imitons. Il nous fait face mais ne semble pas menaçant. De sa longue trompe, il ramasse un petit morceau de bois et le jette dans notre direction. Ca alors! Un hasard, ou vraiment un message à notre égard? Nous avançons très doucement de quelques mètres supplémentaires, concentrés sur son attitude. On sent que cela ne lui plait pas et il ramasse de nouveau le bout de bois pour le renvoyer ostensiblement, mais sans agressivité, dans notre direction. Le doute ne nous parait plus permis, c'est bien un message clair qu'il nous adresse! Nous faisons marche arrière mais la piste est tortueuse et je butte très rapidement contre un arbre, coincé. Visiblement ce bref repli suffit pourtant à le rassurer quant à nos intentions. Il s'éloigne doucement, s'assurant de temps en temps que nous ne le suivons plus. Je suis tout secoué! Un éléphant a communiqué de façon élaboré avec nous!
Autre soir, autre point d'eau, Jambile, désert celui-ci. Nous espérons que quelqu'un voudra bien se montrer. A quelques centaines de mètres un groupe de très jeunes éléphants accompagnés de quelques ados surgit de la foret. Ils marquent le pas quelques instants, puis avancent perpendiculairement au point d'eau, ce qui nous surprend. Ne sont ils pas venu dans le secteur pour se désaltérer? S'ils continuent sans dévier, il déboucheront à une centaine de mètres derrière notre voiture. Nous ne comprenons pas leur intention, et nous demandons pourquoi ils sont sans adultes. Ils poursuivent doucement leur chemin, infléchissant légèrement leur course qui les éloigne un peu plus de nous. A l'orée de la forêt apparaît alors un adulte de taille imposante. Nous sommes rassurés, ils ne sont pas perdus. Cependant, l'adulte s'est immobilisé, alors que nous perdons de vue le petit groupes de jeunes qui a dépassé l'arrière du véhicule et semble vouloir poursuivre en s'éloignant, sans que nous puissions les voir à cause d'un gros buisson. Nous observons l'adulte, puisque seul celui-ci reste visible. Pourtant un mouvement sur l'arrière attire notre attention. Tout le petit groupe de bébés et d’ados s'est rapproché au couvert du gros buisson, et nous observe timidement, trompes en l'air pour nous humer en même temps. Ils sont tendrement comiques, ces petits dont la curiosité les a poussé à braver leur peur pour venir nous voir, mais pas de trop près quand même, sous la protection du gros buisson! Cette situation durera quelques minutes pendant lesquels nous serons aux anges, tellement ils semblent timides et malicieux, serrés les uns contre les autres. L'adulte reste au loin, toujours immobile, mais on imagine que lui aussi, nous observe, prêt à intervenir si nous devenions menaçant. Se peut-il qu'il ait volontairement laissé les petits tenter leur propre expérience avec nous, restant le plus possible en retrait, mais en alerte? Il nous plait de le croire!
Le matin nous ne croisons pratiquement jamais les éléphants. Fin mai en Afrique australe il commence à faire frisquet la nuit, et nous imaginons que les animaux recherchent la protection des forêts contre le petit vent froid. La température monte en cours de journée, il fait dans les 25 degrés vers midi, encore un peu plus en milieu d'après midi, heure à laquelle les premiers éléphants déboulent systématiquement pour se rafraîchir. Nous sommes à la retenu de Masuma, et les groupes se succèdent presque sans discontinuer. Autant les éléphants qui mangent sont très calmes, autant les rencontres au point d'eau sont l'occasion d'activité presque fébriles. Ce ne sont que "splashes" dans l'eau, courses effrénées (pour un éléphant!), barrissements puissants, ronronnements graves... les touts petits restent protégés dans les pattes des grands, les imitent maladroitement. Nous avons peur puis éclatons de rire alors que l'un d'entre eu n'a pas réalisé qu'il se rapprochait trop d'un crocodile immobile. Il se met à pousser un véritable petit cri d'effroi tout en s'écartant au plus vite à pas chassés, tandis que le croco se contorsionne à toute vitesse pour plonger dans l'eau! Un autre à peine plus vieux joue les gros bras et s'évertue à chasser un groupe de babouins, trompe en l'air, également à pas chassés si maladroits qu'on se demande s'il ne va pas trébucher. Certains mal polis se mettent la trompe dans oreille! 2 adultes semblent tomber dans les bras l'un de l'autre. Ils croisent les défenses et leur trompes se chevauchent. Ils restent ainsi immobile plusieurs minutes, c'est très émouvant, et on imagine qu'il s'agit de retrouvailles, ou peut-être d'un adieu? D'autres prennent un bain, se poudre ensuite de terre rouge, alors que 2 bébés jouent et que l'un d'eux fait un roulé boulé digne d'un acrobate! Plus tard, 2 adultes de taille imposante se jaugent, puis l'un poursuit l'autre qui fuit aussi vite qu'il le peut, ce qui les rend très comiques, tant leurs oreilles tressautent sous leurs petits pas rapides! La nuit tombe vers 18h30, mais, alors que nous sommes couché, nous les entendrons encore s'agiter bruyamment jusque tard dans la nuit, probablement 2 ou 3 heures du matin. A l'aube, plus rien ne laisse imaginer toute cette activité, le point d'eau est désert et immobile. Bientôt, les premiers zèbres, impalas, kudus et water bucks viendrons timidement occuper la place libérée...
Moi, j'ai hâte que le soir revienne, car cette fois-ci je suis tombé amoureux des éléphants!
On approche de l'apéro...
1.
On court sur les derniers mètres...
2.
Le soir c'est bon de trainasser au bord de l'eau...
On reste près de maman...
3.
On joue...
4.
On se chamaille...
5.
On s’énerve même parfois...
6.
On se retrouve ou on se dit adieu...
7.
On se poudre...
8.
On reste en groupe...
9.
On traîne encore...
10.
Puis on s'éloigne...
11.