L'apprentissage de la chasse ou de la mise à mort (ratée) pour ces jeunes lions, non ?
as tu eu plus d'informations sur ce comportement ?
Ramener une proie vivante et la libérer devant ses jeunes est un comportement habituel chez le chat domestique. HandBook of the Mammales of the World (très mal nommé car il est loin de tenir dans la main vu son poids) précise que chez le Guépard, la femelle relâche ainsi 1/3 de ses captures devant ses jeunes lorsque ceux-ci ont entre 5 à 7 mois.
Rien de spécifique n'est mentionné concernant le Lion. Il est néanmoins indiqué que ce type de comportement est rarement vu chez les félins dans la nature (en dehors du Guépard) du fait de la difficulté d'observation (tout en laissant supposer qu'il est susceptible de se produire).
Il semblerait que les lions avaient déjà ripaillé avant, vu les panses rebondies et le sang sur le museau d'une des femelle. Ceci explique peut être cela
Bien observé ! On peut supposer que ce comportement ne peut apparaître que lorsque les conditions de nourrissage sont favorables. Peut-être que cela ne peut se produire qu'ici et maintenant : à Masaï Mara en période de migration alors que les proies sont innombrables. En temps de disette, il serait dangereux de prendre le risque de voir la proie s'échapper faute de l'avoir mise à mort rapidement. Mais ici quand on prend tous les ingrédients de la scène en compte il semble bien que l'on ait affaire à une séance d'entraînement pour les jeunes :
- la scène dure plus de 30 minutes , si l'abandon de la proie était dû à la lassitude du fait de l'abondance de nourriture on ne voit pas pourquoi les lionnes se seraient fatiguées durant tout ce temps
- la participation des jeunes est claire même si leurs tentatives semblent timides et maladroites
- le cercle formé autour de la proie est sans doute l'apprentissage de la chasse coopérative
- les femelles restent sur le coup : les adultes dans ce type de situation (cf le même comportement chez le Guépard) veillent à ce que la proie ne s'échappe pas
- à 2 reprises les lionnes ont mis le Gnou à terre, sans le tuer, puis l'ont laissé aux bons soins de leur progéniture. Pourquoi se donner du mal pendant tout ce temps et abandonner la proie ? Cela me rappelle le "Vous pouvez refermer" du chirurgien à ses assistants à la fin de l'opération : l'essentiel du travail est fait ; aux jeunes maintenant de se faire la main
Bien sûr il y a peut-être une grande part de jeu dans tout cela mais le jeu fait partie intégrante de l'apprentissage de la chasse chez le lion.
D'autres témoignages des Cowpains sur ce comportement sont les bien venus.
J'ai préféré ce titre au plus évident "Le retour des morts-vivants" qui aurait été moins flatteur
. Le destin de ce Gnou est fabuleux si l'on se met dans la peau du Gnou moyen. Et si l'on fait un peu d'anthropomorphisme, on devient une légende ou un prophète pour moins que ça chez les humains...
Pour être plus sérieux, je dois dire qu'en dépit des scènes de crossing un peu folles qui valent généralement aux Gnous bien des sarcasmes, je trouve que cette espèce a beaucoup plus de qualités qu'il lui en est généralement accordées. Après ce séjour riche en observations, le Gnou est fortement remonté dans mon estime :
- il est très courageux : il fait front à ses ennemis
- il est persévérant : ses affrontements avec ses prédateurs peuvent durer plusieurs dizaines de minutes et le Gnou combat toujours
- il est extrêmement résistant : comment n'y a-t-il pas plus de casse lors de ces plongeons ou chutes de plus de 5 mètres de haut lors des sauts depuis les berges
- il est sociable et apprécie la compagnie de ses congénères ; il est prêt d'ailleurs à des comportements étonnants et parfois incompréhensibles pour conserver l'unité du groupe
- il a des capacités quasi-mystiques pour ce qui est de trouver les pâturages appropriés - pour un herbivore c'est le principal problème à résoudre et l'on peut dire que dans ce domaine le Gnou n'est pas un benêt mais au contraire un surdoué.
Je pense qu'il mérite d'être réhabilité
Jérôme