Bonjour Jérôme,
Peux tu en dire un peu plus sur le logiciel employé par Peter Gaal?
J'ai pour ma part Camera Control Pro 2 mais il ne fonctionne qu'avec un câble usb, je suis donc limité en distance, je serais curieux de savoir ce qu'il emploie...
Oui il me semble bien qu'il s'agit de Camera Control Pro. Il semble compatible Wifi. Il faut bien sûr acquérir le Système de communication sans fil WT-4.
Ce n'est d'ailleurs pas toujours la panacée. La liaison a tendance à s'interrompre sans raison (pourtant on est à peine à 15 mètres de distance) et il faut alors déclencher à l'aveugle et renoncer à modifier les paramètres. De plus, le retour de l'image en wifi induit un temps de latence qui est assez pénible surtout lorsque l'on déclenche en rafale et que la scène est fugitive
. La moitié des clichés de Peter ont été pris finalement sans le relais de l'ordinateur (le boîtier était positionné de telle sorte que Peter pouvait déclencher à vue en cas de défaillance). Le même type de désagrément s'était d'ailleurs produit dans des circonstances analogues en juin dernier en Hongrie lorsque j'avais partagé un affût avec Bence qui utilisait le même type de système pour photographier des Hérons au fish eye :
http://www.colorsofwildlife.net/forum/index.php/topic,14999.60.htmlSeconde surprise : le grand Hocco
Un des oiseaux mythiques de la rainforest : le Great Curassow (Crax rubra). On l'annonçait comme possible à la Forest Tower. Effectivement j'ai pu l'entendre et même l'apercevoir mais toujours au pied de la tour. Et pour cause : il est essentiellement terrestre. C'est un oiseau volumineux (jusqu'à 90 cm de long pour 5 kg !). Je désespérais de réussir une photo jusqu'aux derniers jours où il a bien voulu se poser, lourdement, sur une branche bien en vue. Très impressionnant à seulement 5 mètres de distance
.
J'ai même pu photographier 2 individus différents. On pourrait penser au mâle et à la femelle mais il s'agit en fait de 2 femelles de morphes (ou phases) différents (il y a en fait 3 morphes différents pour la femelle, ce qui est assez unique !). Les meilleures chances pour l'apercevoir se situaient tôt le matin ou tard le soir dans des conditions de lumières épouvantables.
La photo du morphe "barré" (photo 136) a été prise en lumière naturelle. Les photos du morphe "brun" (photos 137 et 138) ont été prises au flash. Pour les photos au flash, donc fenêtre ouverte, j'ai dû prendre d'infinies précautions afin de ne pas effaroucher l'oiseau. D'abord il fallait que je sois seul car à plusieurs on génère inévitablement trop de bruit pour tenter cette expérience. La glace sans tain ne me protégeant plus, j'ai également revêtu gant et cagoule de camouflage de façon à ne pas être visible pour l'oiseau (il faut masquer les zones claires de la peau pour espérer ne pas être repéré). Et puis je suis resté figé sans bouger pour toute la durée de l'affût car le moindre mouvement risquait de provoquer un bruit parasite susceptible de me faire repérer. J'ai finalement eu beaucoup de chance. D'abord de pouvoir observer cet oiseau assez impressionnant et puis de réussir quelques photos potables malgré les conditions de lumières calamiteuses.
136 - Morphe barré photo en lumière ambiante
137 - Morphe brun au flash
138 - Morphe brun au flash
Voila pour la Forest Tower. J'ai quelques photos de Toucans et autres "banalités"
déjà vues. Je vous les épargne car elles restent moins bonnes que celles déjà présentées plus haut.
Pour rester dans la forêt mais cette fois au raz du sol, une autre expérience métaphysique : la rencontre avec...les fourmis champignonnistes.
Un "Topic" (expression de Bence pour désigner les scènes intéressantes) qui semblait exciter beaucoup Bence et qui a priori ne me passionnait pas plus que ça. Mais je me suis pris au jeu et finalement beaucoup amusé. Surtout pour le côté cocasse de la prise de vue. Les fourmis étant plus actives la nuit que le jour, ma première séance s'est déroulée à 9 heures du soir. Le groupe de Hongrois étant un peu inquiet par cette sortie nocturne ils m'ont lâché et c'est tout seul que je me suis retrouvé à ramper, dans l'obscurité, au milieu de la rainforest. Ben oui, il faut bien se mettre à la hauteur du sujet...Peut-être un peu inconscient ou plutôt tentant d'ignorer les 3000 espèces animales susceptibles de venir me renifler, mordre ou piquer. De toute façon j'étais trop concentré à essayer d'obtenir un éclairage correct. Pas facile. Après quelques clichés vraiment très mal exposés j'ai fini par trouver les réglages corrects. Pas totalement évident car il m'a fallu ré-apprivoiser mon système R1C1 (éclairage multi-flash disposé sur/autour de l'objectif) que je n'avais pas utilisé depuis au moins 2 ans. J'ai ensuite suivi les conseils que m'avait prodigué Bence en utilisant un des flashs de trois-quarts face et créer ainsi un contrejour et un effet de transparence. Pas de comparaison au niveau du rendu. Ci-dessous un exemple avec/sans effet de contrejour. Sans contrejour la lumière est vraiment plate. Avec, c'est beaucoup plus modelé, on distingue les pilosités, les nervures de la feuille, on a beaucoup plus de nuances et de relief.
139 - R1C1 (3 flash) en frontal
140 - R1C 2 flash en frontal et 1 flash en backlight
Quelques situations cocasses avec :
Le passager clandestin
141 -
Le bûcheron
142 -
Recto/verso
143 -
Les Fourmis champignonnistes (ou "fourmi coupeuses de feuilles" en anglais : leaf-cutter ant) découpent puis transportent les feuilles et autres débris végétaux pour les entasser dans leur nid. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer : ce n'est pas pour les consommer. Enfin, pas directement. En fait, la décomposition de ces matières végétales provoque le développement rapide de champignons et ce sont ces champignons qui serviront de nourriture aux Fourmis. Incroyable : les fourmis ont inventé la culture du champignon
144 - Aussi appelée : "Fourmi parasol"
145 -
Une expérience intéressante à tous points de vue qui m'a quand même valu quelques centaines de piqûres de moustiques et des jambes méconnaissables le lendemain
.
Jérôme