Dimanche 2 mars : Masaï Mara-Nairobi-Sangare tented camp
Levée 6h30. La nuit a été aussi fraiche que les précédentes. Les chiens ont encore passablement aboyés toute la nuit et ce matin c’est un âne qui m’a réveillé en poussant un hi-han assourdissant.
Je me prépare et commence à emballer toutes mes affaires, je secoue toute la literie et soulève le matelas pour être sure de ne rien oublier dans la tente, trois jours c’est le temps qu’il me faut pour commencer à mettre le b….l quelque part quand je ne fais pas attention.
Pendant ce temps j’entends l’eau couler au robinet proche de la tente, c’est Edward qui rempli un seau pour commencer le nettoyage du bus.
7h Joseph m’appelle pour le breakfast, ce matin question lest, je suis servie, Omelette, beans à la sauce tomate, patates douces, toast, fruits et trois crêpes. Et non une fois de plus je n’ai pas fini mon assiette, je ne suis pas Big John, moi.
Tiens il apparaît enfin après sa douche matinale, il à l’air de meilleure humeur.
Je fais mes adieux à Jane et à Edward le gardien de nuit.
Il est 7h45 quand nous franchissons pour la dernière fois la Gate de la Talek river, avec notre traditionnel quart d’heure de retard sur l’horaire prévu.
Nous roulons assez rapidement sur une des pistes principales pour rejoindre la Sekenani Gate par laquelle nous allons quitter le Mara pour gagner Nairobi dans un premier temps, avant de poursuivre pour Nyeri et les Aberdares.
Nous filons à travers la plaine, quelques impalas, quelques Thomson en train de nous saluer de leur petites queues toujours en mouvement, une famille de phacochères affolés par notre passage rapide et qui s’enfuient l’un derrière l’autre la queue dressée comme un étendard.
Au loin sur la ligne d’horizon se détache un groupe d’éléphants, et un acacia solitaire qui reste pour moi l’emblème du Masai Mara.
Je me gave de tous ces instants, de toutes ces images, je me rempli l’âme et le cœur de toutes ces sensations et de toutes ces visions, la plaine ondulante à l’infini, le ciel parsemé de cumulus, les pistes rouges, l’herbe verte, l’éclair roux des impalas, plus doré des thomies.
Je me souviens en un éclair, des premiers éléphants il y a 4 jours seulement, du premier rhino, des premières girafes, gazelles, antilopes. Je me souviens de la masse sombre et imposante des premiers buffles, je me souviens de la femelle guépard encore essoufflée après la chasse, je me souviens de la gueule ensanglantée de ses deux petits, je me souviens des premiers lions, des grues couronnées, des hippos, des éléphants se roulant dans la boue, des trois guépards fendant l’herbe de la prairie et des trois lionnes juste après, le serval chassant à proximité, les lionceaux réfugiés dans les buissons, les jeunes waterbucks qui tètent…
Tant d’images différentes, de bruits et d’odeurs différentes, petit-déjeuner ou lunch sous un acacia au milieu du Mara.
Tant et tant de souvenirs accumulés en un si court laps de temps. Mais pas le temps pour moi d'avoir des regrets de quitter cet endroit merveilleux, déjà je ressens l’attrait du nord, le Samburu c’est pour demain soir.
Nous arrivons à la Gate principale de Masaï Mara, pendant que John rempli les dernières formalités pour la sortie, le bus est assailli par des femmes masaïs qui veulent me vendre à tout prix colifichets, masques de bois, couvertures rouges… Pas cher bien évidement.
La Gate est franchie.
Nous empruntons la piste poussiéreuse et défoncée qui va nous rapprocher de Nairobi. Elle est bordée de quelques villages masaïs blottis derrière leurs haies d’épineux.
Les troupeaux commencent à quitter leurs enclos où ils sont parqués la nuit à l’abri des prédateurs, pour gagner les points d’eau et les pâturages.
Et mon œil ébloui capture de nouveau tout une succession de scènes de la vie africaine qui semble se concentrer aux abords des pistes.
Petit groupe d’enfants assis dans la poussière.
Jeunes gardiens de chèvres et de moutons.
Hommes drapés dans leurs couvertures rouges, menant les vaches, veaux et taureaux au point d’eau.
Un troupeau de chèvres et de moutons insouciants, s’éparpille soudain devant le bus.
Des pintades communes refusent de laisser le passage et finissent par s’envoler toutes affolées au dernier moment.
Encore quelques troupeaux éloignés de gazelles et de zèbres.
Des femmes masaïs aux vêtements colorés, assises au bord de la piste, leurs bijoux scintillants dans le soleil.
Des femmes et des enfants allant ou revenant du point d’eau, un bidon pendant dans leur dos, porté grâce à un lien qui ceint leur front.
Même système pour porter une caisse de coca.
Une femme se penche en avant pour prendre une charge, le bébé attaché dans son dos suit le mouvement.
Un grand frère tient la main d’un plus petit et nous salue à notre passage.
Un petit gardien de troupeau court jusqu’à la piste et nous adresse le même salut.
Une grande sœur, peut être 7-8 ans porte attachée dans son dos un "bébé" presque aussi grand qu’elle.
Et toujours les écarts de conduites de John, il est censé conduire à gauche mais il roule le plus souvent à droite, ce côté ci semblant meilleur. Une voiture, un camion arrive en face pas de problème on se rabat sur la gauche en ralentissant fortement car tout à coup en passant dans le nuage de poussière on ne voit plus rien.
Nous quittons la piste pour une portion de route goudronnée, en route pour Narok dans un premier temps.
Traversée de villages dont les maisons aux couleurs vives sont porteuses de messages publicitaires.
Je me souviens des maisons vertes pour l’opérateur téléphonique Safaricom, en jaune pour la bière Tusker, en bleu et rouge pour une entreprise qui vent des produits agrochimiques.
Un âne, deux ânes attelés à une charrette un homme assis ou debout les conduisant à l’aide d’une baguette.
Un âne attelé, un deuxième plus petit attaché à côté qui fait quelques écarts, c’est un ânon, il ne tire pas encore, il apprend le métier au côté de sa mère.
Et la vie de l’Afrique continue au bord de la route.
Un homme lave son vélo dans un cour d’eau.
Un homme aidé d’une vache laboure son terrain.
D’autres sont assis à l’ombre d’un acacia.
Un camion en panne au bord de la route.
Un vendeur d’épis de mais grillés au feu de bois.
Un vélo, un cycliste entouré par la poussière ou par le nuage de gasoil noir qui s’échappe du pot d’un camion peinant dans la monté.
Entrée dans Narok, arrêt à la station service, John nous laisse en pose un petit moment, j’en profite pour acheter deux trois cartes postales.
Puis comme l’attente se prolonge je me décide à prendre un café, que l’on me sert dans un verre en sagex.
Heureusement, car John revient et l’on repart.
J’ai juste oublié que la route qui traverse Narok est complètement défoncée, ce qui fait qu’au bout de quelques mètres, je me suis déjà copieusement arrosée avec mon café brulant. Pas grave ça va coller la poussière sur le pantalon et le t-shirt.
Anarchie complète en centre ville, troupeaux, piétons dans tous les sens, marchés dans les rues adjacentes. Camions brinquebalants d’un bord à l’autre de la route, matatus bondés, bus surchargés.
Sortie de Narok, un panneau incite à ralentir à 30km/h car si on ne l’avait pas encore remarqué "road under construction", la bonne blague. Le bitume, quand il en reste, est complètement défoncé, les bas côtés en latérite sont meilleurs, tout le monde les empruntent.
Nombreux contrôles de police, mais John n’est pas arrêté donc il slalome entre les herses.
Montée sur les bords de la Rift Valley, des sportifs à VTT, certainement des professionnels vu le matériel, grimpent en danseuse.
Les camions s’essoufflent et crache de plus en plus noir, les matatus peinent aussi.
John double dès qu’il le peut sans s’occuper, comme les autres, du marquage au sol, quand il existe.
Moi je croyais innocemment, qu’une ligne jaune continue signifiait "interdiction de doubler" que ce soit à la montée comme à la descente.
Et bien il semble que NON. En montée, dans un virage, sans visibilité parfois trois ou quatre véhicules les uns à la suite des autres, tout le monde double.
Nous repassons sans nous arrêter devant les curios shops de la Rift Valley, couvertures masaïs, sculptures sur bois, bimbeloteries clinquantes prennent la poussière.
C’est en traversant les villages depuis un petit moment, que je réalise que nous sommes dimanche.
Les gens bien habillés sortent de la messe. Costume- cravate, pour monsieur, joli tailleur coloré, sac à main et chaussures à talon pour madame, souliers à boucles, robe blanche à volant et chaussettes blanches pour mademoiselle.
Puis c’est l’approche de Nairobi, par un faubourg riche, beaucoup de fleurs, hibiscus, flamboyants, bougainvilliers. Grandes maisons blotties dans des jardins se protégeant derrières des murs surmontés de barbelés, agents de sécurité en grand nombre. C’est le quartier des maisons privées des ambassadeurs…
Vers 13h nous nous arrêtons dans un resto qui propose notamment du poulet grillé, frites.
John me demande si ça me va, alors Ok pour un poulet-frites.
J’étudie le menu, la portion de frite est à 100sh, le poulet entier est à 500sh et le coca 60sh, les beignets, 20sh les deux.
Avec Joseph on reste encore un moment à table car John est venu nous avertir que l’on avait une roue à plat.
On est à l’abri de soleil, mais il fait relativement chaud, et puis c’est très bruyant, bien qu’il n’y ait pas grand monde, musique à fond et télévision. Vivement que l’on quitte la civilisation.
Et le contournement de Nairobi reprend dans le vacarme des klaxons, marchés, matatus, bus violet ou orange. Pollution. Piétons qui traversent nonchalamment la circulation en folie. Une famille les parents et deux jeunes enfants, attendent patiemment un ralentissement dans la circulation, pour pouvoir traverser.
Enfin, nous nous éloignons de Nairobi, mais la circulation reste dense. La 2X2 voies cède la place à une route à 2 voies.
A peine 45mn après notre départ, nous crevons une nouvelle fois.
John s’arrête sur le bas côté droit, à l’ombre d’un arbre, et je descends m’asseoir sur le talus pendant qu’il change la roue avant droite, avec l’aide de Joseph.
La circulation un peu moins dense secoue le bus à chaque passage.
Un matatu arrive, je n’en crois pas mes yeux, un énorme poisson est suspendu à l’avant.
Nous repartons, si mon compte est bon nous en sommes maintenant à trois crevaisons.
Toujours beaucoup de monde au bord de la route.
Deux hommes en costume et cravate noir, chemise blanche circule à deux sur un vélo, dans un nuage de poussière rouge.
Un homme avec deux poules vivantes sous le bras.
Un autre se retourne vers la route en remontant sa braguette de pantalon.
Une famille est allongée sur une couverture dans un fossé en bordure de route.
Un vélo, un enfant sur le porte bagage avant, un homme pédalant et un énorme régime de banane sur le porte bagage arrière suivi par couple aussi sur un vélo, madame en amazone derrière monsieur.
Pour les indications kilométriques, suivre les pubs coca cola.
Victory in Jesus, sur les murs d’une église en tôle.
D’immenses panneaux proclament "Président Mwai Kibaki for peace and developpement for all kenyans"
Traversée de Karatina, marché, foule, poussière, petites échoppes présentant des fruits, mangues, bananes, ananas…
Encore et encore les scènes de la vie quotidiennes se déroulent sous mes yeux.
Nyéri, juste après la ville nous bifurquons à gauche sur une piste défoncée, j‘ai juste le temps de voir le panneau Sangare tented camp 9,5kms. Il est 16h.
Oh joie ! Nous approchons enfin de mon lieu d’étape pour la soirée et la matinée de demain.
On passe une porte que nous ouvre un gardien, encore quelques kms de pistes qui serpentent entre des buissons, un endroit dégagé, quelques thomies, impalas, un beau point de vue sur le lointain sommet enneigé du Mont Kenya qui apparaît entre les nuages.
Une dernière descente, un marigot verdoyant où j’aperçois quelques ouettes d’Egypte et puis l’on franchit un porche inachevé et j’arrive au paradis.
Un lac, une multitude d’oiseaux et le calme. Un accueil très chaleureux de la part du staff de ce camp de luxe.
Serviettes humides, pour nous débarrasser de la poussière de la journée, un vers de jus d’ananas bien frais pour étancher notre soif.
Présentation du staff, puis l’on m’accompagne à une table ombragée d’un parasol, pour remplir les formalités. On me ressert un jus d’ananas bien frais et on m'informe sur les consignes de sécurité du camp.
La manager a un accent anglais que je comprends relativement bien, par rapport à mes deux compères qui mange la moitié des mots.
Elle m’explique que l’électricité est fournie par des panneaux solaires, et que ce serait bien de ma part que je pense à éteindre la lumière quand je n’en ai pas besoin, pas de problème.
L’eau chaude pour la douche est à volonté, mais quand même soumise à certains horaires, pas de problème.
Comme il fait frais on apportera une bouteille d’eau chaude dans ma tente pendant que je souperais, pas de problème. Heu si pour quoi une bouteille d’eau chaude pour la nuit ? Pour le thé matinal ? Me voilà démasquée, quand la conversation sort légèrement de ses rails, je n’en comprends plus le sens. Alors elle me répète qu’une bouteille d’eau chaude me sera amenée parce qu’il fait froid la nuit, oui là j’ai bien compris, pour le thé ? Non pour le lit, pour le lit ? Soudain la lumière se fait à l’étage des neurones, mais bien sure une bouillote.
Grand sourire de part et d’autre, j’ai compris.
On me demande aussi de choisir mon menu pour ce soir et si 19h30 me convient comme horaire pour souper, pas de problème ça me va.
Alors comme la nuit sera tombée on me prie de ne pas quitter ma tente on viendra me chercher et on me raccompagnera après le souper. Pas de problème.
D’un œil je suis l’évolution d’une colonie de tisserins en plein travail, je me réjouis des photos que je vais pouvoir faire ici.
Et puis on m’accompagne à ma "tente" Ouah, Ouah, Ouah !!!!!
Le nom de ma tente est "mararal", c’est grandiose.
Vaste tente avec large terrasse ombragée, une table basse, deux fauteuils, vue sur le lac. A l’intérieur deux lits queensize me tendent les bras, lequel vais- je choisir ? Le reste de l’ameublement comprend deux poufs, une penderie, une coiffeuse, une autre table basse avec deux chaise, et au fond de la tente séparé par un épais rideau un coin WC, un coin lavabo, et un coin douche, le tout carrelé et d’une propreté impeccable.
la chaudière
La salle à manger
La vue sur le lac