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« le: 04 Juillet 2006 à 13:50:44 » |
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Source : IRD, le 04/07/2006 à 10h33
"La borréliose, maladie transmise à l’homme par une tique, est responsable de fièvres récurrentes dans plusieurs régions d’Afrique. Des chercheurs de l’IRD ont suivi l’évolution de la maladie en Afrique de l’Ouest de 1990 à 2005 et ont mesuré pour la première fois son incidence dans une population rurale africaine. Sous l’effet de la persistance de la sècheresse, la tique s’est propagée hors de la zone sahélienne et a colonisé les terriers de rongeurs dans la plupart des villages du Sénégal, du Mali et de Mauritanie.
Tique Ornithodoros sonrai, vecteur de la borréliose. La borréliose à tiques est une maladie due à des bactéries du genre Borrelia dont deux sont rencontrées en Afrique tropicale : Borrelia crocidurae en zone saharienne et sahélienne, Borrelia duttoni en Afrique de l'Est.
L’incidence de la maladie est particulièrement élevée : selon les années, de 4% à 25% de la population étudiée a présenté une borréliose. Sur une période de 14 ans, l’incidence annuelle moyenne a été de 11%, ce qui constitue le taux le plus élevé observé en Afrique pour une maladie bactérienne. Les mêmes personnes peuvent présenter de nombreuses fois la maladie en raison de la capacité de la bactérie à déjouer le système immunitaire de l’homme. Malgré son importance, la borréliose est restée méconnue car cette maladie est systématiquement confondue avec le paludisme qui présente les mêmes signes cliniques et qui sévit dans les mêmes populations.
La borréliose à tiques est une maladie due à des bactéries du genre Borrelia dont deux sont rencontrées en Afrique tropicale : Borrelia crocidurae en zone saharienne et sahélienne, Borrelia duttoni en Afrique de l’Est. Cette affection provoque des fièvres récurrentes au long cours pouvant entraîner des méningoencéphalites graves et parfois la mort des patients. En Afrique de l’Ouest, le vecteur de la transmission à l’homme de Borrelia crocidurae est la tique Ornithodoros sonrai, qui vit en contact étroit avec les petits rongeurs sauvages dont elle habite les terriers. Cette maladie était considérée comme rare jusqu’à la fin des années 1980 quand une équipe de chercheurs de l’IRD à montré qu’en zone rurale dans la région de Dakar la borréliose à tiques était, après le paludisme, la cause la plus réquente de consultation des patients en dispensaire.
Recherche du vecteur de la borréliose. Les chercheurs ont dénombré tous les terriers présents dans les maisons et dans les cours des concessions. De même, ils ont recherché la présence de tiques ainsi que leur taux d'infection par la bactérie et ont capturé des rongeurs et des insectivores afin d'étudier le réservoir de la bactérie.
Depuis 1990, l’IRD a débuté un vaste programme de recherche sur cette maladie, d’abord au Sénégal, puis dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, ces travaux ont montré que la tique avait colonisé les régions de savane soudanienne et que l’extension de la maladie était étroitement associée au recul de la pluviométrie moyenne depuis le début de la sécheresse en 1970. La progression de la borréliose a alors incité l’équipe de recherche à approfondir les recherches épidémiologiques et à étudier les tendances sur le long terme de la maladie,en mesurant pendant 14 ans l’évolution de l’incidence de cette affection dans une communauté rurale du Sénégal qui était l’objet d’une surveillance démographique et de santé continue mené conjointement par l’IRD, l’Institut Pasteur et l’Université de Dakar.
De 1990 à 2003, les chercheurs ont étudié la population de Dielmo, un village de savane soudanienne dans la région du Sine-Saloum au Sénégal, afin de mesurer la fréquence et de décrire les manifestations cliniques du paludisme, de la borréliose à tiques et des fièvres non associées à ces maladies. L’équipe de recherche a résidé en permanence dans le village afin de rendre visite quotidiennement à chaque villageois. Des examens médicaux et des tests biologiques ont été effectués systématiquement en cas de fièvre ou d’autres symptômes évoquant la maladie. Chez les personnes sans symptôme, la présence de Borrelia crocidurae était également recherchée au moins une fois par an. Les chercheurs ont dénombré tous les terriers présents dans les maisons et dans les cours des concessions. De même, ils ont recherché la présence de tiques ainsi que leur taux d’infection par la bactérie et ont capturé des rongeurs et des insectivores afin d’étudier le réservoir de la bactérie.
Sur l’ensemble de la période d’étude, 11 % de la population en moyenne a souffert chaque année de la borréliose, ce qui représente un niveau d’incidence exceptionnel pour une maladie quelle qu’en soit la cause. Seul le paludisme, pour les maladies parasitaires et dans une moindre mesure, la grippe pour les maladies virales, sont connus dans le monde pour pouvoir présenter des niveaux d’incidence comparables sur une aussi longue période. Dans la population étudiée, la borréliose, principale cause de maladie après le paludisme, a atteint tous les groupes d’âge.
Aspiration du contenu d'un terrier. En Afrique de l'Ouest, le vecteur de la transmission à l'homme de Borrelia crocidurae est la tique Ornithodoros sonrai, qui vit en contact étroit avec les petits rongeurs sauvages dont elle habite les terriers.
Les chercheurs de l’IRD ont alors entrepris des prospections systématiques au Sénégal, au Mali et en Mauritanie afin de préciser la répartition géographique de la tique, mesurer le taux d’infection sur l’ensemble de son aire de répartition et établir la proportion de villages concernés par la maladie. Les résultats montrent que le vecteur est massivement présent dans ces trois pays partout où la pluviométrie moyenne est inférieure à 750 mm. Sur 30 villages étudiés, 26 (87 %) étaient colonisés par la tique qui se trouvait en moyenne dans 31 % des terriers présents dans les villages avec un taux d’infection par Borrelia crocidurae de 21 %. Dans les deux tiers des villages étudiés, le niveau d’exposition des habitants à la borréliose était même supérieur à celui des villageois de Dielmo. C’est dans la plupart des régions rurales du Sénégal et du Mali et dans l’ensemble de la Mauritanie que la borréliose constitue un problème majeur de santé publique.
Paradoxalement, cette maladie émergente, bien qu’elle soit devenue la plus fréquente des affections bactériennes, reste totalement méconnue des personnels de santé. En Afrique tropicale, particulièrement en zone rurale, les examens de laboratoire sont rarement possibles pour rechercher la cause d’une maladie. Borrelia crocidurae est détectable dans les prélèvements de sang uniquement pendant les pics de fièvre, sa densité est généralement très faible et son diagnostic nécessite un microscopiste expérimenté. Les symptômes de la maladie sont exactement similaires à ceux du paludisme qui est très fréquent dans les mêmes populations. Ainsi, la maladie est systématiquement confondue avec le paludisme, et l’échec du traitement est attribué à une résistance aux médicaments antipaludiques.
Du fait de l’existence d’un réservoir animal et de l’omniprésence des rongeurs en zone rurale, la prévention de la maladie n’est guère envisageable. Mais un traitement bon marché et efficace est possible en utilisant des antibiotiques de la famille des tétracyclines que l’on trouve dans la plupart des dispensaires de brousse."
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