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Auteur Fil de discussion: Autopsie d'un coup de foudre (ou notre premier voyage au kenya)  (Lu 24972 fois)
zabinouk
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« Répondre #15 le: 27 Août 2007 à 11:01:20 »

Gros coup de coeur pour ton récit, du rire aux larmes (plutôt à la prise de conscience brutale, de la réalité) en quelques lignes.

Ne t'arrête pas en si bon chemin.
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"La vie de safari a quelque chose qui vous fait oublier tous les chagrins de la vie et vous donne 24h sur 24, l'impression de boire du champagne.
On est pénétré de la reconnaissance la plus profonde pour le fait de vivre"
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« Répondre #16 le: 27 Août 2007 à 16:06:07 »

Oui allez continue quoi... Moi aussi j'ai failli verser une larme sur la fin de ton récit  Choqué
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zabinouk
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« Répondre #17 le: 27 Août 2007 à 18:35:15 »

Je viens de faire tilt Clin d'oeil, tu es vraiment partit avec 8 t-shirts, 8 chemises... C'est ce qu'on appelle voyager léger. Souriant Souriant Clin d'oeil
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« Répondre #18 le: 27 Août 2007 à 18:51:00 »

C'est bien les femmes ça !
Ben pour 8 jours il avait de quoi se changer 2 fois par jour ! 8 tee-shirts ça suffisait  Tire la langue
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Je préfère le vin d'ici à l'eau de là - Francis Blanche
gl17
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« Répondre #19 le: 27 Août 2007 à 19:08:41 »

Bonjour à tous et toutes désolé pour l'attente…

Nous rentrons donc à l'hôtel.
Le lendemain est programmée notre unique sortie pour le parc de Tsavo Est.

Départ de la réception très tôt, le matutu est déjà chargé de 4 autres personnes d'un autre hôtel
Les gens sont francophones et plutôt sympa. Nous partons donc le long de la cote sur la route dans le flot insensé de circulation dont nous commençons à nous habituer.

Au bout d'une bonne heure le bus quitte la route encore carrossable pour attaquer une montée  dans un semblant de banlieue industrielle.
A ce moment notre sage chauffeur se transforme en fou furieux il slalome droite gauche trottoir (les piétons courent pour nous éviter). Ils y parviennent et nous finissons par rattraper un semblant de nationale qui relie la capitale.

Cette route suit selon les dires du chauffeur-guide la voie ferrée Nairobi Mombassa.
Lors de la construction  de la voie ferrée de nombreux ouvriers périrent sous les crocs d'un vieux lion qui  chassé de son territoire par de plus jeunes que lui, décréta que l'humain pouvait faire l'ordinaire.
Nous écoutions toutes ses anecdotes et le paysage défilait, brulé lunaire, très peu de villages mais des cahutes et des sacs de charbon de bois sur les bordures.
Les paysans des villages alentours déforestent et viennent vendre ce qui va cruellement leur manquer un jour aux camionneurs qui ramassent régulièrement.

Le minibus roule aussi souvent sur le bas coté que sur le macadam défoncé, il double comme il peut par la droite ou la gauche indifféremment. Nous croisons la carcasse d'un gros camion, celui ci à un accident la nuit dernière avec un éléphant qui traversait la route. Bilan 2 morts : chauffeur et bête. Quelques heures plus tard il ne reste plus que la carcasse… Du camion.

Une petite halte chez le marchand de souvenir et notre matutu se transforme toit ouvert.
Nous repartons et entrons dans la réserve. Nous sommes tous les 6, buste dehors au début puis 5 puis 3 puis bibi à scruter la piste et les alentours et il ne se passe rien !
A l'excitation de l'entrée dans la réserve succède l'apathie tellement le paysage est désertique et carbonisé.
Par contre je suis hypnotisé quand peu à peu la piste devient rouge latérite. Au bout d'une bonne heure le décor change imperceptiblement ; des arbustes et les premiers herbivores apparaissent ces derniers camouflés par les premiers.

Nous voyons nos premières girafes :

15.



Notre premier éléphant...  Pas content

16.



Bref c'est l'effervescence…
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gl17
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« Répondre #20 le: 28 Août 2007 à 13:05:36 »

L'heure du déjeuner arrive nous arrivons au Lodge où d'ailleurs nous dormirons cette nuit

17.


Nous arrivons du coté montagne, passons par la réception et avant d’acquérir nos chambres, traversons le hall et débouchons sur une terrasse et la, c'est le choc de notre vie.

18.




Vous avez tous lu je pense la gloire de mon père de Marcel Pagnol. Celui ci nous fait partager la découverte de son amour  pour le taoumé la grande barre la garrigue de la région d'aix. Quand j'ai lu sa trilogie petit, j'avais été, captivé, émerveillé par empathie. Plus grand à la relecture je fus pris de tristesse de n'avoir pas de souvenirs à la hauteur émotionnelle des siens.

Par rapport à la sienne, mon enfance me paraissait morne et plate, je n'avais jamais ressenti un choc semblable ni une telle illumination.

Et bien chers toutes et tous en ce brulant midi africain je venais d'être foudroyé par la beauté la force la mystique de ce que, à perte de vue s'offrait à mon regard éberlué.
C'était, et devant mon clavier à se souvenir ma gorge s'étreint et mes yeux se brouillent comme je vous l'écris ; ce que j'avais vu au monde de plus merveilleux.
S'offrait devant nous un amphithéâtre infini bordé par des montagnes lointaines. Dans cet écrin divin rougeoyant comme de la braise se mélangeaient végétation et terre ocre lumineuse. Nous étions debout Renée et moi pantelant devant cette beauté révélée.
Nous comprenions que nous venions d'ici, qu'en cet endroit nos racines prenait place, qu'avant nous étions orphelins, courant sans cesse pour combler un manque que nous ne savions définir et qu'en cet instant magique nous venions de combler.

La main dans la main, ma femme et moi respirions d'un même souffle cet air chaud et serein qu'avait fait naitre nos ancêtres ; ces tourbillons caressaient notre peau moite aspirait notre âme la débarrassait de cette puanteur civilisée qui nous étouffe avant nous broyer.

Nous étions en communion  dans une bulle intemporelle bercé par le doux silence du vent et la vision de ce monde parfait.


Bien sur cette bulle fut crevée mais le bien était fait. Sur la terrasse à coté de la piscine un  batave ruisselant de gras et de bêtise disputait à un babouin male une bouteille de soda que celui ci venait de chiper à son épouse. Il poursuivait avec forces cris le singe qui s'enfuyait jusqu'à ce que le reste de la harde venant au secours face front devant le débile gesticulant.
Il y eu, coup de chance pour le con, un statu quo et chacun s'en fut de son coté laissant sur des rochers en contrebas la bouteille éventrée qui avait failli couter bien plus que son prix à son propriétaire inconscient.

Nous laissâmes donc notre intense bonheur pour investir notre chambre et le réfectoire panoramique; à jamais changé aux tréfonds de nos êtres. Nous venions de découvrir sur terre et bien réel ce que l'on vous promet  hypothétiquement pour plus tard : le Paradis.......
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zabinouk
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« Répondre #21 le: 28 Août 2007 à 13:14:10 »

100% émotions, vas-y, continue je te suis J'aime
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« Répondre #22 le: 28 Août 2007 à 13:17:01 »

Aaah, la vue depuis le Voï lodge... Une belle entrée en matière!

Vite la suite Sourire
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Eos 5D, 20D & des objectifs qui vont avec...
gl17
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« Répondre #23 le: 28 Août 2007 à 14:19:40 »

Je ne me souviens pas de ce que nous avons mangé mais nous étions hypnotisés par le panorama.
En contrebas du Lodge avait été creusées 2 immenses mares alimentées par l'hôtel ainsi en périodes de grande sécheresse les animaux assoiffés prennent l'habitude de venir s'abreuver offrant au touriste un spectacle magnifique.
Ils ont pensé à creuser dans la roche un souterrain qui abouti à 20 mètres d'un des points d'eau. Un éclairage nocturne complète l'équipement.
Nous avons donc passé le reste de l'après midi à regarder les animaux qui viennent par roulement et en famille s'abreuver

19.


20.


21.


22.


L'heure du safari venant nous avons quitté notre point d'observation à regret pour sillonner les abords du Lodge.
Nous étions imprégnés des moments que nous venions de vivre; si nous n'avons vu que peu d'animaux cela ne faisait rien tant était intense notre plénitude

"Guépard en bas à gauche avec son bébé"

23.


Sans commentaire

24.

De  retour nous nous sommes précipités sur la terrasse pour continuer à jouir du défilé, nous avions l'impression que les bestioles suivaient un ordre de préséance, chacun venait à son tour sans ce mêler et gêner les autres tout cela au milieu d'une quiétude et d'une paix incroyable.

Le soir est venu, la nuit est tombée, l'éclairage à pris le relais baignant la scène d'une clarté jaunâtre désagréable.
Les animaux se sont fait plus rares aussi nous sommes allés nous coucher ivres de sommeil et de joie

Etre réveillé par un réveil matin c'est désagréable, par un moustique, insupportable par une hyène très inquiétant ; mais par le feulement rauque puissant et guttural d'un lion c'est une expérience unique. Comme les chambre donnent sur le point d'eau éclairé il n'y à qu'a ouvrir les paupières, nous découvrons donc toute une famille, lionnes lions lionceaux qui investissent en gambadant et jouant l'espace éclairé c'est féerique. Quasiment dans la continuité un énorme barrissement colérique retenti et un vieux male fait son apparition : instantanément le groupe de félins pourtant très nombreux disparait.....
Comme quoi le mythe du roi de la jungle…
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kiserian
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« Répondre #24 le: 28 Août 2007 à 15:01:13 »

C'est bien de vous lire Clin d'oeil...

J'ai un grand faible pour Tsavo et ses paysages de déserts.
Sur la photo on dirait que c'est Kasigau Rock qui se profile (le "gros rocher") mais pas sur...
Merci du récit.
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NamiBird
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« Répondre #25 le: 28 Août 2007 à 16:59:09 »

Salut Gilles !

Je ne suis pas spécialiste mais lors de notre dernier séjour, ce que nous avons pris pour le "feulement puissant (oh combien !!) Et guttural d'un lion" était en fait émis par un éléphant qui se frottait à la tente (pas de lion recensé dans le campement). Séquence émotion pour les campeurs !

COWpains pouvez-vous confirmer que l'on peut s'y méprendre de nuit ?
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gl17
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« Répondre #26 le: 30 Août 2007 à 08:57:11 »

Ce matin dernière matinée à Tsavo. Nous sommes plus que près à 5h. Après avoir pris un thé brulant sur  la terrasse et contemplons depuis 3 quart d'heure les prémices de l'aube avec son cortège de bruits de sons inconnus.
Le jour se livre à nous avec les  étirements lents qu'une femme aimée met inconsciemment dans  ses gestes encore embrumés de sommeil au seuil du réveil.
Imperceptiblement ce noir qui déjà ne l'est plus devient moins épais il vire au bleu à ce bleu sombre qui vous laisse imaginer que les ombres des rocher ou des arbres sont encore les monstres sentinelles qui veillent sur leur territoire. Ce qui était chimère est devenu branche et pierre réelle. Dans le même temps tout là-bas à droite au bout de l'horizon une demi sphère orangée au bord ourlée de pourpre s'envole lentement dans le bleu qui faibli.
La terre devient sol où sur le sombre l'on devine de timides herbivores que vos rétines semblent fuir.
Au loin la sphère prend de la hauteur de l'ampleur comme un fer que l'on chauffe rougeoie et se met à briller sans encore vous bruler. Derrière vous là où le bleuté demeure toujours l'on distingue des nuages dont les fines strates forme une frontière apaisée.
Le tablier terrestre où l'on voit bien maintenant herbes arbustes et morceaux de foret s'illumine doucement, les couleurs sont douces et le chant nocturne doucement se calme. Subitement  au dessus des montagnes là où la sphère virait au jaune l'astre brulant se hisse au dessus des cimes; ses rayons instantanément inonde le parterre encore terne, l'amphithéâtre s'embrase dans un jaillissement de rouges verts ocres de couleurs insensées qui mettraient un Vangogh en transe. 
Devant cette palette sublime qui donne son relief au Tsavo et font saluer les nuages en poudrant d'or leur frange violine. Le silence se rompt transpercé par le chant et le vol  de million d'insectes qui décollent.
Nous sommes Renée et moi saisi par le spectacle que l'on penserait conçu d'un dieu mais qui n'est que la répétition monotone du lever de soleil sur la région de Tsavo.
Notre tasse est froide nos doigts sont glacés nous nous dirigeons vers le bus et nous laissons emporter dans la fraicheur matinale sur les chemins rouge sang de la savane brulée. Le véhicule surfe sur la latérite épaisse, part en travers et reviens doucement, nous apercevons sur la gauche un énorme troupeau de buffles qui vient vers nous avec le soleil dans les jeux

25.


Que nous retrouverons le midi sous le Lodge....

26.


Le safari se passe magique car l'endroit que nous visitons est arboré et presque riche en végétation.
Nous ne verrons pas beaucoup d'animaux ce matin mais le plaisir est ailleurs, dans la communion que nous ressentons avec ce site.
Nous rentrons déjeuner au Lodge pour voir le troupeau dont je parlais plus haut quasiment assécher le point d'eau.

Déjà c'est l'heure de repartir, le temps à coulé comme sous le pont Mirabeau lentement mais inexorable. Notre regard s'attarde une dernière fois sur la vue merveilleuse et c'est fini.
Le bus roule tranquillement et très vite au détour d'un des rares carrefours de piste à 200 m de nous un groupe de lionnes attaque un trouppeau de buffles
 

Attaque

27.


Contre attaque...

28.


Oula faut mettre les chiares à l'abri

29.


Grosse panique elle vient sur nous, je reste avec le 180+doubleur à pleine ouverture, merci le vignetage

30.


Elle passe

31.


32.


2 copines rappliquent

33.


34.


Tout le monde se pose à l'abri.

35.


Bien, au lieu de rester sur la chasse, le chauffeur décide de repartir  « faut qu'on nourrisse tout ses touristes à la bonne heure ma brave dame »

Comme nous filons dans le vent chaud sur les pistes rouge de Tsavo  je médite.
J'aimerais vivre ici pour le restant de mes jours, mais il faut être réaliste le petit blanc n'est pas  carrossé pour cela, le palu et la chaleur aurait vite fait leurs oeuvres et de toute façon je n'ai pas les pépètes...
Dans la douce et triste torpeur qui m'accable, je me dis qu'à défaut mes potes ramèneront un jour mes cendres dans de vieilles boites de pellicules et les dissémineront par le toit en filant sur les pistes rouge de Tsavo.
Ainsi pourrais je faire partie de ce paradis, me laisser projeter sur les flancs de l'éléphant rouge de Tsavo, courir accroché aux crinières des lions pour sentir leur force; rester collé tremblant aux pattes des timides dik-dik, me laisser fouler par les fiers massais, voir l'horizon capturé par les cils de la grande girafe et faire tousser longtemps le fier et con batave qui profite et souille ce site fantastique...

Il ne reste plus qu'a rentrer dans notre insipide Poitou où quand je cours désormais sur les rives de la Charente bordée de chaque coté par le marais en friche, j'ôte mes lunettes et pendant de douces minutes je cours sur la piste au milieu de ma savane adorée.
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babelilu au boulot !


« Répondre #27 le: 30 Août 2007 à 09:18:20 »

Et bien quel récit... Magnifique !!! Merci...  Embarrassé
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zabinouk
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« Répondre #28 le: 30 Août 2007 à 10:11:07 »

Yes Yes Yes Yes Yes Communion parfaite lors de cette première approche africaine.
Et quelle belle écriture, c'est vraiment un régal de te lire Sourire

Les photos aussi sont belles, malgré apparemment un équipement limite, Clin d'oeil merci pour ce beau récit
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« Répondre #29 le: 30 Août 2007 à 11:01:57 »

Hé non  Zabinouk ce n’est pas l'équipement qu'était limité, c'est le gars qu'a paniqué...
Comme quoi ça remet en place sur tous les plans.....
Journalisée
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