La croisière a débuté tôt le matin, alors que nous dormions encore. Comme nous avons la chance d’avoir une cabine à l’avant, nous avons été vaguement réveillées lorsque l’équipage a largué les amarres mais nous nous sommes rendormi. Quelques heures plus tard, en sortant de la cabine pour aller déjeuner, on découvre avec ravissement les rives du Nil qui défilent.
En milieu de matinée on arrive à l ‘écluse d’Esna. Nous n’avons même pas le temps d’accoster en attendant notre tour pour passer que le navire est assailli par de frêles esquifs remplies de 3 ou 4 types … Des pirates sanguinaires qui veulent notre peau ? Que nenni juste des gars qui tentent de vendre de l’artisanat local, principalement des étoffes des cotonnades comme ils disent …
Chaque bateau – hôtel a son petit groupe de 5 ou 6 barques qui l’entourent. La technique est rudimentaire mais simple, le premier stade de la vente est d’attirer l’attention de quelqu’un. Pour ça il faut gueuler, tout y passe :
- MONSIEUR !!! …
- MADAME !!! ...
- ALLOOOOO !!! ...
- OHEEEEEE !!! ...
- VIVE LA FRANCE !!! VIVE JACQUES CHIRAC !!! VIVE BERNADETTE !
Forcément il finit toujours par y avoir quelqu’un qui pointe son nez, attiré par la curiosité. Un des mecs sur la barque lance alors, avec une précision étonnante, un modeste sac en plastique vers le pauvre touriste qui n’a d’autre choix que de le choper au vol. Une fois que le truc – une nappe disons – est arrivé sur le pont ou sont les touristes il est bien sur sorti du sac et regardé. C’est ainsi que le marchandage commence, et il y a de la marge car les Egyptiens annoncent d’abord un prix digne d’une nappe de soie brodé en fil d’or alors que c’est du modeste coton teint … Si l’affaire ne se fait pas, vous remettez la nappe dans le sac et vous renvoyez sur la barque. La poche est prévue au cas ou un maladroit loupe la barque et que ça tombe à l’eau, le truc est alors récupéré en quelques coups de rames. Forcément on se rend déjà compte qu’il y a des pignoufs à bords, tel la Castafiore ( ben tiens ! ) qui renvoie, visiblement exprès, le sac là où il n’y a pas de barques. Elle s’en tire bien puisque le vendeur se contente d’un « Pas gentil Madame » … J’aurais été plus saignant …
On passe l’écluse après seulement 4 heures d’attente. On a de la chance car il arrive que certains attendent une longue journée avant d’être autorisé à passer… Pourquoi ne passent-on pas selon l’ordre d’arrivée vous demandez-vous ? Et bien … probablement parce que ce serait trop simple !!