Alatoul - Episode 14
Le camp fut aussi rapide à remballer qu'il avait été à installer et nous avons quitté de bonne heure la dune barkhane pour suivre l'itinéraire redéfini la veille. Le terrain n'était pas génial, les paysages ne présentaient pas vraiment d'intérêt et des sacs plastiques coincés dans les maigres buissons secs nous indiquaient que nous approchions de la civilisation mais chaque kilomètres gagnés nous rapprochaient des pompes de Dakhla…
Seulement depuis le temps que nous roulions tous avec les voyants de jauge allumés, ce qui devait arriver arriva, un des 4x4 fini par s'arrêter, le réservoir à sec. Nous lui avons remis une dizaine de litres, gardant le dernier jerrican en réserve toujours "au cas ou" car nous préférions rester prudents au cas où l'itinéraire court que nous avions (re)défini se soit révélé impraticable. Mais une quinzaine de minutes plus tard nous atteignions la route, c'était gagné, nous savions maintenant à quel distance nous étions du ravitaillement et on pouvait se permettre de répartir le dernier bidon dans les trois réservoirs avant de filer vers Dakhla.
Un peu avant l'oasis on bifurqua sur un chemin de terre poussiéreux pour aller se laver à « une source super » dixit Jim et Steph. A l'arrivée, il fut tout de suite évident pour moi que je ne mettrai pas un pied dans ce trou d'eau trouble. Effectivement l'eau n'était pas stagnante puisque la source s'écoulait par un gros ruisseau. Mais sur les bords, l'eau ferrugineuse formait des dépôts brun-rougeâtre que je ne trouvais guère engageant et la vision d'une bouteille plastique flottante un peu plus loin fini de me décider : nous serions au Caire demain, je pouvais encore tenir une journée ! Le reste d'Alatoul se mit en sous-vêtement et investi la mare, pataugeant un peu puis se lavant dans le ruisseau. En sortant, ils s'aperçurent qu'ils avaient récolté un petit souvenir : leurs pieds et leurs mollets qui s"étaient enfoncés dans la terre du fond de la mare étaient d'un joli jaune ocre ! Et si le fait de s'essuyer n'enlevait pas le jaune ça colorait par contre très bien les serviettes !
Une fois à Dakhla, il nous fallait impérativement faire les pleins d'essence. Dans la première station où nous sommes allés, il n'y avait plus de carburants. Dans la seconde, le gars pu nous servir 20 litres avant de devoir arrêter, sa pompe chauffait et il fallait attendre qu'elle refroidisse. Sachant qu'il nous fallait pas loin de 350 litres d'essence pour retourner jusqu'au Caire, si nous ne pouvions prendre que 20 litres à la fois ça allait prendre un certain temps. La troisième pompe était aussi à sec MAIS le camion citerne était là et allait remplir les cuves, il fallait juste leur laisser le temps. Et comme c'était l'heure de manger, on alla chez « El Hadj Hamdy » un resto où Jim était déjà allé lors de précédents trips. D'ailleurs Hamdy (Hamdy est le nom du gars et « El Hadj » indique qu'il a fait le pèlerinage à la Mecque) le reconnu immédiatement et le salua d'un sonore « Hello Mister John » ( John / Jim on ne va pas chipoter non plus !) J'ai souri car pour une fois le Jim fut « scotché » par la surprise et il émit un « Do you remember me
» sous lequel on sentait poindre une certaine fierté …
Le repas fut meilleur qu'a Bahareya et moins cher également. Le fait que cet oasis soit touristiquement moins fréquentée que l'autre n'y était probablement pas pour rien et en plus on eut le plaisir de rencontrer une vieille connaissance de Jim, une sommité locale, un photographe allemand, René Gebhardt qui passe son temps entre Amman et Dakhla à faire des photos du désert.
De retour à la station, le camion citerne venait juste de repartir et pas mal d'Egyptiens ayant attendu sur place qu'il termine le remplissage des cuves il y avait déjà pas mal de voitures dans touts les sens. Nos 3 gros 4x4 prirent encore un peu plus de place et le temps qu'on termine nos pleins c'était devenu franchement l'anarchie avec des bagnoles dans tous les sens sur la station et la rue qui commençait à être sérieusement embouteillée !!
Détour obligatoire avant de quitter l'oasis : aller acheter la spécialité de Dakhla : le petit chapeau en paille de palme ! Une sorte de petit panama tressé qu'ici tout le monde porte. Quant à l'oasis de Dakhla en général, je peux dire sans médire qu'elle aussi est à l'image des autres villes d'Egypte...