Les déserts Egyptiens en 4x4

[LeTigre]

Alatoul - Episode 11

Notre camp vu depuis le haut d'une dune, peu de temps avant que nous le quittions.
A chaque fois on laissera le désert aussi propre que nous l'avons trouvé.

Ce jour là, ça a attaqué fort : 100m après le départ du camp, une zone de sable mou, un coup de frein intempestif et paf : Plumde et Kalsèche plantés !

On sortit le Cherokee de la zone et on reprit notre route dans les sables. Quelques kilomètres plus loin même sanction pour la même équipe. Il faut dire qu'ouvrant la voie, ils avaient bien plus de risques de se faire piéger que ceux qui suivaient. Une dizaine de km après, alors qu'on passait les dunes comme de gentilles montagnes russes, Plume & Kalsèche, qui ouvraient toujours, freinèrent brutalement. En s'approchant tous comprirent, la raison de l'arrêt intempestif : cette dune là n'était pas gentiment arrondie, son sommet dissimulait une pente quasi verticale, s'ils n'avaient pas eu le reflexe de s'arréter à temps, la voiture se serait très probablement plantée dans le bas de la dune, la cassure en bas de pente étant trop aiguë et la garde au sol des 4x4 "de luxe" que nous avions trop faible pour que les roues aient eu la moindre chance de toucher le sol avant le parechoc avant ! On aida la voiture à reculer et on décida de trouver une autre voie.

'tain c'était chaud sur ce coup là !

Cette option était la bonne et nous fit découvrir un autre phénomène géologique. Entre les cordons de dunes, par endroit le sable classiquement jaune était recouvert de minuscules grains de sable noir, donnant l'impression qu'il y avait des marres de pétrole ! Si on roulait sur ce noir, il s'enfonçait et disparaissait, laissant des traces en négatif … Par contre il valait mieux ne pas trop ralentir car en dessous c'était plutôt mou. Jim faillit l'apprendre à ses dépend lorsque après un arrêt destiné à vérifier si ce qu'il avait aperçu dans le sable était où non une pierre taillée il faillit ne pas repartir, les roues du Cherokee s'enfonçant peu à peu dans le sable mou … Mais en utilisant la pente naturelle du terrain il réussit à s'en sortir en douceur. C'était la Jim' touch : tout en douceur ! Il était assez amusant de constater que nos deux pros du Désert, Jim & Steph, avait des façons de conduire diamétralement opposées. Steph faisait hurler les moteurs, les poussant dans leurs derniers retranchements, alors que Jim les faisaient ronronner comme de gros chats... Et on ne peut pas dire qu'une méthode ait été plus efficace que l'autre car dans les deux cas le but était atteint : ca passait sans plantage !

[LeTigre]

Alatoul - Episode 12

Plus tard, en franchissant une dune, Steph et Vincent qui étaient repassés devant, s'ensablèrent à leur tour… Pour ceux qui étaient derrière, la consigne logique pour ne pas se retrouver avec 3 voitures plantées, étaient de continuer jusqu'à pouvoir s'arrêter sur une zone visiblement stable. Du coup, nous avons roulé jusqu'au bas de la dune, pris les pelles et ainsi armés, on repartit gaillardement en haut de la dune, aujourd'hui c'était franchement sportif, déjà 4 plantages et il n'était pas midi !

Le périple se continua par la traversée d'un paysage de sable d'où émergeait de surprenant monticules rocheux en formes de pyramides noires et c'est sans autres ensablages qu'on s'arrêta quelques dizaines de minutes pour déjeuner.

A son grand désespoir, Jim avait beau scruter les déserts que nous traversions, il n'arrivait pas à trouver ce qu'il cherchait, c'est à dire des « meules », de grandes pierres plates utilisées en association avec des galets nommés « molettes » Pendant le néolithique ( -6000 à –3500 avant JC) ces outils servaient à broyer les céréales. Lors de ses précédents trips, Jim en avait vu de belles, mais là, à part une petite qu'il avait qualifié de "plutôt moche" on ne voyait que des morceaux de meules cassées...

On cherche ...

... et on trouve ... encore des artefacts néolithiques ... Ca finit par être troublant cette profusion ...!

Une meule

En fin d'après midi, le terrain changea d'un seul coup et on arriva dans de longues zones de fech-fech où il n'y avait pas d'autre alternative que de faire gueuler le moteur pour garder une motricité suffisante... Forcément le 4x4 « patraque » se mit à chauffer, nous obligeant à ralentir dés que le terrain redevenait dur pour le laisser refroidir … Rien de très grave tant que la température redescendait mais le fait de toujours surveiller le voyant rouge était un peu stressant

[fendleroc]

Toujours de superbes paysages et tjs aussi bien raconté  . Je me demande s'il n'eut pas mieux valut un bon range rover avec treuil 

[LeTigre]

Alatoul - Episode 13

Au loin on discernait une curieuse étendue blanche et on se dirigea dessus pour tenter, une nouvelle fois, de trouver un itinéraire plus praticable. Ce qu'était réellement ce blanc je l'ignore, ça ressemblait au fond d'un lac qui aurait été asséché depuis des siècles mais ça semblait plutôt meilleur que par le fech et on décida de tenter notre chance de ce côté. Avec le soleil qui commençait à décliner le blanc prenait des teintes orangées, c'était joli mais du coté roulage le répit fut de courte durée puisque au bout d'une demi-heure on se retrouva à nouveau dans du sable mou. Steph qui menait, s'ensabla un peu plus profond que d'habitude (mais tout de même moins bien que moi l'autre jour, je précise !), nous obligeant à pelleter un bon moment avant de pouvoir sortir la voiture. Le jour touchait à sa fin et on ne voyait ni la fin de cette étendue blanche ni d'endroit susceptible d'abriter notre bivouac aussi décida t-on de retourner aux dunes barkhanes que nous avions dépassé il y avait quelques minutes et d'y établir le camp 5.

Les dunes barkhanes sont des dunes en formes de croissants qui sont crées par le vent, elles se présentent le plus souvent en cordon, toutes alignées dans le même sens. En les poussant, le vent les fait avancer, et même si le déplacement maximum mesuré peut aller jusqu'a 150m/an nous avons décide d'établir le camp au pied d'une de ces dunes, au milieu du croissant, nous étions ainsi protégés du vent et donc dispensés de tendre la grande toile.

Ce soir là on sortit les cartes et on fit le point car nul part le terrain ne semblait vraiment roulant et avec le problème de l'essence, il valait mieux éviter de tourner des heures dans le fech... Quel problème d'essence ? Ah, oui j'ai oublié de vous parler de ce point là ! Et bien quand Jim avait prévu la consommation des 4x4, il avait compté large d'après ses précédentes excés, mais il n'avait jamais utilisé ces nouveaux Cherokee qui étaient de véritables gouffres à essence puisqu'ils avalaient 25 litres au 100km en «  hors route » !!! Du coup, nous étions ce que les pilotes d'avions appellent "short petrol" où en d'autres termes : limite en essence. Il n'y avait, en tout état de cause, pas lieu de s'inquiéter outre mesure, on avait "géré la pénurie" au mieux en prévoyant de toujours garder assez d'essence pour permettre à une des voitures d'allez jusqu'à l'oasis de Dakhla pour remplir les bidons, mais nous espérions tout de même arriver TOUS ensemble à Dakhla aussi, ce soir là, avons nous tracé une nouvelle voie qui rejoignait la route goudronnée au plus direct.

Personnellement, j'ai trouvé ce camp au milieu de la barkhane sensationnel, nous avions eu droit à un somptueux coucher de soleil, le repas avait été comme d'habitude excellent, la fraîcheur nocturne avait été repoussée par un coup d'Armagnac et la pleine lune baignait le bivouac d'une lumière irréelle qui me donna envie d'aller photographier les dunes de nuit, en pose longue. En connaisseur, Steph me conseilla de bien prendre des repères car rapidement la lumière du camp serait dissimulé par les dunes et la nuit, elles se ressemblaient toutes. Un sage conseil dont je vérifiais rapidement la véracité. Mais j'étais de toutes façons prévoyant et j'avais emmené mon GPS sur lequel j'avais pris soin de mémoriser l'emplacement du camp. Je pus ainsi me promener tant que je voulais sans faire attention à rien et à la fin de la promenade il me suffit de faire "Go to le camp" pour y revenir directement.

Clair de lune sur le désert

[LeTigre]

Toujours de superbes paysages et tjs aussi bien raconté  . Je me demande s'il n'eut pas mieux valut un bon range rover avec treuil 

Il est clair qu'on avaient EXACTEMENT les bagnoles que tous les pros déconseilleraient pour le vrai 4x4 :

- (très) faible garde au sol
- Rajout de chrome sur les cotés qui sont génant pour creuser en dessous
- Boite automatique
- Pneus "normaux"

Par contre les moteurs de presque 4,0 litres et 210 bourrins nous aidèrent bien dans le mou, tu mettais pied au plancher et " çà arrachait méchant" !

 

[fendleroc]

Petite question bête   Tu n'a rien rencontré comme animal

[vinnylove]

la fraîcheur nocturne avait été repoussée par un coup d'Armagnac

Hé hé bonne méthode !
Toujours très belles tes photos 

[JP]

Oui oui vinny, dès qu'il y a une bonne bouteille on sait que tu n'es pas loin non plus...

JP

[LeTigre]

Petite question bête  Tu n'a rien rencontré comme animal

Jusque là, non.
Bizarrement, même pas un scorpion ou une trace de serpent ...
Mais bon, il faut reconnaitre qu'on était relativement concentré sur la conduite ou plutot sur l'état du sable devant nous (et c'est là où evidement dric à raison : à pied on est complètement à l'écoute de la nature)... Alors qu'avec de la mécanique...

Global : C'est vraiment  un groupe qui pense qu'a boire ici... D'ailleurs ça me fait penser ... C'est l'heure de "repousser vigoureusment le froid"

 

[eRey]

Cette image emporte le lot pour moi.

Ton récit est superbe et me donne pas mal d'info.

Une question: en restant sur le goudron est-il possible de toucher au désert blanc? y a des kilomètres à vélo qui se perdent là..

Manu

[Chinook]

Je suis subjuguée par vos photos de désert, littéralement sous le charme 

J'espère bien avoir de si belles vues de dunes dans le SinaÎ ..et si possible en ramener quelques clichés 

[LeTigre]

Cette image emporte le lot pour moi.

Je suis d'accord avec toi c'est aussi celle que je préfère

Ton récit est superbe et me donne pas mal d'info.

Une question: en restant sur le goudron est-il possible de toucher au désert blanc? y a des kilomètres à vélo qui se perdent là..

Manu

Merci 
Oui, par rapport à cette carte en prenant le Caire comme départ et en suivant les camps dans l'ordre des numéros

Le désert blanc est donc un peu avant et autour du camp 2, la route passe au milieu et je pense même que tu dois pouvoir rejoindre " le champignon" en vélo. Un peu avant le camp 2 une piste part sur la gauche pour y aller, de tête je dirais qu'il y avait une petite 1/2 heure de piste sans passage trop mou. Bien sur c'est à revérifier, je ne sais pas OU tu passes en vélo mais dans tout les cas en empruntant un peu cette piste tu pourras voir et toucher au désert blanc.

[LeTigre]

Je suis subjuguée par vos photos de désert, littéralement sous le charme 

Merci Chinook 

J'espère bien avoir de si belles vues de dunes dans le SinaÎ ..et si possible en ramener quelques clichés 

Le Sinai est plus rocheux et moins duneux mais superbe aussi, reste à voir par ou la route passe.

[dric]

C'est vrai que cette photo est superbe elle rend bien l'immensité des lieux. Ton récit est très intéressant, continue...

[eRey]

Ok Le Tigre, merci pour ces infos. Vous avez donc évité Oasr Farafra en prenant cette piste pour le camp 2?

A vélo ce n'est pas compliqué, si il y a du sable, je ne peux pas y rouler et je dois pousser le vélo.

1/2 heures en voiture, ça donne combien de kilomètres? 30-40?

Manu