Ben, mon porteur, est très dévoué et me prend par la main pour m’aider à passer les endroits difficiles. Le départ était à 2400 m d’altitude, plus on monte et moins ça va.
J’ai des remontées de bile, mon cœur cogne dans ma poitrine, j’ai la gorge sèche et les tempes compressées… mes jambes ont du mal à me répondre.
Le ranger en chef m’a collée devant afin que la plus lente donne le rythme et non moi qui court après les autres. K atterrit en seconde position
Je suis au bout de ma vie très rapidement et je ne sais encore pas comment j’ai réussi à aller jusqu’au bout !
Ca grimpe plus de la moitié du temps et quand ça descend c’est presque pire car toutes les articulations souffrent. Heureusement mes chaussures neuves ne me font pas mal et tiennent bien mes chevilles.
Le pire c’est vraiment cette sensation que je vais m’évanouir et vomir. Tony vient près de moi et m’aide aussi, il me soutient de la voix… j’ai un peu perdu la parole et mon sens de l’humour mais j’arrive encore à sourire faiblement
On me hisse, on me pousse, j’ai l’impression qu’on marche depuis 5h… ça ne s’arrête jamais, c’est un véritable enfer. Je ne profite même pas du paysage pourtant sublimissime, trop concentrée sur mes pieds
6- prise à l'Iphone (mon appareil étant dans le sac)
A chaque fois on me dit que ce n’est plus très loin mais bien sûr c’est encore très loin ! A un moment Tony m’attrape dans ses bras et me dit « regarde » en me pointant une direction. J’ai du mal à faire le point puis j’aperçois une tête noire qui sort de la verdure… un gorille !
Tony me serre fort dans ses bras « tu as réussi, tu y es arrivée » du coup mes nerfs lâchent et je fonds en larmes, je tremble comme une feuille. Encore un peu d’escalade pour les approcher puis ils sont là… à 7 mètres de nous… c’est incroyable !
Je tremble à cause de l’effort, de l’émotion mais j’arrive à extirper mes appareils du sac, à visser le pare-soleil après plusieurs essais… j’avoue ne plus me rappeler de tout tellement c’est intense… il y a un dos argenté allongé que l’on voit partiellement (uniquement le haut de sa tête proéminente et ses doigts ENORMES). Deux jeunes jouent à la bagarre puis le sub-adulte et un jeune. Il y des milliers de mouchettes qui volettent autour d’eux (étonnamment elles ne viendront pas nous embêter) mais par contre comme la lumière est très dure les mouchettes accrochent la lumière et ça peut vite cramer.
7- cette jeune femelle lézarde au soleil - rien que d'y penser j'en ai encore des larmes d'émotion
8- on aperçoit uniquement le haut du corps du dos argenté Mark (le second plus dos argenté du pays), ses doigts sont disproportionnés!