Tout à commencé très tôt le matin, car il fallait parcourir les 100 Km de route pour rejoindre la réserve des tsingy de l'Ankarana. Au bout d'un long trajet nous arrivions enfin à l'entrée de cette fameuse réserve. D'une superficie de 18255 km2, cette réserve abrite un ensemble de rochers calcaires érodés et acérés appelé 'Tsingy'. Recouvert d'une forêt tropicale sèche saisonnière. On y dénombre une 10ène d'espèces de lémuriens et 92 éspèces d'oiseaux dont 54 sont endémiques. Y sont rescencés aussi une 10ène d'espèces de chauves-souris ainsi que des caméléons, des crocos et le très rare Fosas.
Pour l'heure il nous fallait parcourir les 4 heures de marches qui nous séparaient de ces fameux tsingy. Ma 1ère erreur est de ne pas avoir pris de petit déjeuner ce matin et d'avoir oublié ma casquette. Le soleil tapait déjà très fort et nous longions une piste en terre rouge et sablonneuse bordée de brousse épaisse. Les grillons et les criquets s'en donnaient à coeur joie. C'est incroyable la puissance sonore de ces petites bêtes. Au bout de 3/4 d'heure de marche, nous pénétrons enfin dans la grande forêt aux arbres démesurés. Nous avons croisés quelques timides lémuriens cachés dans les arbres et des 'fleurs de lianes' de couleurs rose bonbon. En fait ce n'était que de magnifiques papillons immobiles sur une liane.
Le sentier était plutôt plat, mais la marche était longue. Pressé par le temps, nous n'avons fait presque aucune pause. Au bout de 3 heures de marche, nous avons croissés 2 chercheurs de safirs qui n'avaient rien a faire par ici. Cela est interdit, nous sommes dans une réserve protégée, alors notre guide s'empressera de les dénoncer dès notre retour.
Personnellement j'était bien fatigué. Ils ne nous restait plus qu'une petite 1/2 heure de marche avant de pouvoir observer les fameux tsingy. Le problème, c'est que dès que l'on s'est remis a marcher, j'ai senti ma force s'envoler d'un seul coup. J'étais totalement hors service, completement vidé de mon énergie. C'est dans un état presque pitoyable que je suis finalement arrivé aux tsingy. Le paysage était certes magnifique et chargé de mystère, mais je n'avais plus du tout la tête à ça. J'ai quand même pris le temps d'observer les alentours et le petit lac vert situé en bas d'une magnifique petite falaise aux pics acérés.
On pouvait entendre le chant des perroquets résonner dans la petite gorge au fond de laquelle coulait une petite rivière. Je me suis assis en essayant de reprendre mon souffle, chose qui était presque impossible. Mon coeur battait à une allure folle et j'avais vraiment une geule de tête de mort. Je le voyais au regard du guide et de mon frère qui semblaient très inquiets à mon sujet. J'était tout blanc avec le contours des yeux tout rouge. A peine une 1/2 heure plus tard, nous devions déjà faire demi tour. Je songeais, inquiet, aux 4 heures de marche qu'il nous restaient à parcourir. Ce la me semblais réellement irréalisable.
C'est en boitant légerement que je repris, malgré moi, cette marche 'de l'enfer', vidé de toute mon énergie vitale. Une fois revenus vers le peti ruisseau, à bout de force, je me suis mis a vomir le peu de chose que j'avais dans l'estomac. Chose qui curieusement me fit du bien!
Un peu plus tard, mon guide m'a dit : 'Ce qu'il te faudrait, c'est qu'il se mette à pleuvoir'. Tel une phrase magique, quelque seconde plus tard, un énorme nuage est apparu juste au dessus de nos têtes. En moins de 2 minutes un énorme orage tropical accompagné de coup de tonerre et de bourasque de vent s'est abattu sur nous. Nous étions trempés jusqu'aux os.
J'étais sauvé! Mes forces sont revenues petit à petit et mon souffle est redevenu normal. L'orage a duré au moins 2 heures pendant lesquelles nous avons marché sans nous arrêter, d'un pas rapide et décidé, rêvant d'en finir une bonne fois pour toute avec cette drôle d'aventure.
Un peu avant de sortir de la forêt, la pluie s'est arrêtée aussi rapidement quelle était venue. Nous pouvions enfin quitter cette contrée mystique.
Autant vous dire que nous sommes arrivés a notre taxi dans un état pitoyable. Couverts de boue, trempés jusqu'aux os et avec un air de soulagement et de fierté. Heureux de s'en être sortis vivants.
Ah l'aventure!!!
Quant j'y repense, je me dis que j'ai eu de la chance. D'après notre guide, ce sont les ésprits qui m'ont joué un sale tour.
Il faut quand même être un peu fou pour faire une marche de 8,9 heures sous un soleil de plomb, en ayant avalé une toute petite banane que j'ai revomis dans la journée.
Petit conseil. Si vous désirez découvrir les tsingy de l'Ankarana, prevoyez au minimun 2 jours sur place.
Mais si c'était à refaire, nous le referions car nous ne regrettons rien. Il n'y a pas d'aventure sans souffrance!
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