La troisième partie de ce périple en Colombie va être la plus exotique, la plus sauvage et la plus engagée. En quelques heures de voiture, on passe des 35 degrés humides de la Tierra Caliente au climat de montagne de la Cordillère des Andes, à plus de 3.000 mètres d’altitude. Le choc thermique est terrible Nous n’avions pas imaginé grelotter comme ça sur l’équateur, surtout la nuit, et les quelques polaires au fond du sac ne suffiront pas vraiment à nous réchauffer, car nous baignons maintenant dans une atmosphère gorgée d’eau (il pleut plusieurs heures par jour), qui renforce l’impression de froid, même si, finalement le thermomètre doit osciller entre +5 au lever du jour et +15 l’après-midi.
Après un stop à Bogota, nous gagnions donc le parc national de Chingaza (voir carte en début de carnet).
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Comme ça, sur la carte, ça n’a l’air de rien. Un « petit » parc comparé aux zones préservées du pays, et à moins de 50 km de la capitale. On se dit qu’on sera là dans une sorte de Pilanesberg sud-américain.
Sauf que…
Sauf que la notion de parc national en Colombie n’a rien à voir avec ce que l’on entend par là en Afrique. Ici, c’est la nature que l’on préserve, pas le touriste ! Notre guide, don Gonzalo, nous explique déjà que plus de la moitié des parcs nationaux de Colombie sont totalement fermés au public.
Chingaza est ouvert aux visiteurs. Mais c’est à l’ancienne. Pour monter de Bogota, il nous faudra près de trois heures pour parcourir, sous la pluie et dans la boue, à peine 50 km d’une piste totalement défoncée. Les ornières y sont creusées jour après jour par les camions, qui relient la ville à la centrale électrique sur le barrage et au chantier d’aqueduc qui permet d’alimenter Bogota et ses 7 millions d’habitants en eau pure.
L’hébergement est de fortune. Un grand refuge de plain-pied où vivent les employés du parc, quatre dortoirs avec des lits superposés minuscules, des sanitaires vétustes. Et pendant mon séjour de cinq jours, pas d’électricité quasiment la moitié du temps. Ce qui veut dire un froid glacial dans les chambres, et la vie à la bougie à partir de 17h30 le soir !
Comme le montre le panneau ci-dessus, Chingaza est l’un des sanctuaires sud-américains de l’ours à lunettes, le seul ursidé d’Amérique latine. J’avoue que je rêvais de ramener un reportage sur ce plantigrade, très peu farouche avec l’homme. Mais autant ne pas créer un faux suspens, malgré des recherches intensives, nous ne le verrons pas. Nous nous contenterons de traces, de crottes fraîches et de restes de ses repas.
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Les crottes
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Sa plante favorite déchiquetée quelques heures avant notre passage.
L’ours des Andes, qui vit au dessus de 3.000 mètres, fréquente deux biotopes bien différenciés. L’un est le paramo, la lande d’altitude, peuplée de milliers de « frailejones »
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Don Gonzalo à la chasse à l’ours à lunettes
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