Cet oiseau fait parti de ce qu'on appelle les "reliques de l'aire glaciaire".
Entre 15 et 10000 ans partout dans le monde la terre se réchauffe et les glaciers reculent vers le nord et les régions boréales. Les espèces inféodées au climat froid vont suivre naturellement ce retrait. Mais des individus de plusieurs espèces se retrouvent piégés sur des îles (Islande, Grande Bretagne) ou dans des îlots qui gardent les mêmes conditions climatiques extrêmes grâce à l'altitude (Pyrénées, les Alpes, Vosges). Le lagopède et le grand tétras font partis des plus connus mais il y en a beaucoup d'autres dont cette magnifique chouette.
1 - Inconnu de la plupart des hommes, cette petite chouette n'a donc pas connu la c......e humaine et de fait ne craint absolument pas l'homme. D'après certains ornithologues elle nous assimilerait à quelconque mammifère comme un chevreuil ou un cerf. Vu notre discrétion légendaire j'opterai plutôt pour un sanglier !
2 - Si on ne la cherche pas on ne la trouvera jamais. Cet oiseau est forestier, très discret la journée et complètement nocturne. Contrairement à la chevêchette elle ne réagit pas du tout à la repasse, ce qui ne rend pas du tout facile son étude et la connaissance de ses effectifs. Dès le mois de mars le mâle chante la nuit à proximité d'une loge pour attirer une femelle. Si çà lui convient elle va couver entre 3 et 7 oeufs (souvent 4 ou 5) pendant plus d'un mois.
3 - C'est à cette époque où les naturalistes/photographes/ornithos grattent les troncs pour faire sortir les femelles qui couvent. Cette action amuse beaucoup les gens parce que la chouette apparait dans la seconde "à la fenêtre" avec cette bouille inimitable.
Il faut savoir que le fait de gratter le tronc simule un prédateur (martre, fouine) qui grimpe sur l'arbre. On imagine bien le stress qu'on peut occasionner à cette future maman. Pire, il y a des loges tellement connues où tout le monde y va de sa gratouille et la chouette finit par ne plus sortir..... on imagine aussi la suite si c'est une vrai martre vient à monter.
4 - Au bout de trois à quatre semaines les jeunes "couleur chocolat" commencent à se montrer.....
5 - En général ils sont très curieux mais on peut passer des heures et des heures à ne rien voir. Une fois de plus "la patience est mère de toutes les vertus". (Et si vous grattez, çà fera l'effet inverse. Ces petites chouettes auront tellement peurs que vous ne verrez plus rien de la journée !)
6 - Et parfois on reste des heures avec elles......
7 - En se donnant la peine de chercher dans les environs de la loge, parfois avec beaucoup de chance on peut trouver un des adultes.
8 - en général l'envol se passe la nuit, mais pas toujours. je n'ai jamais eu la chance d'y assister.
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Maintenant je vous livre le making off si je puis dire. Ces oiseaux nichent dans les loges de pics noirs ou dans les trous des vieux arbres. Chez moi, dans la Hautes Alpes, il y a très peu de ces pics dans les mélézins d'altitude et les vieux arbres se font de plus en plus rares avec les exploitations forestières qui n'épargnent aucune zone même les plus escarpées. Nous avons décidé de donner un coup de pouce à ces chouettes en installant des nichoirs avec la LPO et le Parc National des Ecrins. Et çà marche puisque les 3/4 des nichoirs installés à l'automne sont occupés dès le printemps suivant.
En voilà un :
A l'automnes nous les nettoyons et nous les réparons si besoin. Nous prélevons les pelotes à l'intérieur pour les envoyer aux spécialistes qui les décortiquent pour identifier les micro-mammifères mangés (avec les mandibules) pour faire un inventaire de ces espèces difficiles à observer.
Pour éviter la prédation à cause de nos odeurs laissées dans les environs à cause de nos fréquentes visites nous avons adoptés un système très efficace avec du grillage. C'est le parc naturel du Queyras qui a utilisé cette technique que nous avons copié, simple et efficace. Le fil qui pend est une caméra Bluetooth pour éviter "les gratouilles"
Installation de la caméra, au bout du fil on branche des piles pour alimenter la caméra et avec une tablette on visionne l'intérieur. Là aussi c'est simple et efficace et on ne dérange plus les oiseaux.
Cette année toutes les nichées sont arrivées à l'envol avec une moyenne de 2 à 3 jeunes. Beaucoup ne passent pas l'hiver, mais çà c'est une autre histoire
