Nous reprenons la route que je trouve particulièrement longue et pénible à conduire. Muriel heureusement surveille la carte et les routes car franchement les explications sont un peu limites et nous nous engageons dans une piste qui semble sans fin… au début nous traversons un pan désolé qui porte le nom de Zebra Pan (mais il n’y a pas de zebras) puis nous avançons dans un canyon assez bas, c’est joli mais nous avons déjà dépassé les 4h30 de route prévues sur notre roadbook… ça monte, ça descend, ça tourne, tout en gravel road assez bruyant, la conduite est fatigante et me demande une bonne concentration… j’ai les épaules qui commencent à fatiguer car je n’arrive pas à me détendre avec tous ces trous et virages. Comme nous sommes fatiguées avec à peine quatre heure de sommeil, nous délirons sur ce qui nous attend au bout de cette route perdue au milieu de nulle part, un SPA luxueux avec massage et bain bouillonnant… mais la route continue…
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Au bout d’un très long moment, nous passons enfin devant quelques habitations vétustes de tôles ondulées… cela doit être le petit village annoncé… nous continuons… il y a une petite forêt et nous apercevons le lit de la rivière asséché. Il n’y a aucun panneau… rien. Par chance nous tombons sur des gens qui partent, à priori on s’installe ou on veut, il n’y a pas de bureau. A priori c’est une communauté…
Bon du coup nous tournicotons au milieu des arbres puis jetons notre dévolu entre 2 arbres car il y a une table en dur et une construction en dur pour faire un feu, suffisamment de place pour mettre nos deux tentes… la pente est dans le bon sens pour l’échelle de mon nid. Nous déballons, il n’y a personne ! Assez incroyable comme endroit… nous sommes un peu dubitatives mais nous déballons et rangeons un peu le bazar dans la voiture. J’époussette un peu la poussière rouge qui a tout recouvert. Un bon nombre de chèvres et de moutons passent à côté de nous pendant que nous mangeons mais aucun ovin ne viendra réclamer à manger.
Nous sommes épuisées et décidons d’étaler à l’ombre d’un grand arbre la sur-tente au sol avec un duvet et nous faisons une sieste de 45 minutes réparatrice et surtout indispensable. Dans un élan de courage nous nettoyons le sol des différentes crottes qui le jonchent et montons la tente de Muriel.
Puis nous décidons d’aller nous promener même si nous ne savons pas où aller ! A ce moment-là un jeune black arrive de nulle part avec un fagot de bois qu’il veut nous vendre. Il est déçu car nous n’en avons pas besoin mais nous explique qu’il s’est fait voler le fagot d’hier et nous demande si on a vu qui était là. Nous expliquons que c’était des blancs, à priori Afrikaan vu l’accent. Il semble bien embêté et pas très content… son fagot valant 20 NAB, je décide de lui donner les sous pour les voleurs d’hier, pour nous c’est peu mais pour lui cela semble important. Nous lui demandons ou nous pouvons aller, ses explications sont vagues (son anglais est basique), il nous indique la piste à droite, nous nous lançons. Nous savons qu’il ne faut pas rouler dans le lit de la rivière, c’est écrit partout, précisé en gros sur notre road book mais la piste nous y mène tout droit ! Rapidement je dois passer en 4x4 car le sable est mou et nous ne pouvons pas faire demi-tour ! Je me reprends un coup de stress car ici il n’y a pas de réseau et personne ne sait ou nous sommes… la fatigue n’aide en rien. Je ne peux pas m’arrêter et je roule espérant trouver un emplacement assez large pour faire un demi-tour. Muriel regarde la carte et trouve sur quelle piste nous sommes… elle mène à la côte et fait plus de deux cents kilomètres… c’est la catastrophe nous n’aurions pas du la prendre. Un silence s’installe et nous scrutons les abords de la piste pour chercher un endroit un peu dur, nous sommes dans le lit de la rivière et c’est surtout cela qui me gène et m’inquiète. Par chance un peu plus loin un espace un peu ovale semble plus dur, je fais plusieurs manœuvres pour ne pas m’ensabler et finis par faire demi-tour.
Nous retrouvons avec soulagement le camp et décidons de reprendre la piste que nous avons emprunté pour arriver. Quelques chevaux sans doute domestiques errent dans les rochers et nous observent. Le soleil se couche et a des reflets rose pale du plus bel effet qui donne un ton sur ton avec les rochers et les chevaux.
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