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Tiens, une maison dans le désert ? Le Kalahari aurait-il été peuplé par les blancs avant d’être un parc naturel ?
La ligne de crête qui surplombe la vallée de l’Aoub fut autrefois la frontière entre la Namibie allemande et l’Afrique du sud anglaise. Par peur d’une invasion, les Anglais firent construire pendant la première guerre mondiale un réseau de fermes sur les hauteurs, d’où l’on pourrait voir une armée traverser la vallée. Une chaîne de « fermiers-guetteurs ».
Coup de chance, on n’a jamais trouvé de pétrole sous le lit de l’Aoub, et les Allemands n’eurent donc jamais l’idée de venir faire la guerre des sables dans le Kalahari. L’Afrique du Sud a conservé l’une de ces modestes fermes, transformée en musée. On peut imaginer en rêvant la vie de ceux qui s’étaient isolés ici, à des jours et des jours de cheval du premier village habité… Sûrement plus romantique pour nous aujourd’hui que pour eux autrefois!
Ce mardi 26 avril est un jour de chance. L’après-midi touche à sa fin et nous nous rapprochons du camp lorsque nous découvrons la carcasse de girafe qui va nous occuper pendant deux jours. Plusieurs lions campent à moins d’un jet de lance de la viande déjà rancie.
L’un d’eux est occupé à tirer des lambeaux de cette chair coriace et malodorante. Même de lion, on entend le nuage de mouches qui bourdonne comme un moteur...
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De temps en temps les rois fainéants se déplacent. Retournent se coucher à l’ombre. Reviennent à la viande. S’approchent de nous. Nous entrons pendant ces longues heures dans le rythme lent de la vie sauvage, si différent de notre temps humain haché par les heures et les choses « à faire ».
Les lions n’ont rien « à faire »… Ils vivent.
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La journée tire à sa fin. Il est temps de remettre le moteur en marche. Les boîtiers sont posés sur le siège, nous avons eu notre compte pour aujourd’hui. Vivement la bière fraîche du soir !
Et puis soudain, alors que nous manoeuvrons pour faire demi-tour, l’incroyable vision. Un petit léopard – nous saurons plus tard que c’est une jeune femelle – avance tranquillement dans les hautes herbes, à portée de rugissement des lions. Longtemps nous ne voyons que son dos et sa queue. Elle traverse la route devant nous. Nous jette un œil de propriétaire qui se demande qui vient se balader sur ses terres. Et repart…
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En rentrant, nous élaborons le plan pour demain, qui sera notre avant-dernier jour dans le Kalahari. Retour à la carcasse, et chasse à la léoparde dans les environs.
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