Nous avons débouché notre dernière bouteille de rouge autour du feu pour notre ultime soirée à Polentswa. Demain il nous faudra redescendre la vallée de la Nossob. Les Allemands que nous avions trouvés embourbés nous ont raconté que des lions étaient venus jouer avec leurs bouteilles d’eau en plastique pendant la nuit. Sacrée frousse…
Pour nous, nous n’avons vu ni lions ni hyènes rôder autour du camp. Entendus seulement. Suis-je déçu ? Difficile à dire. Disons que c’est une expérience que j’aurais aimé pouvoir vivre, et raconter. (Et autant le dire tout de suite, en matière de visites nocturnes, je vais être servi deux mois plus tard, dans le Delta de l’Okavango…)
Après une nuit de transit à Twee Rivieren, nous remontons le lit de l’Aoub, qui forme la branche occidentale du grand V des deux rivières, côté sud-africain du parc. Direction nord-ouest. Tout au bout de la piste se trouve le poste frontière avec la Namibie, à plus de cent kilomètres à l’intérieur des sables.
Le camp s’appelle Mata Mata. Après l’exaltation des nuits en brousse au Botswana, après les veillées silencieuses sous la Voie Lactée et le guet permanent dans l’angoisse des fauves, se retrouver dans un camp « principal » sud-africain rompt l’enchantement. Les projecteurs et les feux gigantesques de nos voisins font fuir les étoiles, des enfants jouent autour de nous, la nuit bourdonne des bruits de l’activité humaine.
Peu importe. Là aussi les pistes sont belles et riches. Il est à peine 7h30 lorsque nous rencontrons nos premiers lions.
Ils se déplacent dans les buissons épais qui bordent la route, mais nous comprenons assez vite que nous avons affaire à un lion et deux lionnes. Le lion s’accouple alternativement à ses deux partenaires. Le bush ne permet pas, cette fois, de graver l’action sur les capteurs.
Mais pendant que le mâle s’occupe d’une des lionnes, la sœur leur tourne pudiquement le dos. Pour mieux nous surveiller.
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Huit heures passées de dix minutes. La Golden Light tire à sa fin. Mais le petit lutin qui fait sa toilette sur le talus de la piste est un plaisir à photographier.
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Aujourd'hui, j’ai enfin l’occasion d’enregistrer en images un phénomène qui m’a intrigué, puis fasciné depuis mon entrée dans le KTP. Le tisserin républicain, petit oiseau moins coloré que la plupart de ses cousins tisserins, vit en colonies de plusieurs dizaines de couples, qui agglutinent leurs nids les uns aux autres.
Ces nids « HLM » finissent par former de gigantesques amas de paille suspendus à plusieurs branches. Et souvent, nous l’avons constaté, les arbres ne survivent pas au poids de ces constructions.
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Il est amusant, et un peu réconfortant, de noter que le tisserin républicain est l’un des très rares animaux à avoir profité de l’industrialisation humaine. Selon les ornithologues d’Afrique australe, l’espèce a considérablement élargi son aire de répartition vers l’ouest et le nord au 20e siècle, à partir de l’Afrique du Sud, grâce au télégraphe puis à l’électrification, en utilisant les poteaux comme support pour construire ses nids communautaires.