31.1.2006
Tambacounda. Je n'y reste que deux jours. Mon frère m'a expédié une dizaine de pellicules pour la suite du voyage. Le paquet est arrivé depuis 5 jours. Je reçoit un petit bout de la maison, relis les lettres et renferme précieusement le tout dans mes bagages. Malheureusement pour le postier je connais le tarif, il essaie de me demander un petit millier de CFA en plus. Je l'envoie balader en douceur. Je fais également la rencontre d'un garde du Parc du Niokolo Koba. Petite chance, il connait Insa Ngom que j'avais rencontré au Djoudj. Nous discutons un moment, me fait visiter la maison du parc, me présente le directeur qui est aussi loquace que les habitants à poil du parc, et je lui demande les infos: Est-ce possible de traverser le parc du Niokolo Koba à vélo? La réponse est positive. La route qui traverse le parc est une route nationale, et donc non soumis à l'interdiction de circuler à vélo ou à pied du parc. Je respire. Je pourrais continuer ma route. Il me signale tout de même que ce serait plus sûr de ne rouler qu'après l'aube. Surtout pas avant. Je pourrais faire de mauvaises rencontres (il parle quand même un peu).
Je fais mes calculs pour le retour. Je dois être à Dakar pour le 22 mars. Cela me fait entre 1500-2000km pour rentrer du Mali. Tout dépendra de la route choisie. Départ de Bamako au plus tard le 1er mars en supposant que le vent soit bon. J'essaie de planifier en sachant très bien que ce sera intenable.
Je profite des deux jours passé à Tamba pour les réparations. Réparation des chambres à air, enlever les épines de cramcram des pneus, lessive - les femmes de la maison sont mortes de rire. Un homme qui lave ses habits. Je passe chez le coiffeur également. Je lui demande de me laisser quelques centimètres de cheveux sur le tête. Il fait oui oui, prend la tondeuse et commence à ras par ... la base du crane. Bon ... il n'a pas compris, tant pis. Il continue à me raser le crâne en me laissant un petit 2-3 mm de cheveux quand il commence à allonger la longueur des cheveux vers le front. Il me laisse une touffe à l'avant du crane à la longueur que je lui avais demandé... Bon ... Je lui signale qu'il peut tout raser. Je me retrouve avec la boule presque à zéro quand je vois qu'il commence à mettre beaucoup de soin au niveau des favoris. Sans que je ne lui demande, il tond la barbe - il ne doit pas aimer les poils ce coiffeur... Il me rase à la tondeuse, et commence à me laisser la moustache, toujours sans rien lui avoir dit. Je commence à rigoler et attends qu'il termine. Très bien fait. Il ne reste qu'une fine bande au dessus des lèvres. Intéressant. Un Manu à moustache.. Je lui dit de tout raser. Pour 500 CFA je me serais fait raser les cheveux et la barbe...
De retour à ma chambre je vois le fils du patron qui bosse chaque soir sous la lampe. Il me demande si je peux l'aider. Il fait des maths et je passe ma soirée à lui expliquer les calculs littéral et les identités remarquables. Son sourire le lendemain fait plaisir à voir.
2.2.2006
Dernier café chez le "
Patron", salutations au jeune Seriff qui a réussit son examen de math, et je reprends la route tout tout tranquillement. Quelques observations intéressantes sur la route dont un Chevalier culblanc sur un affluent du Gambie et deux Aigles pêcheur immatures. Je croise un post de gendarme qui me demande ma route et mes papiers. Lorsqu'ils entendent que je veux traverser le Niokolo Koba ils me le déconseillent fortement. Ils me disent que les lions dorment sur la route. Après 10 minutes de discussion je leur dit que j'arrive du Maroc. Ils poussent leur Hu! d'étonnement. Quand je leur dit que je vais jusqu'au Mali, le Hu devient un peu plus fort iet ils font non de la tête. Le repas arrive et c'est tout naturellement qu'ils me disent de poser mon vélo, de faire une pause et de venir manger. Je n'en crois pas mes oreilles. Invité à manger par les policiers.. J'aurais même droit au verre de coca frais à la fin du repas. Moi qui pensait dîner de l'eternel sandwich de sardine-tomate, c'est l'estomac bien remplis que je reprends la route jusqu'à Dar Salam.
Je passe la soirée dans un campement. J'observe un rapace taillé comme un faucon, au vol très agile et juste avant le crépuscule. Le Milan des chauves-souris serait-il passé par là? Je me prends à rêver qu'il s'agit bien de ce rapace que je rêve de voir, au vol si gaile pour capturer des chiroptères. Juste après cette apparition, le Molosse s'active et passe dans le ciel à la chasse aux insectes. On entends le chiroptère passer et repasser sur nos têtes quand une autre chauve-souris, minuscule elle, se promène sous les lumières de son vol papillonant.
3.2.2006
Je traverse tout le parc national à vélo. Pas de lion à signaler. Juste des Phacochères et deux antilopes sp. Toute la brousse bordant la route est brûlée. A peine sortis de la limite du Parc d'immenses surfaces brûlent ou terminent de se consumer. Il fait déjà chaud, et les cendres noires ajoutent encore plus à cette chaleur ambiante. Les feux de brousse pour gagner de la terre cultivable. On brûle toujours un peu plus sans forcément pouvoir contrôler les flammes. Je verrai de ces feux de brousse jusqu'au Mali - parfois à quelques dizaines de mètre de la route. Je ne peux pas m'empêcher de penser au mur dnas lequel nous fonçons tous. Cette manie qu'a l'espèce humaine de réfléchir à court terme... Bref..
10.1 Le pays Malinké vu de la droite de la route
10.2 et de la gauche de la route
Bateleur omniprésent, Francolin à double éperon sur les bords de la route et colonie de Guêpier à gorge rouge dans les murs sur les bords de la route et du Rollier à ventre bleu et un chevaéier culblanc dans l'enceinte du parc. Il est partout..
Gros soleil qui me donne un coup de soleil sur mon bronzage ... et la tête. J'oublie que ma tignasse ne me protège plus et j'attrape une grosse insolation. Je m'arrête à un campement à Mako où la chambre est aussi chère que le repas. le prix de la chambre restant correcte, je me passe du repas cuisiné. Je passe la soirée au bord du fleuve Gambie, déjà large alors qu'il sort juste des montagnes du Fouta Djalon. Toute une ambiance avec les hippos, les Alcyons géant et pie, un Héron strié. Les Guêpiers à gorge rouge se rassemblent dans un arbre du campement avant de retourner à la colonie. A la tombée de la nuit, tout ce que les environs comptent de sauterelle et de grillons se réveillent. ça chante et les chauves-souris se mettent en chasse. Je retrouve le bruit typique d'un chiroptère qui mâche sa proie.
10.3 Guêpier à gorge rouge
4.2.2006
Crampes d'estomac toute la nuit, un filet de liquide qui sort de mes entrailles. Je me prépare tout de même à reprendre la route jusqu'à ce que je vomisse tout mon déjeuner. Journée de repos forcé. Lorsque le patron vois ma tête il me signale qu'il m'offre le repas. Visiblement il est aussi mal foutu que moi. Je passe quelques moments à observer sur le fleuve Gambie, mais ni la force ni la motivation ne sont là. Le fils du patron vient discuter un petit moment avec moi et l'orsqu'il voit mes jumelles me demande de jeter un oeil avec. Les hippos ne l'intéressent que moyennement. Il regarde en direction des femmes à la lessive. Incorrigible. je lui fait un peu la morale et nous en rigolons.
Journée larve ou je passe mon temps à dormir et à me demander ce que je peux avoir. Giardiase, amibe, bactérie qui me font des misères dans l'intestin? Aucune idée mais le repas de midi reste en place.
Je me rends compte de la puissance des hippos. Force tranquille et gardien du fleuve. Mastodonte qui passe ses journées dans l'eau et au cris puissant. Je suis aussi au Sénégal au moment de la coupe d'Afrique des nations. Les hippos crient et la radio hurle.
La liste d'observation de Mako s'allonge. Ombrette, Alcyon géant, Alcyon pie, Martin-pêcheur à ventre bleu, 3 Chevaliers guignettes, des Jacanas, Hérons strié, Grande Aigrette, Vanneau éperonné, Coucal du Sénégal, Touraco violet, Perruche à collier Guêpier à gorge rouge, Gonolek de Barbarie, Gymnogène, Hirondelle à long brin, Ibis hagedash, etc...
5.2.2006
Je quitte Mako apparement en pleine forme j'arrive à Kedougou en état de fringale avancé. Je mange avec quelques routards croisé au campement de Dar Salam. Nous parlons du Niokolo Koba et des bestioles qu'ils ont pu observer. Mis à part des babouins et des hippos, pas grand chose à signaler. Ils n'ont pas du avoir un guide très assidus..
Malgrés ma fringale je n'avale pas plus de la moitié de l'assiette. Rare. Je fais ensuite péniblement 20 km et dois m'arrêter avant de passer dans les pommes. Histoire d'éviter une nouvelle insolation je roule avec mon chech mauritanien sur la tête. J'ai une tête d'arabe en Afrique noire.. Après une heure couché à l'ombre, mes cuisses peuvent à nouveau me porter et pédaler. Je me traîne tout l'après-midi, buvant un peu d'eau régulièrement. Quand l'estomac fait grève, plus rien ne fonctionne. Arrêt à Bembou où je fais la rencontre d'une jeune américaine volontaire du coprs de la paix. Elle est resté deux ans dans le village et est marié à un jeune du village. Elle me propose l'hopitalité et nous passons la soirée à discuter de la vie dans la région la plus pauvre du Sénégal. Nous sommes trois, le chef de case, elle et moi et nous échangeons beaucoup malgrés mes fatigues de la route. Nous parlons de la région, des pertes de tradition dans cette région, des échanges de culture, des conditions de vie dans cette région, où l'impôt ne vaut pas plus de 500 CFA par personne, mais où cet impôt demande une année d'économie. Des problèmes de ravitaillement en eau, de la boutique dans laquelle seul les touristes vont. De fabrication de fromage et d'exploitation de ce produit vital qu'est le lait, ... Nous soupons de riz aux arachides, presque sec. Nous déjeunons de lait caillé. Le chef de case m'explique que je dois manger ce qu'il m'offre - j'ai des scrupules à leur prendre de la nourriture - puisque la tradition dit que si l'étranger a un accident sur la route, c'est l'hôte qui en est responsable. Après cette explication je mange. Je laisse de la lecture à cette jeune américaine et un peu de nourriture.
6.2.2006
Option longue pour le passage de la frontière. Je passe par Nafadji - Satadougou pour rejoindre Kéniéba. Je n'aurais que 15km de goudron sur les 105km de la journée. La piste est très variable. De très bonne et large à jusqu'à n'avoir qu'un chemin me permettant juste de passer avec le vélo. Je me trompe de piste et me retrouve sur les chemins utilisés par les planteurs de cotons. Ils voient passer un cyclistes et doivent se demander se que je fais là - moi aussi d'ailleurs. J'arrive à une bifurcation me menant vers un campement. L'ambiance est bizarre et je vois passer des housses pour fusils de chasse. Du tourisme comme celui que j'exècre. Je demande ma route pour passer la frontière et file sans demander plus. Arrivé à la rivière Falémé faisant la frontière je vois que ... il n'y a pas de pont ou de gué. Je me repose un peu, décroche les sacoches du vélo, prends le vélo sur le dos et traverse. J'aurais de l'eau jusqu'à mi-cuisse. Deux voyages supplémentaires sont nécessaires pour amener les sacoches de l'autre côté. Je préfère rester léger pour ne pas passer tout le materiel à l'eau. Le temps de fixer les sacoches et je repars. De l'autre côté de la rivière, tout semble être la même chose. Je suis pourtant au Mali. Pas de poste de douane. Pas de tampon. Je relativise en me disant que je trouverai toujours un poste quelque part. Je me retrouve encore dans un champs de coton. La piste n'est plus qu'un chemin. Racines et troncs sont cachés dans la végétation dense et débordent du chemin. Je ne les voie qu'au dernier moment et ne peux pas toujours les éviter. Les sacoches ramassent des chocs violents. J'arrive dans un village et demande mon chemin pour Kéniéba. La distance qu'on me donne me décourage un peu. Depuis Tamba je ne mange que du riz. Je n'ai plus de force pour les derniers kilomètres. Les côtes sont brutales. Toujours en piste et très très raide. Je n'arrive pas à les monter sur le vélo. Je pousse. Je m'arrête pour prendre une photo de la piste et vois la casse du jour. Le 300 est brisé. J'ai deux morceaux qui peuvent encore s'emboîter et les lentilles sont intactes. Le moral tombe en chute libre.
10.4 Comment avoir deux Sigma à partir d'une seule pièce
10.5
Je met le 24-120 sans dire un mot, prends la photo de la piste et repart en serrant les dents. Journée de m*rde.
10.6
A Kéniéba je m'arrête au premier campement. Deux personnes y boivent une bière. On se salue et on fini par discuter un long moment. Un prêtre congolais et un chauffeur de la mission catholique de Kassama. Le prètre, Père Odon est allé en Suisse. Tout motivé il discute discute discute. Moi je suis mort. Je reste assis, vois des bières fraiches se poser et s'ouvrir devant moi, Père Odon me fait amener de la viande d'une rotisserie. Je me retrouve à boire la quatrième bière en moins d'une heure et avec l'estomac pleins. Le moral remonte un peu. Nous convenons que je vais leur rendre visite à Kassama lorsque je reprends la route pour Bamako. En partant il me recommande au patron du campement. Je vais être au petit soin et systématiquement invité à manger avec eux et boire le thé. J'en apprends toujours un peu plus sur l'hospitalité africaine. J'apprends l'histoire des caricatures de mahommet et nous en rions. eux aussi bien musulmans que moi catholique. Je passe la soirée à larver et à regarder la télé. Ne pouvant pas dormir avant minuit - trop chaud - je regarde un film d'horreur avec d'autres maliens. Le film est très mauvais, mais c'est très marrant d'écouter les commentaires de mes voisins.
7.2.2006
Le pays Malinké est pays de deux roues. Je croise beaucoup de monde à vélo ou en moto. Les pistes principales ont toutes une piste de vélo sur-imprimée. Séance de tampon à la douane. Pas de problèmes. Ils signent le visa sans me demander quand j'ai passé la frontière.
Je prends une journée de pause. Le Soleil est implacable. Difficile à supporter et ne motive pas à faire grand chose. Je répare la cassette arrière du vélo qui recommence à se dévisser. Ecrire, dormir, je ne vais préparer mes affaires que ce soir pour partir très tôt demain matin. Cette chaleur me pompe toute mon énergie. L'eau dans les bouteilles devient brulante et je rêve de mettre ma tête dans la neige fraîche. je suis définitivement un homme du frais... Depuis la terrasse je vois des vautours qui tournent en dessus de la ville. Sont là pour moi
On verra bien
Bonne lecture
Manu