Hello,
Marariver, Namibird, merci pour votre mot. Je continue le récit.
24.1.2006
Chacun sa route. Jérôme roule vers Dakar et la Casamance alors que je vais longer le fleuve Sénégal vers Tambacounda et le Mali. Nous faisons encore la piste de retour du Djoudj ensemble, faisons une très longue pause de midi, accolade et on file chacun de son côté. Après le village, concentration de limicoles, Vanneaux éperonnés et Gravelot pâtre trainant sur la route. Balbuzard et Busards des roseaux sillonnent les airs. Colious et Merles métalliques sont partout. Au bivouac, un couple de Pygargue vocifère passe en criant. Cris sonore, comme un courlis. Un Traquet motteux égaie ma soirée. Deux montagnards perdus dans le Sahel à se demander se qu'on fout là - enfin ... moi en tout cas, lui semblait plus occupé par les insectes.
25.1.2006
Pénible. route contre le vent, je me traine à 10km/h avant Richard Toll. Dur pour le moral et la volonté, se font saper petit à petit par ce vent. Pour couronner le tout, j'ai roulé dans ce que je pense être le cramcram de Théodore Monod. Cette graminée aux pointes dures. J'en retrouve - et retrouverai - plusieurs plantée dans mes pneus. Une crevaison à l'arrière. Toujours agréable avant de prendre la route le matin.
Gens sympas félicitant, gamin demandant des cadeaux et un immense maffé qui me remplis le ventre. Il en faut peu pour me remonter le moral, mais je suis trop mort pour ouvrir une boîte de sardine.. Je retrouve avec plaisir l'Elanion blanc en compagnie de plusieurs autres rapaces. Autour sombre, Milan noir, Busards des roseaux. Je prends moins de photos, me contentant de sortir mon boîtier au bivouac, bien souvent juste pour le coucher de soleil.
9.1
26.1.2006
Moins de vent de face. Moins de route à plat aussi. Faux-plat collineux, mais ça roule bien. Je rentre dans un paysage d'élevage. Forêts d'acacia avec un parterre de graminée et de ces vaches africaine à l'énorme bosse. La note du jour, les chiens se foutent royalement de notre passage. Plus besoin de piquer un sprint dès l'apparition d'une meute. Plus besoin non plus de leur lancer des caillous... On respire. Arrêt tôt au bivouac. Un coin m'inspire. Une belle lumière et quelques acacias en fleur. Plumeau jaune entouré d'une rangée d'épine. Un peu de douceur dans cet arbre brut.
9.2
9.3
9.4 Un Agrobate noir passe par là, juste pour dire bonsoir..
Milan noir, Aigle botté, Autour sombre, Traquet motteux, Huppes s'envolant le long de la route rythment la journée.
27.1.2006
Les compagnons de route changent. Traquet à tête grise et du désert au Maroc, Sirli du désert sur tout le Sahara occidentale et la Mauritanie, Tourterelle maillée et masquée depuis que nous sommes entré dans le Sahel. Depuis peu, la Huppe fasciée et le Rollier d'Abyssinie prennent le relais. Toujous un plaisir de les observer.
A Pete, sur la route de Matam, le temps s'est arrêté. Un petit vieux chante en bord de route. Il semble attendre un taxi-bus et s'occupe. Le village est animé. C'est midi. On vend, discute, marchande, attends le thé. C'est vivant. Pendant 5 minutes, tout s'arrête. Je n'entends plus que le chanteur. En face de moi les gens tendent leurs mains en offrande. Je regarde à gauche et voie la préposée au thé qui fais de même. Les femmes en marchandage de légumes à ma droite, idem. Plus un bruit. Tous ont leurs mains tendues. Attendant une bénédiction. Plus rien d'autre que le chant. 5 minutes. Puis le mouvement reprends. Le chant n'a pas varié. Le bruit du village le recouvre rapidement. Le vieillard continue, sa main droite sur l'oreille, comme s'il était seul au monde.
29.1.2006
La journée des surprises. Paysage magnifique, collineux, Baobabs - dès les premiers baobabs vu je me suis offert le plaisir de dormir sous cet arbre, seul végétal ayant des racines aussi bien dans le sol que dans les airs -, paysage où même les couleurs sont sèches et dont toute fraîcheur a été aspiré par le soleil. vert terne, jaune vif. Parfois, une bouffée rose oblige à l'arrêt
9.5
9.6
Sur la route je trouve un Rollier éclaffé. Je ramasse quelques plumes qui finiront dans le carnet de route. Pendant que j'officie, un camion allemand me dépasse et s'arrête. Un couple sort, on discute un peu. Ils me proposent le plein de mes bouteilles, et surtout - ô délice suprême - du pain frais, fais maison. Ils ont un four dans leur camion et on fait du vrai pain. Complet avec des graines. Du pain qui a du goût. J'en avais presque oublié à quoi ça ressemblait après le pain blanc mauritanien et sénégalais. Je ferai durer ces quelques tranches au maximum. Quelques centaines de mètres plus loin, je coche coup sur coup le Bateleur des savanes et le Grand Calao terrestre d'Abyssinie. Ajoutez y encore un Chacal quittant une mare au petit matin. Je sautille de joie sur mon vélo...
9.7
Je veux rejoindre Tambacounda rapidement. Cela est d'autant plus facile que j'ai du vent dans le dos. Je file. Après Kidira je passe sur une route touristique. Les cris des enfants passent d'un agréable Bonjour et Bravo à un désagréable CADÔÔ.. Le reste de la route devient monotone. L'esprit divague et je commence déjà à préparer le mail que je vais envoyer à la famille et aux amis. Comment présenter les régions que je traverse en quelques mots. je longe les rails du train Bamako-Dakar et vois parfois des maisons coloniales relativement bien conservée. Mon texte prends forme, petit à petit. Encore une demi journée de route et je pourrais aller taper ce qui me trotte en tête:
"
L'Afrique sub-saharienne évoque toujours des images lointaines. Enfin dans mon cas. Le petit village au milieu de la brousse, composé de cases en terre et de toits de paille. La végétation sèche. Jaune vif tellement le soleil la travaille. Les arbres, acacias ou baobabs. Le décore est planté. Ajoutez y une ribambelle de gamins qui crient toubab - le blanc - et cadeau ou alors simplement bonjour - selon que vous circulez sur une voie touristique ou non. Les femmes qui travaillent autour des cases, le bruit du mortier a midi et le soir. Les hommes? Quelque part, je les vois rarement. Chèvres et moutons qui sillonnent les villages à la recherche de nourriture. Les troupeaux de vaches africaines - avec leur bosses et d'immenses cornes a faire palir les reines valaisannes - généralement conduit par un ou deux adolescents. Pour les oiseaux, si possible bien colorés et aux noms rêveurs. Merle métallique à oreillon bleu. Grand Calao terrestre d'Abyssinie. Bateleur des savanes. Elanion à queue d'hirondelle - traduction littérale du nom anglais. Vanneau à coiffe noire. Et parfois de ceux que l'on connait bien - la Huppe. Pour les mammifères, moins de choix. Phacochère - particulièrement peu farouche. Le Chacal au bord d'un point d'eau - si vous avez un peu de chance. Et des écureuils sprintant sur le goudron. Tellement stressés qu'on entend les griffes ripper sur le goudron. Couvrir le tout avec un bon soleil. Si possible implacable et laissant peu d'ombre en milieu de journée. Ajoutez l'Harmattan pour rafraîchir quelque peu l'atmosphère. Parfois - au milieu de la végétation - faites y encore apparaître des reliques du siecle passé. Anciennes batisses des seigneurs coloniaux, souvent annoncé par un chateau d'eau dominant - presque - les baobabs."
Demain je suis à Tambacounda. Quelques jours de pause avant de partir pour le Mali en passant par ... le Niokolo Koba..
Bonne lecture
Manu