Je continue mon récit en posant un peu de texte sur mes mésaventures du PNBA. Car il y en a eu.
31.12.2005
Le Banc d'Arguin tient ses promesses. Balbuzard, Martinet des maisons, Barges à queue noire, Bécasseaux, Courlis, Sterne caspienne, un Grand-duc ascalaphe chantant dans la nuit, ambiance désert.
Nous prenons le temps d'observer avant de prendre la piste pour Iwik. Sterne caspienne en train de pêcher, Barges à queue noire en train de manger, et des libellules qui me passent et repassent sous le nez. Ces libellules. Partout - toujours. Depuis Agadir je pense en avoir vu chaque jour. Même en pleine mer, même en plein désert.
Depuis Arkheiss 30 kilomètres de piste pour arriver à Iwik. Environ un quart était du sable et nous a obligé à pousser. Une journée pour faire ces misérables trente kilomètres. Les joies du sable sont impénetrables. L'arrivée à Iwik nous remonte tout de suite le moral. Quelques minutes d'observation au village nous laisse pantois. Pélican blanc, Mouette à tête grise, Héron, Aigrette des récifs, limicoles par paquet de dix. Première fois depuis bien longtemps que nous voyons passer un oiseau sous notre nez sans pouvoir lui poser un nom.
Soirée du nouvel ans en compagnie de touristes français et espagnols. Soirée à déguster bières, vin et champagne. Après un mois sans alcool..
2.1.2006
Vol.
Nous nous sommes fait visiter la tente hier en matinée. Ma montre, mes stylos et mon GPS se sont fait ramassé. J'ai réussi à être assez c** pour oublier montre et GPS dans la tente.. Mais ce seront les stylos qui me manqueront le plus. Sans stylo, plus de carnet de voyage. Plus aucun moyen de divaguer sur papier ce que ma tête rumine pendant les heures de routes. Je me sens presque orphelin.
Tout cela n'aurait été qu'une anecdote de sur ma naïveté et ma bêtise si il n'y avait eu ce cher Iwuko, chef du camping. Un simple vol est devenu une affaire politique puisque à l'en croire "Le vol n'existe pas en Mauritanie" (sic!). Je n'ai pas pu me faire voler du materiel dans Son camping. Son honneur est perdu et il me traite de menteur. Avant que je ne le prenne par les pied pour planter des piquets de ces tentes maures Jérôme s'occupe de calmer le jeu. Il doit jurer sur la bible que je me suis bien fait voler ce materiel. Ayant juré sur sa religion, le problème est reglé. Mais nous sommes devenus "
persona non grata" dans ce camping. Mes soupçons vont évidemment vers ce cher chef de camping m'ayant avoué lui même être venu voir dans la tente si nous étions rentré le jour du vol. Cela n'importe plus pour moi. Vite loin de ce personnage magouilleur et malsain. On nous trouve une voiture en une heure (alors que nous avions eu besoin d'une journée à notre aller) et nous repartons vers la capitale.
Heureusement qu'il y a eu les oiseaux. Par nuage. Il suffit de s'assoir au bord de l'océan et d'observer. Les coureurs des sables font leur va-et-viens sans trop se préoccuper de nous. Les crâbes violonistes se souvient plus des menaces aériennes que de ce comique avec son téléobjectif. Bref, l'avifaune était au rendez-vous et nous en avons profité.
5.1.2006
Nous avons retrouvé le goudron vers midi et on reprends cette impression de voler au dessus de la route. Après 5 jours à observer les oiseaux, J'éprouve un grand plaisir à reprendre la route. Voir défiler le paysage pas si monotone que ça.
5.1
5.2 Les carabes font la trace sur les dunes toute la nuit
5.3
6.1.2006
Route. Vent. De dos puis de face. Pénible pour le moral de passer de 30 km/h à 15 km/h.
Paysage superbe ce matin. Dunes, sable rouge et collineux. Monotone avec vent de face cet après-midi. Nous prenons du vent chaud, en y ajoutant un petit soleil nous épuisons nos réserves d'eau plus rapidement que prévu. J'arrête un espagnol qui nous donne 3L. Jeep à habitacle renforcé, GPS couplé à un écran 14", la technologie vient de faire son apparition en Mauritanie. Demain nous sommes à Nouakchott. Le Paris-Dakar aussi. Motivé par l'un, pas par l'autre. Ce sera la seule fois du voyage ou je me suis fait avoir par ma consommation d'eau.
Je profite d'avoir encore un peu de lumière au bivouac pour prendre vélo, tente et JC en photo.
5.4 Le Koga bien chargé
5.5 Ma maison pour les 4 mois du voyage
5.6 et JC, le nain qui arrivait du Spitzberg. Il nous a suivi jusqu'au Mali et a fait tout le Sahara sur mon vélo
7.1.2006
Nouakchott, arrivée à 10h30 du matin. Nous prenons un café et allons chercher une auberge. Direction centre ville et nous nous rendons compte de la folie qui règne dans cette ville. Pire qu'à Nouadhibou. Les routes sont ensablées, les voitures nous dépassent aussi bien par la droite que par la gauche, première fois du voyage ou nous avons peur des autres véhicules. Nous posons pied à terre et trouvons notre auberge à pied. Nous prenons nos marques une fois installés dans ce havre de paix qu'est l'auberge de jeunesse de nouakchott. Lessive, marché, internet, change. Nous allons rester dans la capital quelques jours. La Tabaski oblige.
Arrivée du Paris-Dakar, passage de camions énormes et fluo dans les rues défoncées de Nouakchott.
8.1.2006
Ville folle. Ville africaine aussi. Ville de Paris-Dakar. Les voitures multicolores cotoîent les taxis pourris. Deux mondes se touchent mais ne se mélangent pas. Des pilotes avec des grappes de mauritaniens sur la place du marché. Un photographe entouré de flics reste éloigné de tout et prend ses images au 70-200. Je ne peux pas parler de rencontre entre deux mondes, mais plutôt de deux mondes parallèles avec quelques rares et fragiles passerelles. L'un a le temps pour lui, l'autre a l'argent. Pas bon de marchander le jour de repos du Paris-Dakar. Les mauritaniens font des affaires. Le taux de change explose et le prix du litre est multiplié par quatre. Juste le temps d'un week-end..
12.1.2006
5 jours dans une ville et ne rien avoir à dire. C'est rare.
Nouakchott n'est rien d'autre qu'un gros village. Aucune infrastructure, aucun organistaion, les rues sont des toilettes publiques - tout comme le mur de notre auberge. Pas de voirie, la ville est ensablée, le goudron rare et les véhicules fou. Je ne suis jamais tranquille en traversant la rue. Encore moins à vélo. Nous aurons au moins réussi à sortir de la ville à 5 vélos et vivants.
J'ai définitivement de la peine avec les mauritaniens. Ils nous prennent littéralement pour des cons et essaient de nous avoir à tous moments. Tout doit être marchandé. Y compris la nourriture. Toujours être sur ses gardes. Cela devient presque fatiguant. Je n'ose imaginer à quel point les gens du Paris-Dakar se sont fait avoir..
Nous discutons beaucoup avec les expat', et profitons aussi de leur connaissances et de leur véhicules pour visiter un peu le coin. L'océan par temps d'orage avec ses Sanderling jouant à saute mouton avec les vagues ou le bar du centre culturel français sont des bouffées dans cette ville pourrie.
5.7 à gauche
5.8 à droite
5.9
13.1.2006
Journée miracle. J'ai reçu mes pièces détachées ce matin juste avant de partir. J'installe mon compteur, répartis vis et chambre à air dans mon paquetage et on repart. La bonne nouvelle suivante étant que l'on sort vivant de Nouakchott. Nous avons retrouvé nos compagnons de route et partons à 5 pour le Sénégal.
Transition rapide et impressionnante. Partis de Nouakchott et le desert ce matin nous dormons ce soir danms le Sahel. Végétation, acacias, nous pensons faire connaissance avec le cram-cram de Théodore Monod. Nos pneus font aussi connaissance avec les joies du Sahel. Beaucoup d'oiseaux également. Autour sombre ou gabar, Tourterelle maillée, merle métallique, etc... L'avifaune africaine est bien là.
5.10
5.11
5.12 bibi se fait prendre en photo
14.1.2006
La barrière saharienne est passée. Place maintenant aux migrateurs trans-saharien. Nous observons notre première Huppe fasciée et sommes comme fou. Plus loin un arbre remplis de baie fait le bonheur de l'estomac d'une Fauvette orphée. Les insectes volent partout. La nourriture est là en abondance et nous comprenons un peu les raisons d'un tel voyage de nos nicheurs. Je regrette mon macro. Guêpe au corps pourpre, ailes vertes irisées, antenne jaune. Phanéroptère sp. aux élytres d'un vert fin, bordées d'une fine ligne rose travesré dans sa longueur d'une bande médiane jaune et ramifiée de traits blanc sales. De toute beauté.
Sahel donc. Nos migrateurs cotoîent le slocaux. Journée d'observation folle ou nous passons des Huppes aux merles métalliques, des Hirondelles de rivage aux Tourterelles masquées. J'ai noté quelques observations de cette journée:
Pour les migrateurs européens:
Huppe fasciée
Pouillot de Bonelli
Fauvette orphée
Fauvette à tête noire
Hirondelle de rivage
Bergeronnette printanière
Pie-grièche à tête rousse
Et pour l'avifaune africaine:
Etourneau à ventre roux
Tourterelle masquée
Souimanga à longue queue
Autour sombre
Corbeau pie
Cratérope fauve
Que du bonheur.
Prochain épisode, le Parc national du Diawling et le passage de la frontière sénégalaise
Bonne lecture
Manu