La fin du voyage approche ...
Lundi 17 août
Nous quittons le Botswana et retrouvons les terres namibiennes. Nous traversons la réserve de Mahango, prenons notre repas de midi à l’orée d’un village puis passons à Divundu pour refaire nos courses à la superette locale. Initialement, notre voyage ne devait pas pousser plus loin vers l’Est. Le Botswana devait être le point ultime, ensuite nous devions revenir sur nos pas et visiter quelques sites au nord de Windhoek. Mais comme nous avons gagné du temps en restant moins longtemps que prévu au Botswana, nous avons une journée de marge par rapport à notre planning. Pourquoi ne pas tenter de découvrir les quelques sites plus à l’est où de nouvelles espèces au superbe plumage nous appellent … Rollier à raquettes, Rolle violet ? Nous ne sommes pas contre partir à leur rencontre.
Nous atteignons Kwando et cherchons l’entrée du parc et de son camping qui sont signalés dans notre guide. Après quelques allers-retours et renseignements pris auprès des militaires du Check point, il semble qu’il n’y ait ni camping, ni parc … bref, on est un peu perdu ! Alors que le soleil passe derrière l’horizon, on se rabat sur le premier camping signalé depuis le bord de la route, Mazambala Island Lodge, que l’on atteint après deux kilomètres d’une piste sableuse. Il reste deux places au camping, le site semble propre et tranquille. Info sympa du gérant : la nuit dernière, des éléphants sont venus dans le camping pour se nourrir des feuilles des arbres sous lesquels on vient de mettre notre tente … il essaie de nous rassurer en nous disant que depuis qu’il travaille ici, c’est la première fois que les éléphants entrent dans son camping. Suite à du braconnage dans le parc voisin, ils se seraient dispersés dans les environs. On va peut être déplacer la tente, on ne sait jamais … On prépare notre feu du soir, cuisinons des œufs au plat, des œufs durs pour le lendemain et des pâtes. Ces dernières ne sont pas encore cuites que les premiers barrissements se font entendre. Les Éléphants ne sont pas loin et ils se rapprochent. Nous engloutissons nos pâtes près de la voiture, puis nous nous y réfugions pour y passer la nuit.
Mardi 18 août
Quelle nuit ! Il faut dire que nous n’avons pas fermé l’œil. En cause, évidemment, une poignée d’éléphants qui a envahi le camp. Barrissements, branches arrachées et passage à proximité de la voiture nous ont maintenus éveillés. Difficile de dormir dans ces conditions. Bref au petit matin, c’est avec les yeux gonflés que nous constatons les dégâts sur les arbres et la clôture de roseaux derrière nous. Un éléphant est tout simplement passé à travers !
Nous discutons avec les occupants du 4x4 voisin et pour eux aussi la nuit a été dure. Ce sont des Suisses et ils se dirigent vers les chutes Victoria. Problème, leur véhicule n’est pas autorisé à sortir du territoire namibien, ils n’ont pas pris l’extension nécessaire. Après un temps de réflexion, on se propose de se joindre à eux et de mettre en commun nos moyens, notre voiture disposant de l’autorisation de sortie. D’après leurs informations, les chutes sont à 90km après la frontière. Là nous sommes à 110 km de cette dernière soit 200 km des chutes donc 400 km aller-retour, c’est faisable sans problème dans la journée. Un peu d’improvisation dans le voyage ne fait pas de mal et ce n’est pas demain que l’on reviendra dans ce coin du monde. Soyons fous, allons voir ces fameuses chutes ! Nous avalons les 110 km qui nous séparent de Katima Mulilo en filant à 120 km/h, vitesse max autorisée à laquelle nous n’avions pas encore roulé en Namibie. Sur place, nous cherchons un lodge afin de laisser leur 4x4 dans un lieu sécurisé. Après quelques tergiversations, nous jetons notre dévolu sur le camping de l’hôtel Protéa, situé juste au bord du fleuve Zambèze. Le temps de retirer de l’argent, faire le plein d’essence et nous voila au poste frontière avec la Zambie (qui eu cru qu’un jour on irait en Zambie !, nous en tout cas, nous sommes les premiers surpris !). Le passage de la douane namibienne se fait de façon express. Celui de la douane zambienne apparait beaucoup plus chaotique. Alors que nous étions au lodge au Botswana, nous avions, par curiosité, regardé quelles étaient les modalités d’entrée en Zambie. Verdict, une taxe de 50 dollars américains par personne et elle est à payer en dollars américains uniquement ! Au guichet, après négociation, ils acceptent nos dollars namibiens. Ensuite commencent les longues attentes aux différents guichets. Au deuxième, il faut s’acquitter de 50 Kwatchas pour l’entrée de la voiture … là plus possible de payer en dollars namibiens. Deux options pour avoir de leur monnaie, soit négocier avec les innombrables agents de change qui ne vous lâchent pas dès que vous mettez le pied dehors, soit aller au distributeur. On choisit cette option. Nous remplissons ensuite 4 fois le même formulaire avec les numéros du châssis et du moteur sur de vieux cahiers (que personne ne doit lire et qui s’empilent dans un coin). Ah, j’oubliais, il faut aussi payer une taxe de 500 kwatchas pour pouvoir circuler sur les routes du pays (soit environ 42 euros) et contribuer à leur amélioration. Encore un dernier bureau à passer et enfin nous pouvons partir. A 4, cela nous a pris 2h pour passer cette épreuve ! On remonte dans la voiture, on fait 10 m et on se fait arrêter, il y a encore un cahier à remplir avec les numéros … vous deviner lesquels ! Que de paperasses pour rien !
Nous entrons sur le territoire Zambien, faisons un kilomètre et arrivons à une intersection. Une route part vers la droite, une autre vers la gauche et pas la moindre indication. Ça commence bien ! On demande à des passants, et l’on tourne vers la droite ! Visiblement, il n’y a qu’une seule route jusqu’à Livingstone. En sortie de la ville, enfin un panneau qui nous conforte dans le fait que nous sommes sur la bonne route. Toutefois nous sommes surpris par la distance affichée … 190 km ! Nous qui pensions qu’il n’y en avait que 90 ! On commence à envisager de ne pas rentrer ce soir ... Sur les conseils d’un voyageur rencontré à la douane, nous avions demandé un visa de visite de cinq jours alors que nous pensions au départ ne demander que pour un seul, juste le temps de faire l’aller-retour pour voir les chutes. Le conseil était judicieux ! En plus la route commence à se dégrader rapidement. Ce ne sont pas des nids de poules qu’ils ont dans le pays mais des nids d’autruches ! Notre moyenne tombe sous les 60 km/h, ce qui signifie plus de 3 heures pour se rendre à Livingstone. La conduite est éprouvante tant elle demande de l’attention pour ne pas fracasser la voiture dans certains des nids. Par endroits, il y a plus de trous que de bitume ! Pas vraiment d’oiseaux à observer le long de la route et de toute façon nous n’avons pas le temps. On fera un petit stop pour 4 Bucorves, 3 adultes accompagnés d’un gros jeune, déambulant à la recherche d’insectes sur le bord de la route. Ce n’est que notre deuxième obs après celle du Kruger l’an dernier.
326. Bucorve terrestre jeune, Zambie
327. Bucorve terrestre adulte, Zambie
Nous atteignons enfin la ville de Livingstone, du nom de l’explorateur Écossais qui fut le premier blanc à découvrir les chutes du Zambèze.
En fin d’après midi, nous arrivons près des chutes qui se trouvent juste à la frontière avec le Zimbabwe. Nous laissons nos passeports au poste de douane et allons découvrir le pont qui enjambe le fleuve. Nous sommes en saison sèche et le débit n’est pas très important. L’eau ne coule que sur une petite portion du front de chute, et la partie la plus importante se trouve côté Zimbabwe … L’avantage principal de venir découvrir le site à cette époque est la visibilité. En pleine saison des pluies, le tumulte des cataractes génère un brouillard permanent rendant difficile la vue sur celles-ci. On imagine ce que peut donner 500 millions de litres d’eau s’engouffrant par minute dans ces gorges !
L’entrée dans le parc de Victoria falls coûte 20 dollars américains. Il est tard, nous préférons revenir demain matin.
Mercredi 19 août 2015
Vers 6 heures du matin, nous pénétrons sur le site des chutes Victoria (Mosi-oa-tunya). Les premières lueurs du jour apparaissent à peine sur l’horizon que déjà, les Calaos trompettes s’envolent depuis leur dortoir situé sur un arbre surplombant les chutes. Ils sont au total 45. Nous les suivons et le sentier balisé nous emmène en face des colonnes d’eau. Quel spectacle ! 10 ans après sa découverte, Livingstone écrira : « Le soleil matinal dore ces colonnes de vapeur du somptueux éclat d’un double ou triple arc-en-ciel... Le soleil, si puissant partout ailleurs dans ce pays, ne pénètre jamais la profonde obscurité de cette ombre. En présence de l’étrange Mosi-oa-Tunya, nous sympathisons avec toutes les créatures qui, quand le monde était encore jeune, peuplaient la terre, l’air et la rivière en compagnie d’êtres n’ayant pas de forme mortelle… Les anciens chefs batoka allaient adorer cette divinité dans les îles au bord des chutes. On peut sans peine imaginer que sous les colonnes de nuage, au pied des arcs-en-ciel éclatants, dans le rugissement perpétuel de la cataracte dont les eaux se déversent comme éternellement de la main du Tout-Puissant, leurs âmes devaient assurément s’emplir d’une crainte divine. »
328. Chutes Victoria (Zambie)
Nous sommes aux premières loges, comme un premier matin du monde à observer l’un des plus impressionnants spectacles de la nature. Devant nous, s’élève la plus haute partie des chutes avec une hauteur atteignant les 108 m, soit deux fois plus haut que les chutes du Niagara. A cet endroit, le Zambèze large de 1708 m vient disparaitre dans de profondes gorges de basalte qu’il a creusées au cours de millions d’années. Le soleil se lève et l’atmosphère se remplit de fines gouttelettes. Faisant fi de la gravité, elles remontent le long des parois créant une ambiance irréelle.
329. Pluie inversée
Les rayons du soleil traversent cette pluie inversée et créent de nombreux arcs en ciel. Leurs couleurs se mélangent au blanc de l’écume et au noir de la roche magmatique.
330. Chutes Victoria (Zambie)
C’est à ce moment là qu’un Pygargue vocifère choisit de prendre son envol dans le fond des gorges. Les thermiques n’étant pas suffisants, il fait plusieurs allers-retours sans parvenir à prendre de la hauteur. 5 min plus tard, il repasse devant nous, atteint le front des chutes et se pose sur un arbre accroché au dessus du vide. Il n’y reste pas longtemps, comme pour reprendre son souffle, puis repart vers l’amont du fleuve.
331. Pygargue vocifère, Chutes Victoria (Zambie)
332. Chutes Victoria (Zambie)
Là se trouve une spectaculaire succession d’iles fluviales formées au cours du temps par l’érosion du fleuve. Les premiers touristes arrivent alors que nous traversons un pont suspendu. De là, la vue donne sur une forêt vierge exceptionnelle qui n’existe que grâce à l’humidité et la brume qui se dégage des chutes. On ne trouve donc cette forêt que dans un périmètre restreint ne dépassant pas 500 m en aval des chutes. De grands arbres aux essences variées s’y sont développés à l’ombre des impressionnantes falaises.
333. Pont, Chutes Victoria (Zambie)
334. Bulbul à cape noire, Chutes Victoria (Zambie)
Cette forêt alluviale et les falaises environnantes accueillent des espèces remarquables comme le Faucon taïta ou l’Aigle couronné. Depuis notre point d’observation, nous suivons les Calaos trompettes volant d’arbres en arbres. Seules certaines essences produisant des noix semblent les intéresser.
335. Calao trompette, Chutes Victoria (Zambie)
336. Calao trompette, Chutes Victoria (Zambie)
Plus discret, un autre frugivore, un Touraco de Schalow se faufile avec une grande agilité dans la frondaison des arbres en dessous de nous. Il vole peu et passe son temps à sauter de branches en branches avec une vélocité surprenante. C’est un oiseau au plumage tout simplement magnifique, de couleur vert émeraude. Lorsque l’on parvient à bien l’observer, il semble s’être maquillé avec les yeux rehaussés de rouge, de noir et de blanc. Une petite perle comme sait si bien nous offrir l’Afrique !
337. Touraco de Schalow, Chutes Victoria (Zambie)
338. Chutes Victoria (Zambie)
339. Chutes Victoria (Zambie)
Nous contournons les chutes et remontons sur la partie amont pour se retrouver au plus près des cascades, ce qui permet d’obtenir des perspectives à couper le souffle.
340. Chutes Victoria (Zambie)
341. Chutes Victoria (Zambie)
Un militaire vient nous voir et nous précise que cette zone est interdite sans guide ou sans un militaire car il y a des risques d’accidents. Il demande au passage si l’on n’a rien pour lui, on sort un petit billet et il va voir ailleurs ! Les back chiches semblent être une spécialité zambienne … Il n’y a pas ici de volonté politique de lutter contre, contrairement à d'autres pays voisins.
342. Chutes Victoria (Zambie)
343. Libellule, Chutes Victoria (Zambie)
344. Bergeronnette pie, Chutes Victoria (Zambie)
345. Hirondelle à longs brins, Chutes Victoria (Zambie)
Nous terminons la visite du site en empruntant un sentier qui donne accès à l’aval des chutes. Nous traversons une petite forêt de palmiers ce qui apporte une touche tropicale originale.
Au pied de la falaise, jaillit une rivière. L’eau doit s’infiltrer plus en amont sur le Zambèze et ressort ici avec une puissance impressionnante. Le chemin se termine au pied du majestueux fleuve alors qu’un couple d’Aigle de Verreaux traverse les gorges, haut dans le ciel.
346. Scinque strié, Striped Skink (Trachhylepis wahlbergi)
13h, il est temps pour nous de quitter le site car nous devons passer la frontière namibienne avant 18h.