Focus sur les COWpains : Christophe Jobic (Amarula)

Bonsoir à tous, Sourire

Le septième Focus sur les COWpains. sera consacré à

Christophe Jobic (Amarula)

"Je suis né en 1971 et tout petit j’ai été baigné dans les photos de voyages lointains que rapportaient mes parents chaque année.
J’ai donc grandi au contact d’appareils photo et entre les carrousels de Kodachrome des super soirées diapos avec fondu enchainé .
Initié au maniement de reflex et des moyens formats par mon père et mon grand-père, j’ai également pu profiter des magazines photo (notamment Chasseur d’Images qui m’a appris énormément au fil des années) et du laboratoire N&B installé à domicile dans une pièce noire dédiée.
Je me suis donc imprégné de la théorie et j’ai pu accumuler les expériences petit à petit, sous la bienveillance du cadre familial.

Juste après le bac, j’ai eu le bonheur de me voir offrir un Minolta Dynax 7000i : un des tout premiers reflex autofocus.
Un an plus tard, je laisse tomber la fac de sciences pour me consacrer 100% à la photo (DEUG art/photo puis école des Gobelins).
J’ai un tempérament et un mode de fonctionnement autodidacte, aussi les études c’était plus pour rassurer mes parents et continuer à évoluer dans un cadre…

Mais la partie laboratoire m’a appris beaucoup de choses sur la technique, tant depuis la prise de vue que jusqu’au tirage.
Même si ce domaine est presque obsolète aujourd’hui, il reste des bases dans le flux numérique.

À 20 ans, j’étais attiré par la photo de sport et par l’action.
Le paysage, le studio et les natures mortes m’ennuyaient, et à vrai dire les photos d’animaux aussi, bien que j’ai toujours apprécié les documentaires animaliers.
C’est l’époque de mes premières publications magazines (Le Figaro, Vélo Vert, Elle, Chasseur d’Images, Photo, Roller Saga, Auto Plus…) et autres catalogues. À 22 ans je deviens progressivement le photographe-reporter attitré du magazine Vélo Vert (1er magazine VTT) qui m’envoie notamment couvrir les compétitions internationales sur les 5 continents.

C’est aussi dans la Presse que je découvre le Macintosh et tout le processus argentico-numérique qui passe de la diapositive à la mise en page sur écran puis à l’étape pré-presse avec scanner rotatif avant l’impression d’épreuves de contrôle et de plaques offset.
Avec une grande autonomie et une liberté que je mesurais à peine, mais dont je jouissais pleinement, j’ai eu la chance de pouvoir être acteur de cet univers qui a été bouleversé par l’arrivée de l’informatique facile puis de la photo numérique.
En moins de 10 ans, tout a été transformé, des étapes et même des professions ont totalement disparu aujourd'hui…

Dès le début des années 90, je suis passé sur Canon avec les excellents EOS1, puis 1N, puis 1NRS, puis 1v… complétés par d’excellents (télé)objectifs pas encore IS, mais à grande ouverture obligatoire, dont l’éternel et unique 200mm f/1.8 que je possède toujours.
Je shootais en film diapo, car l’archivage, la manipulation, l’étape de légende et le tri étaient beaucoup plus faciles qu’avec des négatifs.
Mais pour conserver une bonne qualité, c’était Velvia 50 ISO ou Ektachrome 100 ISO… Il existait des films diapo en 400, mais le grain et la perte de contraste étaient terribles !

Au printemps 2003 j'ai fait le grand saut en me séparant de tous mes EOS1 argentiques pour acquérir dès sa sortie l’EOS1Ds, tout premier «full frame» numérique de l’histoire et dont la qualité dépassait enfin celle du film.
Du moins l’égalait-elle en faisant sauter la barrière des 36 poses. L’avantage c’est que j’avais alors pu conserver tous mes objectifs et flashes.
Une page se tournait et je devenais acteur puis progressivement conseil pour différents collègues dans la mise au point d’outils et de méthodes adaptés au nouveau monde digital : stockage, édition, backups, archivage, calibrage, «derawtisage», post-traitement, transferts, diffusion…
Toujours dans une démarche de production presse, au début je ne shootais qu’en JPEG.
Ce choix notamment, car j’étais habitué à exposer juste (en diapo, s’il y a un écart d’un IL, la photo part à la benne direct…). Mais aussi parce que tout était plus rapide ensuite (visionnage, tri, archivage) comparativement au RAW pour lequel les outils de développement type Lightroom n’existaient encore même pas en rêve.
Et enfin pour des raisons économiques : la première carte CF de 1Go que j’avais acquise pour mon 1Ds valait 990€ !

L’Afrique était un continent qui ne m’attirait pas pas du tout, mais c’est entraîné en Afrique du Sud en 2007 par ma femme Lætitia que j’ai attrapé contre toute attente le virus de la savane et de la photo animalière.
Depuis, la passion se développe et j’essaye de partir autant que possible : Afrique du Sud à plusieurs reprises, Zimbabwe, Malaisie, Zambie, Canada, Mozambique, Alaska, Botswana, USA…
Mais ce sont les lumières splendides et chaudes, les paysages aussi variés qu’immenses et surtout les mammifères qui peuplent l’Afrique qui m’attirent le plus.
Petit à petit, je progresse dans le domaine de la photo animalière et dans la découverte des espèces.
Je suis plutôt attiré par les félins et les mammifères, mais les rapaces ne manquent pas d’intérêt et les oiseaux deviennent plus intéressants au fur et à mesure que je m’y intéresse.
Côté photo, c’est difficile de changer des habitudes décennales, j’aime le mouvement, la belle action qui met en valeur le sujet, le piqué et le cadrage serré.
Du coup je recadre rarement en post-prod… mais je serre souvent trop, alors je m’efforce de varier en lâchant le 600 pour faire des plans d’ambiance au 400 ou 70-200.

La photo n’est plus mon activité gagne-pain, mais avec un nouvel élan de passion pour la photo de faune Africaine, je suis à présent mieux équipé que lorsque j’étais 100% photographe pro !
Je me suis équipé d’un drone l’année dernière pour élever certains points de vue photo (notamment d’ambiance), et cela m’a poussé vers la vidéo.
J’avais fait un premier clip qui semblait avoir beaucoup plu, du coup je me suis équipé un peu mieux de ce côté et j’en ai un nouveau en cours de montage.

Je continue d'apprendre beaucoup entre les voyages en lisant des livres et guides et magazines sur la faune, mais également en visitant quotidiennement COW.
J’ai trouvé chez les membres de cette communauté restreinte une excellente ambiance, une vraie source de motivation et de partage, ainsi que des copains aussi virtuels que réels.
Des échanges et des rencontres qui ont changé le cours de ma vie, en commençant par celui de mes voyages et destinations.

J’aime les carnets de voyage, surtout ceux avec de vrais morceaux de backstage dedans, et plus encore quand il y’a de l’autonomie et de l’aventure.
Comme tout le monde, l’inconnu me fait peur, mais c’est excitant et sur place, c’est généralement plus facile qu’envisagé… ou alors j’ai peut-être eu de la chance jusque là.
Je suis parti plusieurs fois tout seul dans le bush, mais depuis qu’ils sont tout petits, nous avons régulièrement emmené nos deux fils (9 et 14 ans aujourd’hui).
Le refus de nombreux lodges d’accueillir les enfants nous a plutôt dirigé vers les safaris en self drive. Même si l’on apprend plus vite et qu’on voit plus de choses avec des guides et trackers, ce sont le self drive et l'isolement dans le bush que je préfère…
J’ai alors l’impression de revivre, libre et vulnérable en profitant chaque instant du contact de la nature sauvage… Un peu au regret de ma femme et de mes enfants qui préfèrent quand même le confort et la sécurité réconfortante des lodges.

Fin janvier, j’ai rejoint quelques jours Picasso et Vahiné dans un secteur isolé du Kalahari.
Un soir nous étions les trois seuls « touristes » sur plus de 5000km2, sirotant tranquillou un petit Amarula au coin du feu en compagnie de 3 lions qui nous ont fait un concerto a capella dès l’obscurité installée…
On n’a pas fait de photo ce soir là, mais c’était le pied !
En fait, je crois que la photo est un prétexte, mais que parcourir librement la savane à la recherche d’animaux est déjà source d’un grand bien-être.

Aujourd’hui j’ai le privilège de diriger une super équipe ainsi que la société pour laquelle je travaille depuis plus de 20 ans, et je parviens à trouver un certain équilibre en effectuant régulièrement des safaris afin de me ressourcer, loin du stress occidental que je trouve de plus en plus superflu.
Penser que quoiqu’il arrive, le soleil continuera de se lever majestueusement sur la savane comme il le fait tous les jours depuis des millénaires, ça permet de mettre en perspective les « problèmes » du quotidien et de la vie professionnelle.
J’aime replonger dans la sérénité originelle de la savane, réapprendre la patience — qui seule permet de s’émerveiller de la faune et ses comportements étonnants —, vivre au rythme du soleil dont les levers et couchers sont sans doute les plus beaux de la Terre dans cette partie du monde."

Christophe Jobic

Son site :

http://www.jobic.com

Le photographe en action :

Campement :

Quelques images :

Nous allons réaliser une interview de 10 à 15 questions.
Du ce jour au 05 avril 2015, un post sera ouvert pour recueillir vos propositions de questions destinées à Christophe

Le principe :

4 questions (maximum par membre)

05.04.2015 (20h00 GMT + 1), le fil sera clôturé et l'administration procédera à la sélection d'une dizaine de questions, parmi vos propositions.

Les questions retenues intégreront la trame de l'interview, réalisée par l'administration.

L'interview sera ensuite soumise à Christophe
Son contenu, ainsi que des images proposées par l'auteur et sélectionnées par l'administration, seront publiés, sur le portail de Colors Of WildLife, en mai 2015.

En vous remerciant pour vos contributions futures et en vous souhaitant plein d'imagination.

Simba et JP