C'est ma dernière monographie de l'année 2014 et pour cet occasion je vous montre une espèce qui me tient particulièrement à coeur puisque je la suis depuis maintenant 5 ans. Bien entendu les affûts sont montés avant l'arrivée des oiseaux avec des accès très discrets et tout est fait pour ne pas troubler la vie de ces oiseaux.
Je fais parti du suivi de cette espèce pour le département des Hautes Alpes via la LPO. Il est intéressant de bien connaitre tous les couples implantés dans l'unique but de préserver leurs territoires contre des projets qui pourraient les mettre à mal : lignes haute tension, via ferrata, coupes de bois, nouvelles remontées mécaniques, pistes de skis etc etc etc ..... la liste est immensément longue
1 - Kirkos Aetos, faucon aigle ..... Jean, c'était le surnom au moyen age des gens débrouillards, adroits ..... Le Blanc, c'est sa couleur dominante lorsqu'il vole et qu'on le voit de dessous, il est rare de le voir de dessus
2 - Dès le mois de février les adultes commencent à remonter d'Afrique et franchissent le détroit de Gibraltar dans la première quinzaine de mars.
3 - Fin mars les mâles sont pour la plupart déjà sur leur aire de reproduction. Pour les anciens couples, les parades, l'accouplement et la recharge de l'aire commencent très tôt .....
Pour des couples nouvellement constitués les préliminaires peuvent être beaucoup plus longs et parfois ne rien donner du tout .....
4 - C'est aussi le temps des offrandes. Une coutume très répandue chez les oiseaux où la femelle va dépendre complètement du mâle pendant toute la durée d'incubation. Ces offrandes faites à la femelle par le mâle montre l'efficacité de Monsieur et par là même il va conforter (ou pas) la femelle à entreprendre une couvaison.
5 - Fin mai début juin l'unique oeuf donne une petit rapace tout blanc. La faible reproduction de ces oiseaux est compensée par sa longévité. Deux oiseaux bagués au nid sont mort 33 ans plus tard pour l'un et 25 ans pour l'autre .....
6 - La particularité de cet oiseau est son alimentation. Chez moi, dans les Alpes, 90% de son alimentation est composée de serpents et plus particulièrement de vipères aspic. Plus au sud, les couleuvres sont un peu plus représentées dans son menu.
7 - En général la proie arrive à l'aire à moitié avalée avec la tête sectionnée. Au début, c'est la femelle qui la récupère pour la donner au petit en la découpant en petits morceaux. Mais très vite le jeune les avale entier, çà prend parfois pas mal de temps pour voir disparaitre la queue ......
8 - Mais il arrive que les oiseaux changent un peu le menu mais c'est rare. Ici un beau lézard vert.
9 - A force d'être sur le terrain, la chance nous sourit. Comme cette fois où des geais avaient fait leur nid sur l'un des perchoirs des circaètes.
10 - Le manège a duré 1 semaine et puis devant la placidité des rapaces les geais se sont calmés.
11 - Regardez comment la femelle protège le jeune avec son aile. Bien que les oiseaux n'ont jamais harcelé le jeune.
12 - Les circaètes chassent en vol stationnaire à 30 ou 40m du sol. Les pattes pendantes sont probablement un moyen de stabiliser le sur-place. Sa vue binoculaire est redoutable d'efficacité puisqu'un couple (plus le jeune) consomme en moyenne entre 800 et 1000 serpents par saison .....
13 - A présent le jeune circaète n'a plus de duvets blancs et commence à avoir une faim de loup ! Les serpents sont récupérés sans ménagement par le jeune qui en consomme en moyenne 3 à 4 par jour selon la grosseur. Mais parfois aucun si la météo n'est pas bonne.
14 - Mi-juin, il est quasiment à la taille d'adulte. Les exercices pour se muscler deviennent quotidiens.
15 - Fin juin il ressemble à un adulte ..... l'envol n'est pas loin, c'est l'affaire de quelques jours.
16 - Le jeune va suivre un moment les adultes et apprendre par imitation. Même si il va plonger plusieurs fois sur des branches à la place d'un serpent, il va vite apprendre à se débrouiller seul.
17 - Parce que c'est tout seul qu'il va rejoindre l'Afrique dès le mois d'octobre, seulement quatre mois après sa naissance.
A bientôt pour une autre histoire