25 juin Little Brother profonde du matin… requins, enfin ?
Levé aux aurores, Bruno a changé les groupes. Je pars avec Patrice à qui j’avais proposé à tort du silicone. Il y a pas mal de houle et le départ est plutôt précipité. Le zodiac s’éloigne sans cesse de la plate-forme arrière et il n’y a qu’un seul marin sur le bateau qui tient la corde. J’opte pour la technique « assis sur la plate-forme arrière jambes levées », et dès que le zodiac s’approche je me laisse glisser sur le boudin. Au « go » de l’équipage je me lance, mais comme le zodiac s’éloigne je me retrouve au ¾ sorti. Déséquilibré, je bascule vers l’arrière. Le marin du zodiac se précipite et m’agrippe. Le poids du bloc m’entraîne vers l’extérieur. Avec la poussée de la houle, le zodiac se rapproche de la poupe du bateau, je vais être coincé entre le zodiac et la coque. Je vois dans les yeux du marin qu’il n’est pas serein : ma tête va prendre le choc, ça ne va pas être beau. J’agrippe par réflexe un plongeur fort mécontent, le marin s’arc-boute et réussi à me redresser. Mon bloc heurte violemment la coque et sous l’impact je me retrouve avachi dans le zodiac. Finalement pas d’omelette aujourd’hui.
Après cette montée rock’n’roll, nous sommes largués à la pointe nord et rejoignons le plateau à - 40 m il est 5 h 45. Il n’y a pas de courant, mais pas grand monde non plus.
N° 61 Un baliste titan (ou baliste olivâtre)
En période du frai ces balistes sont redoutables. Ils chassent violemment tout intrus se trouvant dans le périmètre de leur nid. J’en ai vu un heurter une plongeuse dans le dos puis lui mordre le talon d’Achille. Sans le bottillon et le néoprène de la combinaison la blessure aurait pu être très grave. Une autre fois le courant nous a amenés sur un site de nidification et nous avons dû sortir nos poignards pour repousser les attaques de nombreux balistes.
Alors que nous progressons le long du récif, je préviens Patrice qu’un requin gris de récif (carcharhinus amblyrhynchos) nous croise. Il passe à côté de nous très calmement sans s’arrêter. Comme il est 6 h 00 du matin il n’y a pas énormément de lumière. Je n’ai pas le temps de faire de réglage comme monter la sensibilité. Je coupe juste le flash et déclenche avec une courte focale. Croiser un requin est toujours un grand moment d’émotion. Ils ont une glisse incomparable, à faire pâlir d’envie tout nageur de compétition. Avant d’attaquer ce requin est connu pour effectuer une « nage d’exhibition » avec de grands mouvements où il se contorsionne. J’en ai croisé beaucoup mais n’ai jamais observé ce comportement.
N° 62
Nous observons ensuite un thon à dents de chien. Lorsque l’on progresse près d’un récif l’œil est toujours attiré par la vie foisonnante près des coraux. Il est toujours intéressant de jeter régulièrement un œil dans le bleu pour voir s’il y a du « passage ».
N° 63
Après 51 minutes de plongée nous rejoignons le bateau. Bilan de la plongée pour les pélagiques un seul requin gris de récif, des thons, des barracudas.