Chose promise, chose due, voici la manière dont j'ai procédé, expliquée et disséquée. Des avis, conseils, astuces voire simples questions sont les bienvenues.
Préliminaires > CadrageTout d'abord la photo étant cadrée trop large et trop centrée à mon goût, j'ai essayé de trouver la meilleure "composition" possible a posteriori… Oui, mieux vaut réfléchir à cela lors de la prise de vue
.
En général, je commence par recadrer si nécessaire, ça évite de se concentrer aux étapes suivantes sur des zones qui disparaîtront au final…
Là, j'ai essayé de créer des lignes tant que possible. Après différents essais, je me suis arrêté sur le corps de l'oiseau qui coupe l'image en diagonale, la tête placée à 1/3 haut 1/3 gauche (la règle des tiers, alias nombre d'or dans une variante) et la longue queue, horizontale et parfaitement centrée entre le haut et le bas. Je trouve que finalement ça ne marche pas trop mal. Retourner l'image en symétrie horizontale comme l'a fait francky, est une bonne idée aussi (l'oiseau va dans le sens de lecture), mais je ne sais pas s'il est possible de la faire avec camera raw/lightroom.
1/ ExpositionJe commence par dégrossir l'exposition, principalement par rapport au sujet, tout en surveillant les zones sombres et claires ainsi que l'histogramme qui donne des idées de la répartition des valeurs dans l'image. Là, j'ai clairement surexposé par rapport à la prise de vue pour essayer de récupérer des détails dans les sombres, mais on complètera le boulot plus tard. En gros quand on surexpose on pousse la courbe des valeurs vers la droite, et inversement en sous-exposant. La théorie voudrait qu'une photo bien exposée soit une jolie courbe de gauss centrée sur l'histogramme. Mais dans la vraie vie, le théorique et l'académique, c'est un peu chiant, pas vrai ? Bref, ce n'est pas une règle à laquelle coller, juste une info qu'il faut considérer en fonction de ses goûts et de son style.
2/ Température de couleur et teinteAvec une formation en labo au siècle dernier, j'ai appris à tirer juste tant que possible, c'est-à-dire sans dominante malvenue. Tout est une question de balance et d'équilibre fin, et nécessite un écran de bonne qualité et calibré, cela s'entend… À moins que vous ne regardiez vos images QUE sur cet écran qui est le vôtre ;-)
Mon astuce ici pour rendre la bascule plus évidente est de monter "vibrance" et "saturation" de manière importante, genre +30. En effet, en renforçant les couleurs (surtout le rouge et jaune pour "saturation", surtout le cyan et vert pour "vibrance", les effets des curseurs "température de couleur" et balance "vert/magenta" sont amplifiés. Ces paramètres étant temporaires, le temps de trouver le bon équilibre, bien sûr.
Je commence généralement par la température de couleur en regardant l'image globalement et en donnant des coups de "flèche haut / flèche bas" avec la touche majuscule enfoncée (qui fait varier de ±500K au lieu de ±50K sans la majuscule). En quelques secondes, l'œil s'habitue, je mets une valeur de plus, puis une de moins, etc. Quand on ne sait pas trop où on va, il ne faut pas à pousser loin dans un sens comme dans l'autre… Quand je constate que c'est équilibré et que j'hésite entre 2 valeurs, alors j'y vais sans la touche majuscule, par petit pas. Avec l'habitude, on sait si l'idéal est pile entre les deux (donc à 5 coups de flèche sans majuscule) ou plus proche de l'un (donc à 1, 2 , 3 ou 4 coups de flèche haut ou bas).
Ensuite, je procède de même pour la "teinte" (majuscule fait progresser de 10 points en 10 points vers le magenta ou le vert).
Une fois les bons réglages de couleur trouvés, on redescend les curseurs "vibrante" et "saturation", toujours en procédant de même et selon ses envies. Là par exemple et après comparaison avec les autres essais, j'aurai pu rebaisser un peu plus la vibrance, car les verts pètent sans doute un peu trop. Un bon truc pour cette étape est de détourner régulièrement son regard de l'écran et regarder en lumière naturelle une vraie photo (livre, tirage, etc) correctement imprimée et bien équilibrée. Ça "recalibre" l'œil.
3/ Contraste et "Clarté"Une nouvelle fois, comme beaucoup de réglages sont liés et que tout est question d'équilibre, cette étape n'est pas définitive et il faut parfois y revenir en fonction des réglages suivants. Le plus souvent je commence par dégrossir le contraste, en regardant surtout l'image et les zones importantes (personnellement je n'aime pas "perdre des infos", que ce soit dans les hautes lumières ou dans les ombres. Question de goûts et d'éducation sans doute
. Mais je garde également un œil sur l'histogramme et active au besoin les petits triangles (en haut, à droite et à gauche) qui affichent du bleu sur l'image sur les zones sombres "trouées" et du rouge sur les zones claires "trouées", c'est à dire où toutes les valeurs sont à 0 ou 255, autrement dit où y n'y a ni détails, ni nuances, ni contraste, bref des aplats. Ce n'est d'ailleurs pas tout à fait vrai (constaté surtout dans les highlights), car l'alerte s'active dès qu'une des 3 courbes B/V/R est tronquée. Le réglage "Clarté" augmente ou diminue une espèce de contraste semi-global/semi-localisé. J'ai tendance à en rajouter (car ça marche pas mal avec les bokeh et que j'aime les fonds gommés), mais ici j'en ai enlevé pas mal (toujours la technique du tatonnage à coup de +10/-10 puis en affinant entre les deux quand j'hésite) pour essayer de diminuer un peu la présence du fond.
4/ Tons clairs/foncés et noirs/blancsJe commence le plus souvent par les tons foncés (le + éclaircit les zones sombres, en touchant assez peu aux valeurs minimales (noirs)) en essayant de faire ressortir ce qui est important dans ces zones. Ici entre le plumage et l'œil noir, ce n’était pas évident. Le curseur tons clairs agit de même dans les zones claires (sans trop toucher aux blancs extrêmes). Là j'ai ramené les valeurs hautes vers le bas pour essayer de contraster un peu plus le zozio, et aussi pour compenser la surexposition des zones claires engendrée par l'étape 1. Je m'occupe le plus souvent du noir en 3e avec un œil sur l'histogramme ainsi que le curseur (qui donne les valeurs de 3 couleurs RVB dans la case "infos"; valeurs que j'essaye de garder >0 et <10~15 dans les zones vraiment sombres qui correspondent à des noirs. Puis même chose pour les blancs qu'il ne faut pas hésiter à faire remonter (sans les cramer, car je n'aime pas ça) pour donner du pep's à l'image.
5/ Retour au point 2, ne touchez pas 20.000
Bien entendu, tous ces réglages successifs interagissent. Ceux qui ont déjà accordé une guitare électrique à vibrato, peuvent imaginer de quoi je parle… Tu accordes le Mi : c'est ok. Tu accordes le La : ok… Sauf que le Mi n'est plus bon. Et il faut recommencer avec 6 variables représentées par les 6 cordes. Avec l'habitude, ça vient pourtant et on arrive à anticiper en compensant chaque étape pour s'approcher plus vite du but. Bref, quand j'en suis là j'essaye de regarder dehors ou de regarder d'autres photos (ordi/papier). Puis rebelote en repartant du 2, mais avec des corrections généralement beaucoup plus fines (sans la touche majuscule, si vous suivez). Un bon truc est également de regarder ce que donne l'image en tout petit (commande -) ou dans les vignettes de la colonne de droite. Surtout quand on en a plusieurs à traiter ensemble et qu'on souhaite une certaine cohérence d'ensemble.
6/ Vignettage, etc.À ce stade, l'image est globalement "bonne", ou devrais-je dire, conforme à mes canons de conformité. Selon le besoin, il peut être judicieux d'utiliser les zones de réglages dégradés circulaires et/ou linéaires. Là, j'ai essayé de focaliser l'attention sur l'oiseau et donc en "refermant" l'image, comme on pouvait le faire avec des "maquillettes" sous l'agrandisseur. Vous verrez dans les captures ci-dessous qu'il y en a pas mal : 2 circulaires de rayons différents, ainsi qu'une bonne poignée de linéaires appliqués dans les angles et sur les bords.
7/ Corrections finesEn fonction des réglages dégradés, il faut parfois revenir sur les réglages des étapes 2 à 5. Comme je le disais, il n'y a pas une vérité, et si vous revenez sur un raw développé quelques jours/semaines/mois auparavant, vous trouverez certainement d'autres réglages qui vous conviennent alors mieux. Attention, dernier détail, les réglages dégradés s'appliquent dans un sens ou dans l'autre (intérieur ou extérieur pour les circulaires) et les valeurs des curseurs sont spécifiques aux dégradés et viennent compenser ou renforcer ceux de la fenêtre principale réglées ci-avant.
8/ Voilà c'est fini Ensuite, il est possible d'utiliser des filtres de rendu, de faire des retouches plus lourdes dans Photoshop ou autres, mais j'utilise très très peu ces étapes.
Et y'a pas de 9 me direz-vous ? Pourquoi ne parles-tu pas des réglages de bruit et d'accentuation ?
Et bien déjà parce que ce n'est pas ma tasse de thé et que j'ai un réglage de base qui me convient dans la grande majorité des cas. En fait je ne peaufine ces réglages que lorsque l'image est vraiment difficile (manque de piqué ou sensibilité très élevée générant beaucoup de bruit). Et puis pour afficher des 750px de large sur COW, des réglages basiques (me) conviennent généralement.
Voici donc ci-dessous l'image que j'avais proposée ainsi que les fenêtres de réglages sur lesquels je m'étais arrêté.
Bons triturages de curseurs et bravo d'avoir lu jusqu'ici
A+