Novembre n'est pas mai. Les points d'eau calme et fraîche qui renvoyaient l'image des grands yeux doux des éléphants semblent
s'être asséchés pour l’éternité. Seuls subsistent les rares mares alimentées artificiellement par l'homme.
Autour tout est sec, cru, aveuglant. 7 mois depuis la dernière pluie! Déjà l'année précédente n'avait déjà pas vu assez d'averses
pour reconstituer en suffisance la végétation. Les éléphants viennent boire a ces rares sources, franchissant,
comme toujours, les derniers mètres les séparant de la vie dans une course a l’allégresse trompeuse. En apparence, tout se passe
comme en mai Pourtant le parc porte les marques tragiques du drame qui se joue. Partout, des doux géants reposent à jamais,
et nul ne peut l'ignorer tant ils sont nombreux. La plupart semble avoir abandonné la lutte à proximité des mares, ayant épuisé
leurs dernières forces dans un énième, ultime et épuisant trajet qui sépare les rares zones de nourriture de l'eau si précieuse.
Presque tous sont sur le flanc, mais l'un d'eux, jeune, s'est endormi a genou, comme priant, le trompe enfouie dans la vase.
Un autre, grand, retient encore quelques souffles de vie et joue de sa trompe avec un petit bâton, comme s'il cherchait le
réconfort d'un jeux qu'il a du pratiquer à l'enfance. Demain, il ne jouera plus.
Nulle part on n 'assiste aux "cérémonies" dont on dit les éléphants capables, pour dire adieu ou rendre hommage aux leurs
disparaissant. Le nombre de morts est il trop grand pour qu'il songent encore à ce rituel? Sont ils tous si épuisés que mêmes
les sentiments demandent plus d'efforts qu'ils peuvent encore en fournir?
Hier il a plu. La première pluie en 7 mois. Trop tard pour le grand jongleur de bâton, trop tard pour le petit prieur agenouillé.
Mais un groupe est venu boire tout à l'heure, et, après s'être rafraîchi, j'ai vu 2 retardataires courir à toutes jambes pour
rejoindre le gros de la troupe qui s’éloignait déjà vers les arbres. Ils couraient si vite, de leur façon si maladroite, presque
ridicule qu'ils m'ont fait rire. Et je me suis dit que, peut-être, le calvaire prenait fin, et que ceux-ci allaient vivre.
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