Afrique du Sud 2012 - Instantanés de vie sauvage

[Papy_75]

ACTE I – Au Pilanesberg

1er Tableau – A la recherche de nos repères

Début de matinée. Nous entrons au Pilanesberg NP. Deux ans ont passé depuis notre dernier voyage-safari. Il nous faut retrouver nos repères et reprendre nos automatismes. Patience, le temps fera son œuvre.

Madame Papy est au volant du pick-up, lunettes de soleil sur le nez, visière en place, jumelles autour du cou. Mon matos est prêt, je crois. Je suis notre progression sur la carte du Parc. Atmosphère étrange en ce mois d’août. Tout est sec. Et jaune paille, partout. Seules quelques rares cactées, grands chandeliers montant vers le ciel, tranchent par leur vert sur ce paysage aride. 

Là, un rhinocéros blanc, masqué par la végétation. Là-bas, une petite troupe d’éléphants se déplace, au loin, trop loin. Tout près, un chacal à chabraque, tenant une proie dans sa gueule, traverse la piste à toute vitesse. Trop vite. Le doigt commence à s’impatienter sur le déclencheur. Chic, un oiseau sur un arbuste. Arrêt sur image. Madame Papy a sorti ses jumelles. Clic-clac. Attendons que l’œil brille. Clic-clac. Bon, d’accord, l’index est un peu rouillé, comme Papy. Allez, un p’tit touraco en guise de mise en bouche.


1.   Touraco concolor


                                                 



Mankwe Hide. Sortons les jumelles. Observons le plan d’eau. Quelques cormorans à poitrine blanche, des tortues, des bébés crocodiles et un superbe Héron Goliath, un peu loin certes, mais qu’il est beau !


2.   Héron Goliath


                             



La ballade se prolonge jusqu’à la fin de l’après-midi, fort agréable, mais les rencontres se font bien rares, si ce n’est, au détour d’un bosquet, une troupe de zèbres, qui passent lentement au ras de la voiture. Les courtes focales sont au fond du sac… Le jour décline. Il ne reste plus qu’à rentrer au Lodge et à préparer le dîner. Le ciel est constellé d’étoiles : la Croix du Sud, le Scorpion, magnifique, et toutes les autres.

[Papy_75]

2ème Tableau – La figure de voltige de l’hippopotame

La matinée suivante est consacrée à régler un ennui mécanique. Pas simple de trouver l’homme de l’art. Nous y passons la matinée et même un peu plus. Retour au Pilanesberg en tout début d’après-midi. Sur l’aire de pique-nique où nous nous restaurons avant de reprendre la ballade sous une lumière plus favorable, je ne résiste pas au plaisir de « croquer » un oiseau, couché à plat ventre sur le sol. Aïe, il faut se relever. Papy n’a plus vingt ans. Ni même cinquante. « On ne peut pas être et voir été », disait ma grand’mère. Sic transit gloria mundi (Ce n’est pas de ma grand-mère). Revenons à l’oiseau.


3.   Cossyphe du Cap


                             



Ruighoek Dam Hide. Une dizaine de cobes à croissant finissent de se désaltérer. Un hippopotame se prélasse dans la boue, bien à l’ombre, juste au pied de la cache. Une oreille bouge de temps en temps. D’autres hippos sont affalés sur un petit îlot, immobiles. Sur la rive, en face, deux oies d’Egypte et un héron. Bon, la sieste n’est pas finie, ici. Pas davantage à Batlakho Dam Hide, où tout est calme, là aussi. Tout juste un crocodile au pied de la cache. Nous poursuivons la ballade, un peu déçus. Mais la lumière est tellement belle lorsqu’elle vient frapper les graminées dorées. Au loin, un cobe à croissant solitaire et une bande de zèbres, se préparent à descendre vers le point d’eau.

L’hippo fait-il toujours sa sieste dans la boue ? Allons voir. Et bien, oui. Il nous regarde, et bien nous aussi nous le regardons. SWOUTCH. Qu’est-ce ? SWOUTCHH. Il a bougé ! Lentement, len…te…ment, il extrait une à une ses pattes de la boue. SWOUTCHHH, SWOUTCHHHH… Demi-tour, doucement, il ne faut pas brusquer le mouvement. PLOUTCH, PLOUTCH… Direction l’eau, où … il va faire ses besoins, en nous tournant le dos, avec un petit coup de balayette pour finir. Charmant. Pause ! Un brin de toilette sur le museau plein de boue. Nouvelle pause ! ET brusquement, l’imposant mammifère réalise une figure de voltige que les aviateurs appellent un « tonneau » : une rotation de 360° selon l’axe longitudinal. Impressionnant, cette masse de plusieurs tonnes qui semble alors légère comme une bulle de savon.  Puis il quitte la mare, à pas lents, sans se retourner. PLOC, PLOC, PLOC, PLOC, PLOC… On voit la marque de ses pas dans la vase. Bientôt le crépuscule, il est temps de rentrer. Sur la route du retour, nous ne pouvons nous empêcher de repasser la bande son : Swoutch, Ploutch, Clop, en rigolant comme des … baleines.


4.   Hippopotame


                           



5.   Hippopotame


                             

[vinnylove]

Je suis du voyage 
ça faisait longtemps que nous n'avions pas eu de nouvelles du Pilanesberg, j'aime bien ce petit parc.

[gandrilles]

Papy, c'est un régal à lire et à regarder  . C'est vrai, c'est un comble : on est sur un site de photos, et je ne sais pas ce que je préfère : les photos (très belles) ou la prose (excellente, et par le ton, et par l'écriture elle-même!  ) ! Rien qu'à te lire, on voit les scènes. Bravo et merci pour cet agréable moment  ... qui va se prolonger pour mon plus grand plaisir.  J'allais dire qu'il fallait déguster et donc lire lentement, mais on ne peut pas s'arrêter une fois qu'on a commencé....
Vivement la suite SuperPapy ! 

Juste une question : comment fais-tu pour te souvenir de tous les "détails" ? Tu prenais des notes ?

[Castafiores]

Je trouve l'oiseau n° 3 très beau !
Et la photo de la rotation de l'hippo, elle est où ?

[KIBOKO]

Papy un début en fanfare vivement la suite 

Je retiens plus particulièrement la 1 et la 3 

[samapi]

Rigolo l'hippo en 4 
J'aime bien également ce parc du Pilanesberg: très facile d'accès depuis Joburg, de beaux paysages et l'assurance de voir plein d'animaux intéressants dont rhinos, lions, léos, guépards etc etc...il y a même des lycaons si je me souviens bien, mais beaucoup plus dur à spotter...

[psob49]

Ca débute fort par l'image et le ton; super 

[Papy_75]

Juste une question : comment fais-tu pour te souvenir de tous les "détails" ? Tu prenais des notes ?

Non, je n'ai pas une mémoire ... d'éléphant. Donc, planification du trajet à l'aide d'une bonne carte, notes rapides sur un petit carnet de voyage sur le terrain (tel endroit, telle heure, sujet, conditions de prise de vues, etc...), mise au propre sur un carnet de voyage (où je laisse de la place pour des tirages 10x15 et pour d'autres "souvenirs"), toujours à l'aide de la carte, etc...Finalisation à la maison avec données d'archivage, etc... Cela prend peut-être du temps, mais avec notes et photos d'illustration, on se repasse facilement tout le film. En fait, je revis le voyage une seconde fois ; avec un carnet sur le forum COW, une troisième fois.

Papy 

[Floflo]

Comme Sophie je suis sous la charme de ton récit autant que de tes photos 

[musungu]

Et bien je ne regrette pas d'être monté dans le pick-up. Voilà une invitation au voyage bien agréable, merci Papy.

Une mention pour la 3 (le cossyphe du Cap), ça valait le coup de faire un peu de gym !
Et il est beau le kiboko, j'aime particulièrement la 5. 

Musungu

[JP]

Le ton de ce carnet est très agréable...  L'humour y est distillé avec soin.

Bien vu l'hippo en mode facial bain de jouvence!

En 3

Ce serait pas plutôt un Merle kurrichane (voir lexique)
http://www.colorsofwildlife.net/forum/index.php/topic,17506.msg129529.html#msg129529


JP

[RV]

Comme le pick-up ne roule pas trop vite, j'ai pu le rattraper et monter dedans...ouf!
Belles images et... belle plume.

Pas trop rouillé, le Papy.

[Papy_75]

ACTE II – Six jours au Kruger            

1er Tableau –  En route vers Mopani

Cela fait cinq jours que nous avons quitté le Pilanesberg. Après avoir passé quelque temps dans le Pays venda, nous voici en route vers Mopani, au Parc Kruger, seul camp où nous avons pu trouver de la place pour la période concernée, lorsque nous avons finalisé notre voyage, au début du mois d’avril. Une bonne journée de route, ne laissant que peu de temps pour la photo. Les jumelles sont sorties, mais le matos restera bien au chaud.

Il est 10h45 lorsque nous franchissons Punda Maria Gate. Le temps d’accomplir les formalités d’entrée et d’acheter une carte du Parc et nous voilà à pied d’œuvre. Nous prenons nos marques, choisissons notre itinéraire et gérons le temps pour profiter le mieux possible de l’après-midi. Premiers impalas, premier céphalophe de Grimm, jouant à cache-cache dans la végétation, premiers éléphants aussi. Nous observons avec soin les types d’écosystèmes et de végétation rencontrés, le mopane en étant le cœur dans cette région.

Une bonne soixantaine de zèbres se désaltèrent au point d’eau artificiel de Boyela, ainsi que quelques éléphants, qui pompent l’eau … d’un réservoir en béton. Des girafes, des buffles, quatre hyènes tachetées dont deux jeunes, et encore et encore des éléphants. Il est 17h00 lorsque nous arrivons à Mopani Rest Camp, à temps pour effectuer les formalités sans stress et nous préparer pour l’apéro. Le dîner au restaurant ne nous emballe pas ; seul le vin nous convient. Désormais, nous ferons la cuisine.

Donc, pas de photo aujourd’hui, mais bon nombre d’éléphants observés. Combien ? Réponse : 58. 

[Papy_75]

2ème Tableau – Le Crocodile, le héron strié et le cobe à croissant

Le jour se lève à peine et nous voilà partis. Premier arrêt à Shipandani Hide. Un groupe d’ornithos britanniques vient d’y passer la nuit. Il a gelé au petit jour, nous dit-on. Nous nous installons. Bien couverts. Des oies d’Egypte font un boucan d’enfer. Sans réveiller les hippos qui ne s’ébroueront qu’une bonne vingtaine de minutes plus tard. Nous assistons à leur joutes, accompagnées de leurs grognements. GROOO, GROOO, GROOO. Mais pas encore de lumière ; de toute façon, nous sommes à contrejour. Puis, alors que la surface de l’eau vient de prendre une douce teinte rosée, notre attention est attirée par un tronc d’arbre qui dérive lentement. Que dis-je ? Un crocodile qui dérive lentement, se dirigeant vers les hippos. Clic-clac. GROOO, GROOO, GROOO… font les hippos. Le crocodile se met en plongée puis s'inscrit aux abonnés absents.


6.   Crocodile


                           



Nous changeons d’endroit. Direction Pioneer Dam Hide. Belle vue sur le lac de barrage. Superbe lumière. Au loin, sur une langue de terre, six crocodiles se chauffent sous le soleil naissant. Plus près, sur un petit rocher, un héron strié pêche. Avec succès. Les oies d’Egypte continuent leur boucan. Nous restons là un long moment, dans la fraîcheur du matin. Peinards. Personne ne vient troubler notre quiétude. Ne manque que le café.


7.   Héron strié


                             



Retour au logis pour prendre le petit déjeuner et finir de nous installer. Puis, nous repartons, en début d’après-midi, pour une ballade en empruntant la Shongololo Loop. La végétation est différente de celle de la veille. Beaucoup de secteurs sont ravagés par le feu. Et tout est sec. Plus d’eau aux grandes mares. De la boue, souvent craquelée. Pas d’eau, pas d’animaux. Nous sommes déçus, heureux cependant d’être là, au milieu de cette nature où nous ne rencontrons quasiment personne. Sur le chemin du retour, des termitières, en grand nombre. Hélas, sans guépard. On a le droit de rêver, non ?

En se rapprochant de Pioneer Dam, des impalas, perdus dans la végétation dense. Et des cobes à croissant, dont la couleur de la robe épouse celle du soleil couchant.


8.   Cobe à croissant