3ème Tableau – Le ballet des bucorves du Sud Il est un peu pus de 07h00 lorsque j’arrive à
Pioneer Dam Hide (Madame Papy a décidé de faire un peu de grasse mat’). Il y a du monde : quatre britanniques, bien couverts, jumelles au cou et guides d’identification d’oiseaux à portée de main. Ils y ont pensé, eux, aux thermos de thé et aux biscuits. Des britanniques, me direz-vous.
Of course, mais je suis vexé, moi qui ai fréquenté pendant de nombreuses années les Îles britanniques.
Revenons à nos … moutons. Les crocodiles sont fidèles au poste, les hippos grognent, les oies d’Egypte font du boucan. Rien en vue à portée de tromblon. Je déplie mon trépied favori (un Gitzo des années 70, increvable), je fixe la tête Wimberley, récemment acquise et j’installe la bête. Quel confort, du pur bonheur. Merci les COWpains pour vos conseils éclairés. Tout est en place. Les quatre britanniques s’en vont, en silence, en me faisant de petits signes de la main.
Le héron va-t-il venir se percher sur ce rocher qui commence tout juste à être éclairé ? Eh bien, oui. Aurait-il attendu la lumière ? Allons savoir. En tout cas, il se met en action. Et çà marche. Pas le temps de voir le coup de poignard qu’il donne au poisson qu’il a repéré, tant cela va vite. Après, c’est plus dur à avaler. Rigolo, la façon dont il étire le cou pour faire passer le produit de sa pêche. Clic-clac. Je l’observe pendant une bonne demi-heure. Puis il s’en va.
9. Héron strié
Bon, ce n’est pas tout ; il faut envisager la suite. Petit-déjeuner et en route. Aujourd’hui, direction Letaba. Des nuages commencent à envahir le ciel. Sur la route, pas grand' chose à se mettre sous la dent. Pas de regret, la lumière n’est pas bonne. Halte sur le pont de la rivière Letaba, où stationnent, dans le plus grand désordre, de bien trop nombreux véhicules à notre goût. Cela ne nous gâchera pas pour autant le plaisir d’apprécier la beauté du paysage. Sur les bancs de sable, une vingtaine de cobes à croissant et autant d’hippos, en tas compacts, eux.
Début de l’après-midi. Nous reprenons la direction du Nord. Une troupe d’une trentaine de babouins s’égaille le long de la route. Autant de pintades de Numidie la traverse en courant à toute vitesse.
Le soleil est de retour alors que nous remontons
Tsendze Loop. « Là, là, Oiseaux … noirs, noirs les oiseaux » dit Madame Papy en freinant sèchement, pour une fois. L’émotion, sans doute. « Où çà, là ? ». « Là, mais
làààà, euh … à 10h00 ». Je cherche. « Vu ! ». Trois bucorves du Sud, dans la végétation, et à contrejour. Bon !
Des « oiseaux noirs » qui ne s’en vont pas, contrairement à ce que nous avions pu observer jusqu’alors. Contrejour ou pas, je les met dans la boîte. Principe N° 1 : On
shoote (je n’aime pas ce mot) d’abord, on discute après. Et ces calaos de se rapprocher lentement de la voiture, toujours à contrejour. Etrange pas de trois que nous exécutent ces grands oiseaux. « T’as vu leurs cils ? » dit Madame Papy, les yeux vissés sur ses jumelles. « Euh… oui ! ». Je m’efforce en fait de repérer la position du soleil, car nos danseurs ont changé de cap et semblent vouloir contourner la voiture. Ce qui change tout, côté éclairage. J’opère un demi-tour sur mon siège. Par ici, oui, plus à gauche, je marmonne (en silence) dans une barbe que je n’ai pas. Et çà marche ! Clic-clac. Clic-clac. T’as de beaux yeux, tu sais. Clic-clac. Clic-Clac.
Et les danseurs continuent de se rapprocher. J’essaie le 85. Résultat quelconque, plongée en plus. Je reviens au tromblon. Ouh là là, pas facile de garder la tête de l’oiseau dans le cadre, malgré les contorsions que je fais pour … reculer sur mon siège. Manœuvre totalement inutile, j’en conviens. Et voilà maintenant la moitié du bec qui sort du cadre. Je connais des COWpains qui vont (encore) ronchonner : « Pas mal, ta photo. Mais le bec est coupé, dommage, etc ... ». Tant pis ! Je pense retirer le TC 14 du 300 mais j’y renonce, de peur d’une fausse manœuvre dans la position que j’ai adoptée et craignant surtout que les artistes n’en profitent pour tirer leur révérence.
Çà sera du très gros plan. Na ! Clic-clac. Clic-Clac. Le ballet continue quelques minutes. Puis, les danseurs quittent la scène. Nous les regardons s’éloigner, à regret. Trente minutes de bonheur.
10. Bucorve du Sud
11. Bucorve du Sud
Reprenons la route. A la sortie d’un virage, à une centaine de mètres, un buffle se prépare à traverser la piste. Un buffle ? Non, plutôt trente. Plus ? Oui, sans aucun doute. Nous restons à distance respectueuse. Longtemps, près de vingt minutes. Le temps de laisser passer le troupeau de 200 à 300 têtes. Un troupeau qui soulève un nuage de poussière, affolant par moment l’autofocus. Retouche manuelle et priorité au déclenchement pour quelques photos, qui ne pourront pas refléter l’intensité de la scène.
12. Troupeau de buffles
La fin d’après-midi a été riche en émotions. De retour au bungalow, nous posons nos affaires. «
Bar is open » déclare illico presto le
Bar tender (c’est moi).