Souvent lors des visites nous nous retrouvons entassés à 8 sur 2m² sans vrai possibilité de bouger et avec les difficultés et gêne multiples que cela occasionne pour l’observation. Ici tous se passe comme dans un rêve nous avons juste l’espace nécessaire pour bouger un peu et naturellement un roulement se met en place entre nous. Une fois une scène observé et photographié nous nous retournons vers un moins bien placé pour lui taper sur l’épaule et céder notre place. Si une scène d’un intérêt particulier se produit chacun est mis au courant rapidement par les autres. Quelques jeunes tentent des approches mais les pisteurs veillent et les visiteurs que nous sommes réagissent parfaitement. Je ne sais pas si c’est la sérénité du groupe Kwitonda qui nous imprègne alors mais la demi heure qui suivra sera juste un rêve.
La végétation dense recèle toujours des surprises vous pensez avoir fait le tour d’un point de vue quand, à l’occasion d’un petit décalage vous tombez sur 3 ou 4 autres gorilles passés inaperçus. Ici nyiramurema et son jeune Ujoma. Pour eux deux la vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Ujoma tout d’abord a été retrouvé un matin par les trackers avec 2 profondes blessures de canines dans l’abdomen, une partie des intestins sortis et la jambe droite cassée. Il doit sa vie à l’intervention remarquable des gorilla doctors.
Nyiramurema a d’abord perdu un pied dans un collet puis plus récemment a perdu un œil. Quelques jours plus tard un guide nous expliquera dans quelles circonstances exactes. Il s’agissait d’un affrontement avec une autre femelle en 2007. Il y a aussi une hierarchie chez les femelles. L’ancienneté et dans une moindre mesure la filiation joue un rôle important. Nyiramurema occupe le bas de l’échelle et lors d’une période d’oestrus elle s’était écarté du groupe pour solliciter un accouplement avec un dos argenté non mature : Akarevuro. Dans cette environnement aux hiérarchies très marquées le vivons heureux vivons caché est un peu une nécessité. Le groupe se disperse toujours un peu afin que chacun trouve par moment l’espace et la liberté dont il a besoin et accessoirement cela laisse des opportunités comme l’ont dis
).
Hélas une femelle de haut rang qui se trouvais aussi être la mère de ce dos argenté, Kibyeyi, a compris la manœuvre et s’est immédiatement jeté sur elle quand elle est revenue. L’affrontement qui s’en suivit ne fut pas modéré par Kwitonda qui laissa faire. Dans la bagarre Nyiramurema perdis un œil. Il est assez rare que des accrochages entre femelles aillent aussi loin dans les blessures. Mais malgré tout le groupe s’est montré assez solidaire avec elle pour l’éducation de Ujoma qui a souvent été porté par d’autres éléments du groupe pendant les déplacements rendu difficile pour Nyiramurema avec la perte de son pied.
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Dans les arbres deux jeunes font le spectacle, ça pousse, ça tire, ça tape ils sont adorables.
L’heure arrivant à sa fin un pisteur décident de partir en éclaireur voir s’il peut nous ramener vers le tas de gorilles installé autours de Kwitonda. Il repousse gentiment les deux joueurs dans l’arbre et part à 15m de là. Jugeant la scène intéressante il fait signe à l’autre pisteur de nous faire venir. Comme les deux joyeux lurons ont repris leur place il doit lui aussi « forcer » le passage qui s’ouvre et se ferme aux hasards des actions des deux jeunes très concentrés sur leurs jeux pour tout dire.
Nous somme en dernier avec deux américains quand nos deux galopins « referment » le passage et font mine de s’approcher de nous. Instinctivement nous reculons mais en me retournant je tombe sur un autre gorille, un adolescent qui lui vient vers nous.
Nous somme entourés de toutes parts, mon reflex immédiat est de chercher un pisteur des yeux pour l’avertir de la situation, seulement voila, ils sont tous les deux à 15 ou 20m hors de vue et à l’évidence leur attention est absorbé par autres choses car ils n’ont pas vu que nous n’avions pas pu suivre.
Crier n’est pas vraiment une option au milieu d’un groupe de gorille aussi il y a un moment de flottement et nos amis américains commencent à s’inquiéter un brin. Florence les prend en mains pour les tranquilliser pendant que j’observe l’adolescent en faisant quelques vocalises et en cherchant à comprendre ses intentions. Leurs attitudes quand nous gênons leurs progressions est caractéristique et je comprends assez vite ou il veut aller. Comme il y a des gorilles partout il nous est difficile de lui libérer la place, mais je me décide à faire reculer en direction d’un dos noir apparemment tranquille bien qu’un peu surpris de nous voir ainsi approcher. Je revocalise plusieurs fois a son intention et le mètre cinquante gagné dans sa direction suffira pour que l’adolescent reprenne son chemin en nous passant presque sur les pieds au petit trôt. Dans l’intervalle nos deux plaisantins s’étant aussi décalés la porte de sortie est ré-ouverte et nous filons rejoindre le groupe. Ouf ! C’est bon je dois pouvoir faire apprentis pisteur
Cela dis les animaux étaient cool, il n’y avait pas de pression vis-à-vis de nous et nous sommes restés calmes et disciplinés, pas de vrai problème donc mais je comprend aussi un peu mieux la difficulté de l’exercice pour les pisteurs après cette petite expérience.
Nous voila donc revenus à coté du groupe principal, rien n’a bougé, c’est toujours un tas de gorille dont dépasse bras et jambes et dont s’échappe de temps à autres quelques soupirs, vocalises ou pets bien sonores (que voulez vous les fibres ça donne des gaz).
C’est devant ce spectacle que l’heure s’achève, nous laissons donc Kwitonda et les siens.
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68 : le dos noir
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73 : En redescendant, le Sabinyo dans les brumes.
Pour l’après midi nous allons a Ruhengueri, nous refaisons un tour au marché acheter quelques tissus et Félix nous trouve un coin sympa avec un beau point de vue sur les volcans ornées de nuages.
Sur le chemin du retour à l’occasion d’un arrêt photo nous discutons avec des enfants et c’est l’occasion de distribuer quelques bonbons que nous avons en stock car ils sont peu nombreux et nous pouvons ouvrir un petit paquet de haribo et leur donner individuellement.
En effet au chapitre de la découverte de la vie par les occidentaux naïfs que nous sommes, cette fois ci nous avons emmené dans nos bagages des bonbons pour les enfants sauf que nous avions juste oublié le problème posé par les emballages plastiques qui finiront immanquablement dans la nature. Nous nous maudissons de notre manque de logique jusqu'à ce que je demande à félix de s’arrêter pour acheter au bord de la route de la canne à sucre afin de gouter. Comme le test est un succès je débite mon mètre cinquante de canne en petit morceaux et en met dans mon gilet à coté de la barre de céréales d’urgence. Du coup au treck suivant quand les enfants arrivent je repense à la canne, leur donne et ils sont au moins aussi contents qu’avec nos haribo. La solution était si simple acheter de la canne à un rwandais pour la redistribuer a des enfants rwandais. Je me giflerais de ne pas avoir pensé a un truc aussi simple tient ! Note pour plus tard le problème des bonbons est réglés ça fera ça de moins dans les bagages
74 : La sabinyo sous les étoiles