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Auteur Fil de discussion: Sine Saloum, Djoudj et Barbarie : La Terenga  (Lu 52534 fois)
frazap
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« le: 22 Mars 2011 à 00:34:10 »

Cela fait 2h30 que l’on vole dans l’avion qui, venant de Paris, passe prendre des passagers à Brest. On doit être quelque part au niveau du Sud du Portugal. L’excitation et la hâte de découvrir l’ambiance africaine est de plus en plus grande. Depuis le temps que je rêve de poser les pieds en Afrique noire.
Quinze jours c’est court mais c’est mieux que rien. Madagascar, il y a deux ans, c’était fabuleux, bêtes et plantes bizarroïdes, montagne d’Ambre et sa forêt primaire où volent de branches en branches les lémuriens, Tsingy sortis d’un décor de film d’anticipation. Une population très pauvre, multiraciale, d’une dignité et d’une réserve appréciables à la hauteur de sa gentillesse et de son hospitalité, du moins dans les endroits ou le tourisme de masse (éviter Nosy Bé) n’a pas pourri les mentalités. Vraiment un monde à part, sorti de l’imaginaire. Mais l’appel de l’Afrique noire coulait de source dans mes veines depuis le temps que des lectures enfantines me l’ont fait rêver. Le Sénégal est il une bonne approche pour s’initier à l’Afrique noire? Définitivement, la réponse est oui. Donne-t-il le virus de l’Afrique : OUI. Et encore OUI !!!!

1.

Je vous invite à nous suivre dans ce Sénégal qui n'est certes pas la destination des grands safaris ni des gamedrive, mais que de belles surprises nous a-t-il réservé.
Les rencontres que nous avons pu faire nous ont révélé de très belles émotions, des rencontres avec la nature sénégalaise, mais aussi des rencontres avec les hommes avec les femmes et les hommes de ce pays.

2.

Nous survolons le Sahara ! Pour de vrai je le vois, de très haut mais je le vois… De multiples couleurs de jaunes ocres et teintes sienne ou marrons, des dunes, de canyons miniatures...
On a l'impression qu’on est dans cet avion depuis deux jours, on déconnecte doucement. On a perdu un peu la notion du temps qui passe dans cette journée particulière et délicieuse pleine de promesses qu’est l’envol vers les pays chauds. On survole maintenant le fleuve Sénégal et je pense reconnaitre le Djoudj et ses lacs où nous pensons nous rendre. Un peu avant d’atterrir, on longe la langue de Barbarie où nous irons peut être aussi !

Nous n’avons pris qu’un vol sec et une réservation dans le Saloum pour les premiers jours, pour le reste nous improviserons, selon nos rencontres et nos envies. Nous avons surtout envie de marcher en brousse, de rester juste suffisamment de temps là où nous nous sentirons bien, faire connaissance avec l’environnement humain, animal et végétal. Cela peut nous faire passer à coté de certaines choses, mais sentir la terre sous les pieds, aller à la vitesse de la marche permet de s’arrêter sur les choses les gens, de donner le temps au temps. Nous n’avons d’autres buts, même si l’appareil photo est avide de souvenirs, même si j’aimerais rencontrer des serpents d’Afrique, de ressentir les choses, de rencontrer le pays tel qu’il se présentera, pour que le souvenir soit définitivement ancré au fond de nos mémoires. En cela un tout petit compact et un reflex scelleront dans le silicium nos futurs souvenirs.

Atterrissage par fort vent latéral, impressionnant, dans les bourrasques de la ville poussiéreuse et embouteillée de Dakar. Zèle extrême des douaniers, toujours eux le premier contact dans un pays ou l’on arrive, limite comique, récupération des sacs à dos (le mien fut très long à arriver !!) et zou sortie de l’aéroport ou il nous faut retirer 30000 CFA sous les sollicitations des vendeurs de cartes SIM, de change à taux fabuleux, de taxis de l'impossible. On le savait, on n'est pas déçu !! Refuser poliment une fois, 10 fois, 20 fois les offres plus amicales les unes que les autres pendant qu on cherche des yeux le gars sérieux pour nous faire traverser les 200 km de piste et de route vers Ndangane n’est pas chose facile. On commence à se résoudre à patienter longtemps sur le trottoir de l aéroport tout en ignorant toutes les offres, de plus en plus amicales et miraculeuses, lorsque qu'un grand black en costard cravate nous accoste en nous demandant ou on va et qui on attend. On lui explique , il s’éloigne et téléphone puis revient vers nous pour nous expliquer que le gars qui peut nous envoyer dans le Saloum n a pas le droit de rentrer si près de l'entrée de l'aéroport et que sa voiture nous attend sur le parking extérieur. On le suit tandis qu’il nous « protège » des alpagueurs jusqu’à Mamadou, chauffeur de métier. Le prix est élevé (60 000 CFA), ce n’est pas un taxi-brousse, mais non négociable avec lui dans ce cas précis car il bosse , entre autre, pour le Bazouk , le campement où nous avons réservé quelques nuits et on voudrait être pour le soir au Saloum sur l’île de Marlotj et éviter de passer une nuit à Dakar et surtout perdre un jour sur les 15 précieux que nous nous sommes octroyés. Nous nous installons à l'arrière d une vieille Mercedes noire becquet arrière et jantes de courses et, alors que l’homme en costume congédie un dernier démarcheur, sur le ton de la confidence il nous explique qu’il est le seul officiel habilité à entrer jusque devant l aéroport pour aider les gens qui attendent un chauffeur qui lui n'a pas le droit de pénétrer dans l'enceinte .Il est payé pour cela, mais accepte bien entendu les pourboires.... Pas de monnaie en CFA, je lui donne deux euro. Il fait la gueule évidemment. On est parti !!!

3.


La conduite de Mamadou « à la sénégalaise », est « sûre et très efficace dans Dakar », Par la droite ou la gauche il double. Quand c est limite à 40, il ne va pas à plus de 100. Quand on est bloqué dans les embouteillages, il congédie les vendeurs de cartes SIM, d’oranges (le fruit, pas le groupe téléphoniste poseur de panneaux de pub en pleine brousse), ou les enfants mendiant d'un geste. Pour acheter un lecteur MP3 de voiture, il a la technique « drive in » : lorsque le vendeur s approche de la voiture et lui annonce 8000 CFA, il propose 4000 puis un pti coup d accélérateur sur 200 mètres , il freine pour attendre, et le vendeur après avoir couru dans les gaz d’échappement et la poussière a déjà baissé son prix de moitié. La transaction se fait en « drive in » en roulant lentement de même que l’ installation immédiate de l'engin à bord. Cela marche, Youssou N'dour à fond dans les oreilles. Miam !!!
Ainsi se passe la traversée de Pikine, de Ruffisque, dans la poussière, la pollution et les odeurs variées des bidonvilles de la banlieue qui s engouffrent dans la Mercedes non climatisée. Vivement que l’on quitte la ville, ses grands travaux autoroutiers qui créent des goulots d’étranglement, vivement que l’on voit la brousse et nos premiers baobabs. On n’ira pas à Dakar même si c’est aussi un visage du Sénégal, ses grands travaux routiers et sa furie de capitale ne nous attirent pas.

On ne sait pas ou regarder tellement les bords de route sénégalais sont le théâtre de scènes de débrouillardise, de cris, de couleurs et de surprises, de rires, mais aussi de précarité et de pauvreté. Trop nombreuses à décrire au milieu des chèvres, des enfants, ou des singes qui traversent la route sous le pare-choc de la vieille Mercedes noire. Quand ce ne sont les vautours qui festoient un cadavre de bête sur la chaussée.

C’est quand même très appréciable les pays ou les gens parlent le français, comme c’était le cas à Madagascar, les discussions, les échanges permettent d’aller plus loin, ne pas être bloqué par la langue pour exprimer des choses plus nuancées, éviter les incompréhensions sur les sujets.
Mamadou répond à nos questions, très loquace, s'enflamme et s'insurge contre la politique actuelle qui lui interdit d'acheter des véhicules de plus de 5 ans pour sa société de transports de personnes. Il nous de parle de Sally, endroit trop touristique ou il ne sent plus au Sénégal, mais où le tourisme de masse s’accompagne de perversions jusqu’au tourisme sexuel.
On s arrête dans une station essence pause pipi, gonflage de pneus et achat de petit en-cas : nous lui offrons un coca et nous nous goinfrons de chips et de galettes bretonnes pur beurre que nous avons trouvées ( !) en engloutissant 1 litre d eau minérale glacée. Pas mangé depuis 6h du mat, un peu liquéfiés et étouffés depuis notre arrivée par la chaleur et la pollution (il faisait zéro degrés à Brest ce matin). Mais heureux d’être enfin là !

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frazap
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« Répondre #1 le: 22 Mars 2011 à 00:50:10 »

Nous sommes sortis enfin de l enfer urbain de Dakar. un paysage de savane brulée, puis de baobabs et de palmiers, de sols cramés par la sécheresse et jauni par l harmattan, défilent devant nos yeux.

Nous arrivons à Mbour, assez verdoyante , multicolore ville africaine, contrastée, théâtre du reportage de reportage sur les enfants Talibé diffusé dans thalassa et qui avait fait grand bruit en France lors de sa diffusion http://www.wadeukeubi.com/societe/video-les-enfant(...)
Scènes de vie et d activité des sénégalais à même le « trottoir » ou la route. Inextricable fatras des maisons éternellement en cours de construction, lézardées et de bus rafistolés ou se suspendent des grappes d enfants. Attroupements autour de ce qu’il reste d une voitures accidentée en « réparation » là ou elle s est cassée et dont le moteur suspendu au bout d un palan rouillé et va s’écrouler sur la latérite dans deux secondes ou dans deux ans, l’art consommé du recyclage est une seconde nature. Mamadou est super concentré sur sa conduite, d’ailleurs à cause de cela nos questions ne sont posées que lorsque se présente une belle ligne droite. Il vaut mieux car jouer au zigzag autour des poids lourds, des charrettes a cheval et des restes de bus charges de 40 personnes comprimées tient du Paris Dakar. Il adore conduire mais s’il avait le choix il serait président de la république juste le temps de ne rien faire et de prendre l argent de la retraite. Au bout de 6 mois il se déclarerait trop malade pour gouverner et souhaiterait bon courage à son successeur. Mais la il travaille beaucoup car il doit montrer a ses enfants le bon exemple........ Enfin, Joal, petite ville à l entrée du Saloum.

Ville natale du Pdt Sangor et de sa femme devant la maison natale de laquelle Mamadou nous fait passer.
On quitte le goudron et sur des pistes de sable et de sel, la mercedes fonce à toute allure.On ne s’inquiète plus!!! Inch Allah ! Nous découvrons la splendide campagne africaine du Saloum. Les enfants accrochés sur le bus scolaire de la brousse : la charrette à cheval

4.

Nous patinons dans des pistes de sable épais mais Mamadou s en sort. Il nous fait le coup du sentier littoral parce que c est possible en saison sèche. Du coup des éleveurs nomades Peuls nous offrent le spectacle de leurs villages provisoires, de leurs zébus itinérants et de leurs potagers d’une saison.
On aperçoit quelques oiseaux bizarres, on traverse des villages complètement isolés

Ses villages fantômes et ses immenses zones de traitement du poisson, polluées par les décharges à coté desquelles des femmes les sèchent et les fument à longueur de journée. Sur des hectares de tables de bois l’odeur est horrible. Le commerce de ces poissons fumés est interdit au Sénégal mais autorisé au Mali et au Burkina, des pays qui n ont pas de zone maritime... Il y a quelques temps beaucoup d argent a été débloqué pour assainir et produire propre : rien n a été fait et on ne sait ou est passé l'argent...

5.
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« Répondre #2 le: 22 Mars 2011 à 00:55:49 »

6.

"Si tu vois un serpent tu t'arrêtes" lui dis je.
"Surement pas vraiment j'ai très peur des serpents tous les serpents sont dangereux"
"J’ai un Python de 3 m 0 la maison Mamadou, ce sont des animaux comme les autres"
"Bon, tu es fou"
La grande majorité des espèces est inoffensive mais cela personne ne le sait, on ne retient que le pire.
Pas plus ici qu’en Europe les serpents ne sont appréciés. Ici ils ont de meilleures raisons car quelques espèces sont vraiment dangereuses en cas de morsures venimeuses (Vipère Heurtante, Cobra cracheur ou non, mambas, vipère des pyramides et pas mal de couleuvre venimeuse dont le boomslang au venin mortel qui a déjà tué un herpétologue). Les pythons de Seba d’ici sont très semblables à leur pendant asiatique le python Molure dont j’ai un exemplaire né en captivité que Je fais grandir à la maison en terrarium depuis 7 ans. Le python de Seba est par contre plus nerveux et agressif que le python Molure qui est d’un naturel très calme. J’ aurai la confirmation de cette différence un peu plus tard dans le séjour, de même que l’aversion hystérique que les villageois et même les éco-guides du Djoudj, démontrent lors d’une rencontre avec un python.

On croise Agnès et Patrick, proprios du Bazouk qui remontent en 4x4 vers Dakar. Simple échange de bonjour. On arrive enfin à Ndangane. Le bar à coté de l’embarcadère est moyennement sympa avec un service très occidental c'est-à-dire impersonnel qui détonne avec la chaleur africaine, mais nous nous nous y désaltérons avant de quitter Mamadou.


7.

Tandis que déjà fondent sur nous les vendeuses de souvenirs et les porteurs de sacs... Ndnangane est un endroit assez touristique, beaucoup de voyagistes en font le point départ d’excursions à la journée dans le Siné-Saloum. On espère secrètement que Marlotj est encore un peu tenue à l’écart.


La pirogue du Bazouk pour l'ile de Marlotj nous attend

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« Répondre #3 le: 22 Mars 2011 à 01:05:07 »

Nous réglons Mamadou et prenons sa carte au cas où l’on ait besoin de ses services. Nous sautons dans la pirogue de Lamin, piroguier attitré du campement du Bazouk que nous avons hâte d’atteindre pour une bonne douche et un bonne Gazelle bien fraiche.

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10.

On quitte Ndangane,  Enfin le calme (à part le bruit du moteur) !! on va longer les mangroves dans les méandres du delta pour rejoindre l'île de Marlotj

On glisse sur l’eau et les mangroves du delta nous offrent une jolie balade; un bateau de Barbie complètement anachronique repose sur un banc de sable

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12.

On se se bien on revit,  on reconnecte avec la nature et le delta après cet abrutissant voyage.

13.

Des sternes caspiennes, dont au moins une immature, celle qui a le poisson chat dans le bec, et un balbuzard passent au dessus de la pirogue !! Fabuleux !!
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« Répondre #4 le: 22 Mars 2011 à 01:11:04 »

Pendant la demi heure que dure le trajet de Ndanghane à l'île de Marlotj,on hallucine de voir autant d'échassiers, en aussi grande densité par rapport à chez nous. Un héron cendré tous les 50 mètres, des aigrettes des récifs, un courlis


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« Répondre #5 le: 22 Mars 2011 à 08:24:42 »

On arrive en vue du ponton du Bazouk sur Marlotj, et dire qu'il y a quelques heures nous étions encore sous la grisaille d'une froide cité européenne..l'avion va trop vite! mais le décalage est délicieux. Notre première nuit africaine nous attend, avec ses cohortes de moustiques, sa chaleur moite, qu'importe ! heu-reux !

17.

Pas d’électricité dans les cases, bien sûr, simplement, pour l’éclairage, un néon qui marche au l’énergie solaire .
Une petite douche froide ainsi qu’un robinet ne laissent échapper qu’un filet d’eau. Habitués aux débits généreux et inépuisables de nos mitigeurs occidentaux, la priorité vitale de l’eau en saison sèche saute aux yeux, et l’accès à l’eau potable est véritablement un problème, d’autant que Marlotj est une île.

Le sol des terres du Sine Saloum est gorgé d’eau saumâtre, non potable, née du mélange du fleuve et de l’océan qui remonte très loin dans le delta. Les îles comme Marlotj doivent déployer de grands moyens pour s’approvisionner en eau douce. Les villages de Marlotj ont mis leur moyen en commun pour construire un grand réservoir ou l’eau arrive par tuyau depuis le continent et se remplit en saison des pluies.


Ensuite une grosse pompe achemine l’eau par des tuyaux souterrains équitablement à chaque cuve de chaque village ; le seau d’eau est ensuite facturé 15 CFA au villageois qui vient se fournir dans chaque cuve du village. Le problème se pose en saison sèche, quand le réservoir est à sec, certains villages n’ont plus d’autre choix que de javelliser et filtrer sommairement l’eau des nappes phréatiques qui est encore impropre car trop salée. Ce n’est qu’une solution provisoire en attendant les pluies car beaucoup de problèmes intestinaux se font alors jour. Ou alors le villageois peut aller dans une village voisin encore pourvu en eau, en charrette, pour remplir ses bidons . La solidarité joue encore et toujours un grand rôle dans ces problèmes quotidiens.
Au campement du Bazouk, des bidons plein d’eau saumâtre sont laissés en plein soleil à disposition devant chaque case si on veut de l’eau chaude pour la douche. Pour la boisson, nous n’achèterons que de l’eau en bouteille..et des litres de Gazelles !!. Le soir une lampe tempête à pétrole nous permet de nous éclairer.

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« Répondre #6 le: 22 Mars 2011 à 08:31:54 »

La lumière faiblarde de l’aube est là, et commence à filtrer à travers les persiennes des cases du campement endormi; les oiseaux s’activent déjà dehors, je me lève rapidement, avant tout le monde, comme dans l urgence du premier matin du monde dont je ne veux pas manquer une miette. Les 3 chiens du campement me sautent dessus de joie, aboient à tout rompre, et font fuir toutes les bestioles, ils sont gentils mais un peu chiants, tant qu’il fait frais, ils sont tout fous, quitte à se jeter à l’eau pour essayer d’attraper les cormorans qui pêchent.

18.

Les chants des oiseaux va crescendo au fur et à mesure que le jour pointe. Une véritable symphonie de sifflements, de sons flutés, de rires, de hululements ou de percussions, qui se répètera chaque aube, comme un petit miracle. Rapides comme l’éclair, les flèches fluorescentes que sont les souimangas ne cessent de virevolter ; tantôt en vol stationnaire au dessus d’une fleur de bougainvillé, la seconde d’après ils exécutent un grand huit supersonique pour séduire leur femelle ne se posant que le temps d’un battement d’aile.
Certains ont bien voulu se laisser photographier, après le photographe, il est ce qu'il est  ( et pis le piqué chute grave avec la compression nécessaire )

Tisserin et son nid caractéristique

19.

Gorge-bleu


20.
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« Répondre #7 le: 22 Mars 2011 à 08:41:18 »

Bergeronette à tête grise

21.

Souimanga

22.

Les calaos traversent la mangrove se posant en haut des grands acacias.
Au loin, de la mangrove de plus en plus verdoyante, jaillissent des balbuzards, des gros cormorans et des hérons qui partent en chasse.


23.
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« Répondre #8 le: 22 Mars 2011 à 08:45:15 »

Les moustiques ne sont pas en reste et participent à la fête du soleil qui tel un une boule irradiante, s’emploie déjà, à peine levée, à méthodiquement brûler la moindre parcelle de peau non protégée de ses rayons cuisants..
Vêtement longs imprégnés et Insect écran peau obligatoires, le matin et le soir, si l on veut diminuer les piqures, et ajoutons à cela de l’écran total en journée. La contrainte obligatoire, les deux cérémonies journalières du voyageur craintif pour sa tendre peau d’européen, contrainte avec laquelle on prend de grandes liberté les jours passant..

Bazouk du Saloum, quelques infos pratiques pour ceux qui y passeront. Pour recharger les batteries d‘appareil photo ou autres, on peut les donner à Justin, adorable et discret homme à tout faire du Bazouk, qui se chargera de les brancher au bar sur lune prise 220V. Les repas du soir sont très bons au Bazouk, bravo la cuisinière.
L’ile de Marlotj est pour l’instant un havre de tranquillité. Le campement du Bazouk, est très bien situé au bord d’une anse du Saloum entre deux zones de mangroves...

24.

... Avec une petite plage ou nous nous sommes souvent baignés au plus fort de la chaleur (attention au courant au plus fort de la marée), mais de nombreux autres campements s’échelonnent de part et d’autres du Bazouk, témoignant de l’intérêt touristique grandissant du Saloum et de Marlotj en particulier qui n’est qu’à une demi heure de pirogue de Ndangane.

25.

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« Répondre #9 le: 22 Mars 2011 à 08:48:27 »

Pour l’instant l’endroit semble, à priori, suffisamment reculé pour n’accueillir que des routards ou des voyageurs en quête de nature et de tranquillité , propice aux rencontres d’homologues avec qui les échanges d’impressions de voyage le soir autour d’un verre pourront se développer. D’ailleurs nous n’avons que rarement croisé des blancs à Marlotj (pour l’essentiel des gens faisant partie d’ONG) .
Cependant, signe des temps, certains touristes français viennent au Bazouk avec armes , chiens et bagages comme on loue une chambre au Cap d’Agde pour un week end, brisant parfois la tranquillité du campement en lui donnant un parfum de camping du Sud de la France au mois d’Aout, pour le moins anachronique dans un tel environnement...
Autant le dire, l’ambiance du Bazouk n’est vraiment pas folichonne, seuls Justin et son collaborateur illuminant de leur sourire et de leur prévenance le soir la case restaurant ou au bar.
Fort heureusement, nous avons rencontré un couple de français de passage au Bazouk biens heureux retraités voyageurs, avec qui nous avons pu partager nos impressions, nous filer des tuyaux, des moments d’échange bien sympas pendant les repas et après au bar, alors que proprios et locataires s’étaient éclipsés depuis longtemps sans même un bonsoir. Déception donc, que l’ambiance impersonnelle de ce campement qui tranche avec la chaleur humaine africaine .
Ce ‘est pas très grave , on ne fait qu’y dormir ou y manger et partons pendant la journée, et nous nous félicitons de n’avoir pas pris la pension complète, nous ferons nos courses au village ou y déjeunerons dans quelque gargotte s’il y en a.

Après le petit déjeuner nous avons hâte d’aller à la rencontre de l’île, de découvrir sa nature et ses habitants, nous partons faire une première balade au village de Marlotj, voisin du campement.

26.

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« Répondre #10 le: 22 Mars 2011 à 09:06:54 »

Nous marchons dans ce village de poussière, quasi désert, de cases brunes, de murs décrépis et de tôles entrebaillées , de lézards rapides, d’oiseaux énervés et d odeurs fortes.

27.



28.

Les femmes que l’on aperçoit sont des fleurs poussant dans la poussière, habillées de couleurs vives, simplement, mais très souvent avec classe ; bien souvent, un pistil noir et rond accroché dans le dos, et quelques princesses miniatures en robe blanche qui s’évertuent à les suivre dans le sens contraire de la marche.


29.


Pas un mot pas un cri pas un pleur d’enfant. Il suffit d attendre, et la petite troupe se rassemble et disparait derrière le virage entre les clôtures de roseaux séchés par le vent brûlant du Saloum. Un vase de tomates ou 5 kilos d’eau sur le crâne, les yeux fixant l’horizon, la tête haute, les femmes glissent comme de fières statues avec dix fois plus de classe qu’un défilé haute couture. Lorsqu’on les croise, cela ne les empêche pas de chanter de tous leurs diamants d’ivoire une chanson disant "bonjour ca va bien?", véritable hommage à la chaleur humaine.

Dans les ruelles de bric et de broc en foulant le sable terreux qui constitue le sol des ruelles, nous avançons au hasard des rencontres.
Nous nous rendons au petit marché alimentaire des femmes, poissons, tomates, aubergines africaines mais nous nous abstenons d’acheter les légumes .

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31.

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« Répondre #11 le: 22 Mars 2011 à 09:12:41 »

Et soudain en ressortant, les petites mains sales qui agrippent les nôtres, les yeux noirs tendus vers nous qui nous supplient de les porter, les nez qui coulent, mais, sans un mot, les enfants nous plongent leurs regards forts au coeur. Les plus grands sourient les plus petits restent sérieux. Ils ne parlent pas français, leurs parents ne peuvent leur payer les fournitures pour aller a l’école. Une gentille curiosité, un jeu peut être, pour les plus petits, une petite fierté que de donner la main et se faire porter par un blanc. En tout cas pas de sollicitations pour de l’argent par les plus grands, le tourisme n’a pas encore trop pourri ce coin ci.

Pas d'école donc pour ceux dont les parents ne peuvent payer les fournitures à l'école publique. Quand à l'école privée c'est 20000 cfa( 30 euros) l’année autant dire que seules les enfants parrainés ou les familles aidées par des assos catholiques françaises peuvent s y inscrire. La question de l’aide se posera à nos consciences tout au long du voyage. Que ce soit avec une personne qui nous aborde directement pour demander de l’argent, ou même à un ami de quelques jours, les réponses à la question « comment bien aider ? » sont loin d’être évidentes. Les réussites, les gratifications qui reviennent aux ONG, associations charitatives, ou aux démarches individuelles, ne sont pas toujours à la hauteur des espérances ; l’ouverture de nos porte monnaies est quelque chose de tout à fait normal vu de ce peuple. Comment pourrait il en être autrement après des dizaines d’années de colonialisme? Les déviances, détournement, foirages des formes d’assistance ne sont pas rares. Même les parrainages, individuels et direct sur place, vécus par des personnes rencontrées à Marlotj, ou en passant par des associations, à distance, peuvent être la source de grosse désillusions, si ils ne sont pas sérieusement étudiées et surveillés..
Aide efficace et soulagement de bonne conscience ne font pas bon ménage.
Aussi avons-nous choisi de ne rien donner directement aux personnes qui demandent (enfants ou adultes), mais plutôt de donner à un chef de village ou à un instituteur sur lequel nous comptons pour employer au mieux le don en argent ou en nature. Après c’est lui qui voit.
Donner à un enfant est selon nous une grave erreur. C’est lui apprendre le plaisir fugace de la consommation , lui montrer que le blanc donne sans qu’il n’ait autre chose à faire qu’a tendre la main, galvauder l’autorité parentale qui va voir sa progéniture exhiber un bien que les parents eux-mêmes ne pourraient acheter.
Bref, beaucoup de questions, d’interpellations affectives, mais peu de réponses, chaque individu réagit différemment.

Heureusement certaines opérations sont couronnées de succès, tel ce potager Communal du village installé par une ONG italienne et qui désormais tourne à plein régime parfaitement géré par les villageois eux-mêmes. Seuls les produits « phytosanitaires » (les engrais et répulsifs chimiques) sont achetés et expédié depuis l’Europe par l’ONG.

32.

33.

Amin est musulmane comme une petite majorité des femmes de Marloutj. Elle nous invite chez elle, à nous faire découvrir les légumes de son petit potager personnel

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« Répondre #12 le: 22 Mars 2011 à 09:15:13 »

Elle habite un lieu de vie typique, une case devant une cour intérieure et son arbre à palabre pour régler les problèmes familiaux.

35.

A 44 ans (elle en parait beaucoup moins) , elle est la deuxième femme d’un mari qui préfère vivre ailleurs chez sa troisième femme. Elle entretient et partage donc cet endroit avec la première épouse. Son mari a eu le temps de lui faire 8 enfants depuis ses 20 ans. Elle doit donc les élever seule et pour se faire elle vend des objets en bois aux touristes de passage. Bonne musulmane, elle fait ses 7 prières quotidiennes à heures fixes sauf lorsqu’elle est malade, ou bien qu’elle est dans un endroit où cela n est pas possible comme le précise le Coran. Elle va à la mosquée à la prière du vendredi bien sûr. Tout comme les chrétiens du village vont à la messe du Dimanche à l’église.
4O pour cent de Marlotj est chrétien, 60 pour cent est musulman. Le Nord du Sénégal est quasi exclusivement musulman, mais plus on va vers le sud, plus on rencontre de Chrétiens. Pas de polygamie officielle chez les catholiques. Mais tous les villageois de Marlotj sont de famille plus ou moins éloignée. Ce qui fait le ciment de la population, comme dans toute l’Afrique, c’est la famille et la solidarité villageoise. Et ici les deux religions cohabitent bien. Amin nous raconte qu il n y pas de maire au village, mais un chef. Les problèmes se résolvent d’abord en famille avec la validation du chef de famille. Apres ce sera au chef du village qui est chrétien actuellement, de résoudre les difficultés non résolues à l’échelon familial. Enfin, c’est au maire officiel, celui qui administre toute la région de l’ile de Marloti (5 villages) de venir à bout des décisions qui restent à prendre, mais en général tout est réglé dans le village lui-même de façon collégiale.

36.
le forgeron et son fils,l’épicier, tous nous accueillerons avec gentillesse, parfois nous offrirons de rentrer chez eux pour parler, partager. Sans se préoccuper de nous ils vaquent à leurs affaires, s’ils sentent que nous sommes intéressés pour en apprendre un peu plus sur leur vie, ils nous convient à partager un moment de leur journée, ne sont jamais tenus par l’heure, priorisent par-dessus tout le rapport humain mais restent simples. Quand le dialogue s’établit les paroles sont aimables, gaies, le rire n’est jamais loin pour et peu que l’on commence à plaisanter ils démarrent au quart de tour. Puis la vie continue.
C’est un village ou l’on se bien car nous ne sommes pas ramenés à nôtre condition de blanc privilégié . Nous ne portons pas comme un fardeau notre richesse encombrante par rapport à la relative pauvreté qui nous entoure, du coup la simplicité de notre comportement facilite grandement la sincérité et la véracité des échanges. 
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« Répondre #13 le: 22 Mars 2011 à 09:22:06 »

D’autres ont déjà pratiqué le Toubab d’une autre manière, et leur accueil rieur et hyper chaleureux ne cache pas du tout un interêt pour notre porte monnaie, notre adresse ou notre numéro de téléphone : les femmes de l’Artisanat dont le seul but est évidemment de vendre un maximum de choses aux visiteurs.
Le marché artisanal de Marlotj est compose de 44 femmes qui revendent des objets africains.


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Achetés au préalable à Dakar, objets que l’on trouve partout. Elles occupent par dizaine à tour de rôle cet endroit stratégique tout au long de la semaine.
Chacune garde le produit de sa vente ce qui fait que le malheureux acheteur qui fait une bonne action auprès de l’une d elle se trouve aussitôt culpabilisé par le bagout de celles qui n’ont pas vendu.
La tchatch est une seconde nature. Ce sont de redoutables commerçantes avec tantôt un sourire permanent, tantôt au bord des larmes car leurs enfants ne pourront manger si l’on achète pas.
Leurs sollicitations ne sont pas agressives évidemment mais permanentes. Capables de venir à votre rencontre même si vous passez à 500 mètres de là. Nous cèderons en fin de séjour..
Acheter des choses dans le village est une bonne alternative pour participer à l’économie locale et la vielle dame silencieuse et son petit fils, assis devant un petit étal à la sortie du village ,seront nos fournisseur attitrée en oranges et bananes, à chaque fois que nous viendrons faire nos courses.

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Ce midi nous mangerons deux portions de Regal Picon (sorte de fromage Vache qui Rit locale) et du pain délicieux, achetée au supermarché du village, tenue par un libanais.

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« Répondre #14 le: 22 Mars 2011 à 09:33:57 »

Une image pas glorieuse mais omniprésente en brousse : les déchetteries sauvages. Partout nous avons rencontré des emballages, des sacs, des objets cassés abandonnés sur place. La brousse sénégalaise aux abords des village est constellée de déchets très longs à se dégrader.

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Et encore ici c’est relativement propre car le village réserve un seul endroit du village pour déposer ses déchets. Mais il n’y a pas de collecte ni d’incinération et encore moins de tri sélectif, chacun fait ce qu’il a envie. Tout s’envole au gré du vent et tous les arbres et les buissons aux alentours du village sont « décorés » de guirlandes en sacs plastiques multicolore… l’écologie est un luxe pour les populations pauvres.. mais nous sommes tout de même dans le parc naturel du Saloum et MArlotj ne semble pas aussi pauvre que les villages Peuls que nous
visiterons dans le nord ouest du Sénégal et qui seront nettement mieux tenus. Plus généralement la gestion des parcs naturels au Sénégal nous a parfois semblé à l’abandon ou du moins bizarrement géré (nous y reviendrons)...
 
Après la sieste obligatoire, nous profitons d’une pirogue qui part faire un tour dans les bolongs, pour visiter la beauté de ces paysages du Saloum, la fraicheur de l’eau réveille nos sens endormis par la chape plomb du soleil africain. Nous nous enfonçons dans les bolongs lentement…

Alcyon Pie
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Les aigrettes des Récifs
45.


Comme un gang en quête d'un mauvais coup
46.


Un héron cendré sous les palétuviers
47.


Un petit cormoran
48.


L'ibis tantale
49.
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