Petit compte rendu au retour de Londres où j'ai assisté au séminaire Wildphotos.
Introduction à WildPhotosIl s'agissait de la 5 ième édition de Wildphotos. Pour ceux qui ne connaissent pas cet événement, il s'agit d'une suite de conférences sur 2 jours sur le thème de la photographie de nature. Les présentations durent entre 20 minutes et 1heure et chacune est centrée sur un thème particulier. Exemple : "la gestion de la lumière dans la photographie de paysage", "la photo animalière en milieu urbain", "les attentes des magazines nature",…
Chris Packam à gauche (animateur de la conférence) et Joe Cornish (photographe anglais de paysage)
Pour ma part, c'est la seconde fois que j'y assiste et c'est avec un énorme plaisir que je me retrouve plongé dans cette atmosphère débordante de créativité au milieu de ce qui se fait de mieux en matière de photo nature.
Au-delà du plaisir de voir de magnifiques photos pendant 2 jours (un peu comme à Montier), les conférences sont vraiment l'occasion d'apprendre. La plupart des conférenciers n'hésitent pas à délivrer leurs trucs et leurs conseils. C'est aussi l'occasion d'être confronté à des approches très différentes ou éloignées de sa propre approche et ainsi parfois de s'ouvrir de nouvelles perspectives ou voir germer de nouvelles idées.
Les grands invités :Les conférenciers sont des "Pointures de la photo nature" et c'est ce qui fait tout l'intérêt de cet événement. On y retrouve notamment les vainqueurs du tout récent Wildlife Photographer of the Year dont les résultats ont été dévoilés le mercredi précédent.
Difficiles de tous les citer (25 conférenciers au total) mais parmi les plus éminents figuraient :
- David Doubilet, un des pontes de la photo sous-marine, il fut le "Keynote speaker" (conférencier vedette) du séminaire
- Joe Cornish, spécialiste anglais de photographie de paysage
- Klaus Nigge, grand photographe allemand et ex président du GDT
- Stephano Unterthiner, le très sympathique photographe Italien, membre du jury du WPY 2010
- Bence Maté, vainqueur du concours WPY 2010
Bence Maté, overall winner du concours Wildlife Photographer of the Year 2010 (vainqueur également du prix Eric Hoskins des moins de 26 ans)
et parmi les Français :
- Laurent Geslin, spécialiste de photo animalière en milieu urbain
- Pascal Kobeh, photographe du film Océans
Laurent geslin en train de tester sa barrière infra-rouge
Les grands moments- Une grande émotion lorsque David Doubilet, au milieu de la projection de ses magnifiques photos du monde sous-marin, nous présente les images atroces du massacre de Dauphins commises par les pêcheries japonaises. Un peu comme dans le film océans (avec les requins). On touche du doigt la force de l'image et son rôle dans la protection des espèces. C'était d'ailleurs une des thèses de sa présentation : "qui d'autre que les photographes animaliers peut jouer ce rôle de témoin de ce qui se joue sur notre planète ?". A vrai dire personne. Nous sommes en première ligne !
- Dans un registre plus souriant : le "Plan B" de Stephano Unterthiner nous a bien fait rire. Sur le thème : "ayez toujours un plan B en cas de difficulté sur le terrain", Stephano nous a relaté sa récente mésaventure lors d'un voyage en Finlande consacré à la reproduction du Cygne Chanteur. Du fait du décalage dans la saison de ponte, Stephano qui suivait la repro d'un couple de Cygne, s'était retrouvé à devoir abandonner son affût, à quelques jours de l'éclosion, étant dans l'obligation de participer au jury du concours WPY. Heureusement il avait sur place un "Plan B" en la personne de sa femme. Et c'est elle qui a assisté à l'éclosion. Mais pas facile quand on n'est pas soi-même photographe de s'y retrouver en face de cet amoncellement de matériel et d'essayer de faire une image de ce moment rare. Le téléphone portable fut d'un grand secours et finalement le Plan B à très bien fonctionné. Pendant le reste du séminaire chaque conférencier reprit à son compte (sous le mode running gag) le terme de plan B pour désigner sa compagne. Bon en y réfléchissant je ne sais pas si c'est vraiment très sympa d'être un plan B.
Stephano Unterthiner évoquant son "Plan B"
- En relation avec un récent sujet évoqué sur Cow (affût aux Harfangs) j'ai trouvé très intéressant le débat ouvert par Mark Carwardine sur l'éthique de la photo animalière. Il a lancé le débat en faisant un sondage auprès de l'assistance (composée en très grande partie de photographes amateurs ou professionnels) destiné à mesurer quelle proportion de photographe admettait telle ou telle pratique. J'ai notamment relevé les résultats suivants :
95% de l'assistance est prête à utiliser des graines pour attirer et photographier des oiseaux
60% de l'assistance est prête à utiliser un animal mort (par exemple une carcasse d'animal trouvé au bord de la route) pour attirer et photographier des oiseaux/mammifères
20% utiliserait une souris vivante pour attirer une Chouette
et, sur un autre thème :
80% est prête à retirer sous Photoshop (ou ses équivalents) une herbe gênante sur une image
30% avertirait le lecteur ou l'éditeur de ce genre de manipulation qu'il aurait opéré sur une photo
Voila qui donne à réfléchir et pourrait faire l'objet de quelques échanges entre nous dans un autre fil.
Les évolutions de la photo natureJe reprendrai ce thème dans une prochaine actualisation de l'analyse des résultats du concours WPY 2010. Mais j'ai noté au cours de la conférence :
- De nombreuses présentations concernant la photo sous-marine et les pays nordiques (ambiances de neige). Ces 2 thèmes ont toujours la côte.
- L'apparition de la vidéo mixée en combinaison avec de la photo soit pour des diaporamas assez efficace soit pour des makings of très intéressants.
- Certains photographes font à présent de vrais films documentaires à l'aide des fonctions Vidéo HD embarquées dans leurs boîtiers.
- L'usage du grand angle en photo animalière est devenu plus qu'une tendance. C'est à présent un passage obligé dans un sujet/reportage photo.
Chris Packham : l'animateur de la conférence muni de son arme destinée à punir les conférencier qui auraient excédé leur temps de parole
Jérôme Guillaumot