Jour 2 : La Chevauchée Fantastique (John Ford 1939)Outre ces 2 scènes inoubliables, le drive de la veille avait suffit à confirmer ce que nous avions déjà présumé lors de notre atterrissage en survolant d'importants rassemblements de Gnous : nous sommes bien au cœur de la migration. Dans certains secteurs, la savane est comme mouchetée de formes sombres mais, à d'autres endroits, elle disparaît littéralement masquée par la masse quasi continue de Gnous qui se pressent les uns contre les autres. L'émotion soulevée par cette migration en marche est au-delà des mots. Cette biomasse en mouvement est tout simplement incroyable.
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Simon était visiblement anxieux de nous faire découvrir le spectacle des spectacles : la traversée de la rivière Mara par les Gnous (le terme anglais de "Crossing" est utilisé la plupart du temps soit pour désigner l'action de traverser soit pour désigner un lieu habituel de traversée ; exemple : "le Crossing de Serena" ou "le Crossing de Paradise"). C'était bien sûr une scène que je rêvais d'observer, sans oser y croire ni même l'exprimer (cela porte malheur
) tant cela me paraissait du domaine du fantasme. Ce sera l'objectif de la journée car il ne faut pas perdre de temps : les observations des derniers jours semblent indiquer que nous sommes à la toute fin d'une traversée Ouest/Est (Tanzanie vers Kenya) et les chances d'assister au crossing sont minces.
Arrivés au bord de la Mara, tout est calme mais nous ne tardons pas à apercevoir de l'autre côté de la rivière un premier contingent de Gnous dont la silhouette se détache en haut d'une colline. Ils cheminent en direction de la Mara et nous n'osons croire que nous allons assister au crossing.
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Simon maintient le 4x4 à distance de façon à ne pas effrayer le groupe ni interférer à un moment qui peut s'avérer délicat. Les Gnous dévalent la pente avec une belle énergie : ils semblent bien décidés à traverser rapidement la rivière. Le petit détachement initial s'est vu grossir en une demi-heure par des centaines de Gnous, peut-être des milliers, qui se pressent à présent sur la rive opposée.
D'abord impatients d'en découdre, ils semblent à présent incertains. En effet, il y a de quoi hésiter : la berge de la rivière forme comme une falaise de 5 à 6 mètres de haut et la rivière, gonflée par des orages récents, est plutôt tumultueuse.
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Certains s'éloignent même de la berge. Une longue attente va commencer avec une succession de flux et de reflux, d'approches enthousiastes suivies de mouvements de replis. Au terme de 2 heures de valse-hésitation, le groupe quitte le site. Bon, c'est pas grave on pourra dire que l'on a assisté à la préparation d'un crossing, c'est déjà pas mal pour notre seconde journée de Safari...
Mais Simon nous confie que rien n'est perdu et que ce jeu d'alerte/fausse-alerte, d'attente et d'excitation est le propre des crossings. Nous changeons de site en anticipant l'arrivée du groupe plus en aval. Une nouvelle attente commence. Mais tout ira très vite cette fois. Nous ne tardons pas à voir apparaître un premier éclaireur suivi bientôt par la masse de ses congénères. Un petit groupe de 3 individus s'enhardit. Ils ont réussi à trouver un passage un peu moins vertical dans la paroi et ont à présent les pieds dans l'eau. D'autres les suivent mais il n'y a pas de place pour plus de quelques individus sur la plage. Pressé par le groupe qui derrière lui ne fait que grossir, le Gnou de tête se lance enfin à l'eau suivi bientôt par ses congénères. Génial : c'est arrivé
! Une ligne de nageurs se forme dont on ne voit bientôt plus que la tête sortir de l'eau.
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Leur progression est rapide et une trentaine de seconde suffit à un individu pour traverser. La plage de sortie est assez large et les premiers Gnous y prennent pied sans trop de difficulté. En revanche, ce qui est beaucoup plus impressionnant ce sont les masses qui se pressent sur la rive opposée. Une sorte de fébrilité s'est emparée des Gnous : après ces longues hésitations il semble à présent devenu impérieux pour chacun d'entamer sa traversée.
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La sente étroite ayant permis aux premiers de se mettre à l'eau en douceur n'est plus suffisante pour permettre le passage à des dizaines en même temps. Aussi, certains téméraires choisissent l'accès direct et dévalent la paroi verticale soulevant de leur sabot une épaisse poussière.
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Au début, je ne sais pas trop que photographier : les nageurs ? Les premiers Gnous qui prennent pied sur la rive opposée ? Ceux qui se mettent à l'eau ? Bon Ok je me concentre sur ces derniers : la lumière, la poussière, des sauts spectaculaires et, en arrière-plan, des groupes de Gnous qui se préparent et devraient donner profondeur et texture à l'image. Extraaaa !!!
J'en compte parfois 3 bondissant en même temps. Dans leur "Chevauchée fantastique" et juste avant d'atteindre la rivière, ils donnent un dernier coup de rein et, en prenant appui sur la paroi verticale, se propulsent au dessus de la rivière. L'entrée dans l'eau est plus ou moins réussie. Certains pénètrent de façon puissante, tête en avant. D'autres font des plats magistraux.
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Les plus jeunes sont les plus aventureux et n'hésitent pas à sauter directement depuis le haut de la paroi, soit d'une hauteur de 6 mètres et, après une première impulsion qui les propulse en avant en direction de la rivière, ils retombent lourdement dans l'eau à la verticale, leur élan brisé, les 4 pattes pendantes. Certains sauts sont encore plus scabreux mais de façon étonnante tous parviendront à franchir l'obstacle sans accident.
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... et pour terminer, le gif animé
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...et la vidéo de Julie
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Jérôme