Préambule:
Je me souviens très bien de ce qui est écrit en introduction du "petit futé" concernant les visites des parcs du Botswana en autonome: "Inutile de préciser que si l'on n’est pas très expérimenté en camping sauvage et conduite tout terrain, le self drive n'est absolument pas envisageable. Les réserves sont trop peu fréquentées pour espérer de l'aide en cas de problème et la faune sauvage n'est pas sans présenter quelques sérieux dangers."
Nous avions une toute petite expérience de la question avec nos balades dans le Kgalagadi Transfrontier Park d'Afrique du Sud. Je voyais le Botswana comme un prolongement plus sauvage de cette réserve. Erreur! Il ne faut pas prendre à la légère les avertissements du Petit Futé. Le Botswana n'est pas l'Afrique du Sud! Mon but ici est d'aider ceux qui envisageraient un voyage solo, car si tout peut se passer comme dans un rêve, tout peut aussi virer au cauchemar en quelques secondes.
Il est donc impératif d'oublier ses habitudes Européennes, qui peuvent encore à peu près s'appliquer en Afrique du Sud. Vous envisagez de faire une étape de 300 kilomètres dans le Morémi dans la demi-journée ? Prévoyez 2 jours! Vous pensez pouvoir vous passer de GPS et suivre la carte? Vous allez finir dans les marais ou tourner en rond jusqu'à ce que quelqu'un vous remette sur la bonne piste, et encore ne saurez vous pas sorti d'affaire. Vous avez vôtre GPS? C'est très bien! Mais avez vous bien chargé Tracks for Africa? Sans cela, quasi aucune piste n'apparaîtra, et vous ne serez guerre plus avancé.
Si vous avez bien Tracks for Africa, restez tout de même très prudents, car voici ce qui est arrivé à des Allemands qui allaient dans le Makgadikgadi park!
Ceux ci devaient se présenter à l'entrée de Khumaga. Pour y accéder, on suit d'abord une belle route bitumée, que l'on quitte pour traverser un village typique via une piste. A la sortie du village, on traverse le lit à sec d'une rivière (la Boteti), on remonte de l'autre coté de la berge et hop, à nous les animaux! Ces Allemands suivaient donc la belle trace de leur GPS, bien utile pour sortir du village sur le bon chemin, car des traces perturbantes partent quand même un peu dans tous les sens! Arrivés à l'instant de traverser la rivière à sec, ils se trouvent devant un large fleuve d'une cinquantaine de mètres. En bons Européens, puisque le GPS indique qu'il faut traverser, ils avancent... Et ne feront que quelques mètres avant de retrouver la voiture plantée dans une eau trop haute! Heureusement, les guides d'un lodge passaient dans le coin et ont pu les secourir, sinon les soucis auraient pu s'aggraver. La voiture devra, de toute façon, partir en remorque. Que s'est il passé ? Ils étaient sur la bonne piste, c'était la saison sèche et il n'avait pas plus depuis longtemps!
Certes! Mais 4 mois plus tôt il avait beaucoup, beaucoup plu, en Angola. Quel lien?
L'eau met 4 mois pour rejoindre le Botswana. Et voilà comment une rivière qui n'a plus coulée depuis les années 1980 fait 50 mètres de large en pleine saison sèche.
Les saisons, tiens, parlons en! La saison des pluies est censée commencer en Décembre/Janvier. Vous organisez votre voyage dans le Moremi pour Octobre, afin de rouler plus facilement. Mais vous avez oublié que la météo ne fait que ce qu'elle veut, et, même en Octobre, vous vous retrouvez seuls sur des pistes trempées dont les limites avec la rivière d'à coté ne sont plus bien franches. Il vous faut sonder la profondeur avant d'avancer, en priant pour que le fond ne soit pas de la glaise dans laquelle vous allez vous embourber, avec en tête une question qui vous taraude: y-a-t il des crocos dans le coin? Est il utile de rajouter que votre moyenne sera plus proche des 5 km/h que des 50 initialement prévus!
Tout ceci non pas pour vous dissuader de faire le Botswana en solo. Nous en sommes à nôtre 3ème voyage de la sorte, le 4ème est proche, nous sommes vivants et ravis.
Soyez juste avertis, prudents et, si, tout ce que j'écris n'est peut être pas à 100% correct, posez vous tout de même des questions!
Voici mes quelques conseils, que j'essaierai d'étoffer au fil du temps:
-> De préférence, partez au moins à 2 voitures (ce que nous ne faisons jamais).
-> A défaut, prenez un téléphone satellite (ce que nous faisons depuis le dernier voyage). C'est un peu cher, mais à combien évaluez vous votre vie?
-> Prévoyez un bon 4x4, capable de franchir des passages de difficultés moyennes (on n'est quand même pas dans une compétition de trial). Louez auprès d'une compagnie de confiance, entretenant rigoureusement ses voitures, et proposant un équipement en rapport avec les difficultés possibles.
Nous avons testé les 3 compagnies Sud Africaines suivantes:
- AJC4x4 et leur Land Rover Defender. Bon équipement, voitures en excellent état, mais commercial améliorable et un Defender, si ç'est très "aventure Africaine", ce n'est pas bien confortable ni très adapté à la photo.
- Just done it et leur Toyota Land cruiser 80 diesel. Bon équipement, voiture parfaitement adaptée à ce genre de voyage et à la photo, confortable. Mais entretien calamiteux, tout le système électrique bidouillé, jauges HS, ceinture de sécurité HS etc. Nous avons bien failli rester planté au milieu de nulle part, Nous ne conseillons donc pas!
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XTREME4X4 et leurs Toyota Land Cruiser de différents types. La compagnie vient d'ouvrir et M Hayat est un copain, passionné de photo et du Kalahari. La sécurité a été placée en priorité absolue, et nous avons participé à l'élaboration de la liste de l'équipement indispensable. C'est probablement la seule compagnie qui mettra dans ses véhicules des fusées de détresse pour vous signaler si besoin! La hache, la pelle, le cric, le treuil électrique sont des grands modèles vraiment adaptés au milieu. 2 roues de secours, 2 extincteurs, outillage, radio CB si vous êtes à plusieurs véhicules, grand réfrigérateur et coffres sur glissières, système de triple batteries, méga convertisseur électrique pour avoir du 220 volt presque comme à la maison, éclairage latéraux et arrière pour le camping du soir, entretien irréprochable.
Comme tout ne peut être parfait, le hic est la consommation de ces gros moteurs essence (20l sur celui que nous avions, plus encore dans le sable du Central Kalahari). Cela semble énorme à nos yeux d'Européen, mais le prix très raisonnable de la location, l'essence pratiquement 50% mois cher qu'en France, la puissance et la douceur que le moteur procure font que l'on accepte finalement la chose. A l'avenir cependant, il est probable que M Hayat achète des véhicules diesel. Bref, nous le recommandons chaudement, et pas seulement parce que c'est un copain! Si vous prenez contact, dites que vous venez de la part de Pika et de Vahi.
Le Land cruiser de XTREM4X4 devant un pan du Makgadigakdi.
1.
-> Préparez soigneusement vos étapes, avec des marges conséquentes aussi bien en temps qu'en carburant. Un détour pour suite de pluie, de pont abîmé etc. fera très vite 100 kilomètres imprévus. Roulez dans le sable profond et fin, ou dans la boue, et vous ajouter 50% à votre consommation de base!
Nous avons pour habitude de commencer nos voyages par les parties les plus difficiles et isolées, afin d'avoir un maximum de nourriture et d'eau, si jamais nous devions rester plantés plusieurs jours.
Le site indispensable pour avoir les dernière nouvelles et des conseils (en Anglais, et choisir le pays à visiter):
4x4 CommunityVous y découvrirez aussi les pièges classiques de la conduite dans le bush. Par exemple, saviez vous que l'accumulation d'herbe sous le châssis à proximité du tuyau d'échappement peut finir par enflammer votre véhicule, et qu'il faut donc vérifier régulièrement ce qui se passe la dessous? Des traces de véhicules brûlés apparaissent çà et là dans les réserves. Imaginez vous sans abris la nuit avec les lions autour…
Un autre site particulièrement utile pour les 4x4, leur conduite, et des cartes d'Afrique:
4XFORUM-> Ayez un GPS avec
Tracks for Africa (T4A) et habituez vous à son utilisation avant de partir. Tracks for Africa (T4A) nécessite un paramétrage particulier. Les panneaux de direction dans les réserves peuvent être rares, abîmés ou arrachés par les animaux, prêter à confusion.
-> Soyez prudents si vous devez passer dans l'eau (traverser une rivière par exemple). Les traces que vous voyez devant vous peuvent avoir été faites avant la montée des eaux, et rien ne dit que vous pourrez passer vous même. D'ailleurs, votre véhicule est il aussi haut que celui qui vous a précédé? Evaluez la profondeur et l'état du sol. Dans le doute, attendez un autre véhicule qui vous aidera si vous restez coincé au milieu.
-> Prévoyez de grandes quantités d'eau, si les nuits peuvent être fraîches, il fait régulièrement 40 et plus dans la journée.
-> Prévoyez le bois pour le feu du soir avant de rentrer dans les réserves. Il est de plus en plus fréquemment interdit d'en ramasser. Penser à la manière dont vous aller le stocker sur la voiture, sans vouloir abîmer la peinture. Ne vous privez pas de ce bon feu du soir, comme nous l'avons fait lors de nos 2 précédents voyages. Cela rassure énormément, alors que vous êtes seuls dans le bush, que les lions rugissent pas très loin (on dit qu'alors ils ne chassent pas... Mais bon!).
Lionne à proximité du camp de Khumaga, Makgadigakdi.
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