Le Parc National Akagera (Rwanda) Celui qui fait partie de moi à jamais, celui qui m’a permis de vivre mes premières rencontres et émotions avec la faune sauvage africaine, celui qui m’a emmené plus loin, à la découverte d’autres réserves naturelles (en Tanzanie, au Kenya, en Afrique du Sud...)
Le parc Akagera, reste pour moi, un des plus beaux sanctuaires de la faune africaine que je vais essayer de vous faire visiter du Nord au Sud, en tentant de le décrire et de vous livrer quelques bribes des moments que j’y ai passé.
Entrée Nord du Parc Gabiro La Piste Nord (appelée ainsi uniquement pour son implantation géographique) : Longue et sinueuse, elle est bercée par des collines ondulées à gros gravas…Offrant ainsi des points de vue spectaculaires sur les vallées.
Cette piste Nord où j’ai tant et tant de fois campé (installant l’endroit de camp vers 17h00, peu avant la tombée de la nuit)… Ces petits déjeuners, préparés et pris dans une forme de silence, règle d’or à la parfaite osmose avec cette nature qui s’éveille, après une nuit de guet ou de chasse… Profitant de ce doux parfum qu’on les matins quand la rosée est à peine déposée sur les herbes hautes…Et déjà ces yeux (les miens) qui scrute le périmètre à la recherche de la 1ère rencontre matinale.
Celle où je parcourais la piste, sinueuse, rouge, trouée à souhait sur le toit de la voiture… Libre et seule (les autres étant à l’intérieur de l’habitacle)… Et l’avantage de gagner encore quelques centimètres en hauteur pour pouvoir encore mieux scruter l’horizon… Déjouant ainsi les pièges visuels des termitières… Me couchant de tout mon long, par moment, pour éviter les épineux qui longeaient la piste (une fois cependant, je n’ai pas été assez rapide et cela m’a valu une petite balafre au coin de l’œil)
Celle où l’on s’est embourbé plus d’une fois… Crottés jusqu’aux genoux… Essayant avec les moyens du bord (quelques branchages ramassés et coincés sous la roue afin d’éviter le méga patinage) de dégager le véhicule de ces crevasses boueuses (que l’on aperçoit évidemment qu’au dernier moment)… Alors embourbés seuls… Ca peut encore aller mais embourbés entourés, ça va déjà nettement moins bien! Quand vous avez non loin, une famille de lions qui au demeurant fait la sieste… Vous prenez le temps de patienter avant de faire vos petites manœuvres de dépanneur de brousse… C’est qu’il faut toujours avoir l’œil et le bon !)
Celle qui fut, aussi, le territoire de ma première rencontre avec les lycaons.
La plaine de Kilala Une de ces nombreuses vallées, perdue au milieu des collines… Avec une belle et grande étendue herbeuse, parsemée de quelques euphorbes et bosquets.
Le bijou du parc selon moi,
celui où s’y déroule la plus gigantesque scène de vie animalière. L’endroit y rassemble de nombreux herbivores… Ces doux bagnards (les zèbres), ces topis dont les bonds sont parfois un peu fous, ces impalas avec leur petite queue blanche et noire qui se soulève en panache, les petits clowns de la savane (les phacos), ces sculpturales antilopes rouannes, ces waterbucks, ces élands du cap mais aussi ces rois de la savane : quelques familles de lions y ont élu domicile… Ces fauves avec des crinières parfois rousses, blondes ou parcourues de reflet noirs
J’y ai passé de nombreuses heures à observer le repérage de ces fauves, tapis et camouflés dans les hautes herbes jaunies… Leur approche savante de la future proie, leur course folle, dispersant ainsi le troupeau d’herbivores dont les signaux d’alarme étaient clairement lancés, annonçant le danger tout en soulevant la poussière, dans leur échappée sauvage… Parfois, cette mise à mort, avec une orchestration quasi parfaite (mais telle est la loi de la nature)
Le chapelet des lacs et de nombreux marécages (Rwanyakizinga, Mihindi, la plage aux hippos, Hago, Kivumba, Ihema) Situés à l’est du parc, une piste les suit sur toute leur longueur. Les lacs sont aussi l’endroit de prédestination de tous ces oiseaux, grands, petits, échassiers, colorés… (de fabuleux hérons, Ibis, jabiru, aigles pêcheurs) ainsi que les points d’eau incontournables de tous les autres habitants de la savane (et la rencontre avec les sitatungas et les rhinos, si on est chanceux !)
C’est entre autre sur cette piste (que je connaissais comme ma poche) que j’ai tant et tant de fois accompagné mon amie zoologiste dans son travail (comptage d’animaux par superficie de territoire, observation de leur comportement, pistage aux braconniers aussi (ça c’est toujours moins drôle !))
La plage aux hippos Appelée ainsi pour les nombreux hippopotames qui occupent les lieux, flottant au ras de l’eau, parfois cachés par les nénuphars qui forment une étrange mosaïque… Ouvrant leur gueule et soufflant par leurs narines, ces gros crachins d’eau !
Ce lac est parsemé de nombreux îlots flottants, qui se promènent au gré des courants et dont la végétation arbustive (sur la berge) est surtout composée de palmiers… Un véritable petit coin de paradis (mais qui rassemblait déjà, à l’époque bon nombre de touristes !) Une plage habitée aussi par les babouins et les grivets.
Je me souviens de ces nombreux piques niques, abrités du soleil sous un petit toit de chaume… Observant avec délectation les pachydermes flottants.
Petit conseil, ne vous trouvez jamais entre l’eau et un hippo qui est de sortie… Sinon cela risque de vous coûter une charge en bonne et due forme! C’est que ces gros balaises peuvent pousser de sacrée pointe ! Et ne jamais les déranger lors de leur parade amoureuse non plus ! (ma maman en sait quelque chose !)
Le Lac Hago Ce lac où j’ai fait ma plus belle baignade (avec Nicole, mon amie zoologiste)… Un peu dingue, quand j’y repense
… Mais avec elle, j’étais en totale confiance.
Cet endroit qui fut aussi le 1er lieu où j’ai campé (sous tente) dans le parc… Et cette première expérience de la nuit déchirée par le feulement des rois léo. Je m’en souviens comme si c’était hier… J’étais allongé près du feu de camp avec Nicole… La nuit était noire, le ciel parfaitement étoilé… Dans un silence, qui était le nôtre… Comme pour mieux garder tous nos sens en éveil… J’entends au loin un feulement (Et contrairement à ce que l’on peut croire ça n’a rien à voir avec le Gros GRRR qu’on s’imagine… Si j’étais près de vous là… Je pourrais vous le faire en son live !)… Et d’une voix peu rassurée je lui demande : "heu ! Qu’est ce que c’est ?" Et elle me répond, avec une attitude complètement décontractée : "c’est rien ce sont les lions qui délimitent leur territoire de chasse"… Je vous raconte pas me tête… Elle a suivi mes jambes… D’un seul coup j’étais planquée sous la toile (quoique la tente, c’est pas toujours un bon plan non plus ! C’est juste une toile tenue par des tendeurs !
)
Ce même lieu de camp (hors piste) qui m’a valu des frayeurs quand un hippo, allant brouter l’herbe rase est passé près des tendeurs de mon habitacle…Comme cette fois où mon sang s’est glacé…Quand le silence de la nuit a été interrompu par le ricanement des hyènes. (Ca ça fout la chair de poules !)
C’est aussi là, où j’ai, une et une seule fois campé seule (je veux dire seule dans mon habitacle), Nicole et Alain (son mari zoologiste également) étant dans une autre tente… Quand on est ado… Je vous jure que ça forge le caractère…Je me souviens de cette nuit qui a défile lentement…Retenant mon souffle, m’interdisant d’aller assouvir un petit besoin et priant ! Là, j’ai eu diablement les jetons et je n’ai jamais été aussi heureuse de voir le jour se lever.
Le lac Hago, c’est aussi le lieu où les éléphants ont été introduits dans le parc (sur la presqu’île plus exactement) de longs moments à les observer avec des jumelles.
Bref, vous aurez compris que Hago (comme Kilala) sont pour moi, mes meilleurs souvenirs.
Le lac de Kivumba (où la plage aux crocodiles) Lac peu profond, avec une végétation luxuriante de papyrus…Est l’endroit par excellence où l’on peut observer les crocos (bien qu’il y en ait dans les autres lacs du parc)… Le croco (qui m’a toujours moins impressionné que l’hippo, la masse sans doute et pourtant !) avec juste le bout de sa gueule qui plane lentement mais sûrement à la surface de l’eau et cet œil que l’on croit un peu vitreux mais qui ne perd pas une miette de tous nos faits et gestes. Un plaisir aussi de l’observer, hors de l’eau, allongé sur la berge dévoilant l’étendue de son corps et se laissant curer les dents par les oiseaux.
Le Lac Ihema C’est le plus grand du parc, il est situé au sud, avec au bord de l’eau une pêcherie (c’est que le tilapia… Roussi à la poêle avec un peu de jus de citron, c’est vachement bon !)
C’est aussi Lulama et ces 3 éléphants (2 femelles et un mâle), devenus familiers aux humains (c’était mes voisins à la ville (Kigali) qui s’occupaient de l’endroit)… La chance (égoïste certes) de les toucher, de les caresser, de monter sur leur dos.
C’est aussi aux pourtours de ce lac, que j’ai aperçu les léopards… En journée camouflés dans les arbres… Allongés sur de grosses branches et la nuit, cette vision de ces grands yeux ronds qui réfléchissent la lumière des phares.
Le Mont Mutumba (Plus de 1800 m) Situé plus au centre du Parc, entre la Plage aux hippos et le Lac Hago… Terrain de prédilection pour enclencher le 4 x4 de la land !
Le lieu incontestable de mon plus beau Noël
(préférant fuir le centre ville, se passer de sapin et de boules… Pour vivre cette fête au cœur de la nature, sans artifices)
Je me souviendrais toujours de ce souper (des scampi (c’était vraiment exceptionnel !) au pili pili que ma mère avait fait rissoler dans une poêle, tombés par terre, car la poêle avait valsé… Nettoyés et réchauffés et dégustés.
Le plus beau Noël et les meilleurs scampi de toute ma vie !
La Vallée des Buffles A l’entrée du parc (côté Sud)
Des immenses troupeaux de ces bêtes noires aux sacrées cornes… Avec des pic bœufs sur le dos les débarrassant de ces "sympathiques" parasites, après un bon bain de boue !
Ce chargement et cette pédale enfoncée à plein tube sur l’accélérateur (un peu comme ma touche "on" à moi)… Pour fuir la charge, d’un solitaire "vachement énervé"
Depuis, la tragédie qui a endeuillé, ce pays (et mon cœur) que l’on appelait jadis (celui des milles collines où le pays au printemps perpétuel), le parc Akagera a été amputé d’un tiers de sa superficie.
Il restera pour moi, celui qui a scellé, à jamais, mon amour pour ces contrées sauvages africaines (mais ça je crois que vous l’aurez compris)