Twendé ...
Lundi 18 septembre/ Jour 3
Pour ce dernier jour à Ambo, Sammy et moi nous levons en même temps que le jour, on avale une tasse de café que Jonas nous a préparé puis nous partons en game drive dés 6 heures. Les autres commencent simplement à sortir de leur tente …
Je demande à mon guide ce que signifie « Amboseli » et il m’apprend que c’est le mot Massaï qui désigne les tourbillons de poussière qui se forment sous l’action du vent, colonnes éphémères qui semblent monter jusqu’au ciel avant de retomber et de disparaître. Et c’est vrai que ce genre de mini tornade est courante puisqu’en j’en compterai jusqu'à 10 en même temps ! Quant à la poussière, Sammy dit que si on n’est pas couvert de poussière c’est qu’on n’est pas à Amboseli !
Plusieures tornades :
Une belle tornade de poussière :
On est de retour au camp vers 8h30. Les autres sont déjà revenus de leur game drive où, sans surprise, ils ont vu moins d’animaux que nous …
On breakfast ensemble, tout le monde remballe ses affaires et un peu avant 9h 30 tout le monde est prêt à partir. Le couple de Français va à Namanga attraper la navette pour Arusha en Tanzanie, les Allemands vont jusqu'à Mombassa avec Amicabre et l’Anglais s’arrêtera à Nairobi. En ce qui nous concerne nous filerons sur Naïvasha, cette fois avec Jonas, ça y est l’équipe est au complet : le Guide, le Cuisinier et le Touriste !
Sammy prend une nouvelle piste, destinée à nous faire éviter une bonne partie de la route tape cul entre Namanga et le parc. Et aujourd’hui il « met le turbo » et on a droit à une démonstration de pilotage. Et de bon pilotage. D’ailleurs à de nombreuses reprises durant le safari ce mec m’étonnera, il conduit un minibus avec une boite automatique, des roues motrices à l’arrière et des pneus pas loin d’être lisses ce qui est franchement assez éloigné du véhicule tout terrain idéal et pourtant il passera « easy » dans des endroits où certains planteraient un 4x4 !
On sort du parc par Kitirua Gate et on continue à foncer vers Namanga. De temps à autres on passe devant des troupeaux de chèvres et de moutons gardés par des gamins Massaïs. Quand ces derniers nous voient, ils courent vers nous en tendant la main et en criant « Give me sweet, Give me one dollar » … Je suis atterré ! Mais qui sont les infâmes touristes crétins qui ont été ainsi pourrir ces gamins ? Quels sont les pignoufs qui ont cru faire une bonne action en distribuant ainsi quelques miettes ? Il serait temps que les « bonnes âmes » réfléchissent un peu aux « dommages collatéraux » qu’entraînent leurs pseudos gestes de charité…
Après Namanga on file sur la capitale. A un moment Sammy s’arrête pour permettre à Jonas d’acheter un énorme sac de « Charcoal » (charbon de bois) d’au moins 150litres aux Massaïs qui les vendent sur le bord de la route. Après une rapide négociation les 200 shillings ( 2,5€) changent de mains et ils chargent le sac dans le coffre. Il paraît que le charbon de bois de cette région est le meilleur du pays, celui qui tient le mieux le feu … S’ils le disent !
Nous devons traverser Nairobi car aucune route ne contourne la ville (Il paraît qu’il y a un projet pour faire une « Ring Road » ( Périphérique) mais que ce n’est pas pour demain !) La route est embouteillée et entre la chaleur, la poussière et les véhicules qui ne sont pas vraiment aux normes antipollution c’est tout sauf une partie de plaisir !
En ville ce n’est pas mieux puisqu’il n’y a pas moyen de se garer. Du coup, Sammy s’arrête devant le restaurant « Seasons » sans descendre, hèle un des serveurs qu’il connaît et me largue avec le type pour que je commence à manger. Eux vont jusqu'à l’agence chercher un chauffeur qui tournera avec le minibus de façon à ce qu’ils puissent me rejoindre pour manger. C’est comme ça que je me retrouve seul à la terrasse du resto, regardant avec curiosité les gens passer dans la rue. Ici, dans le centre de Nairobi quasi tout le monde est habillé à l’occidentale, et assez souvent à la dernière mode de Paris, Rome ou New York, quelle différence avec ce que j’ai vu du reste du pays !
Nous continuons la route sans Jonas. Je dors ce soir dans un petit lodge et n’aurais donc pas besoin de cuisinier, aussi il nous rejoindra demain à Nakuru en utilisant les « matoutous » (minibus qui fait taxi collectif) On s’arrête quelques instants pour voir le panorama sur le Great Rift Valley cette fissure dans la croûte terrestre qui sépare les plaques tectoniques Africaine et Arabe.
En arrivant devant le lac de Naïvasha il tombe quelques gouttes de pluie. On s’arrête au « Lake Naïvasha Lodge » pour faire un petit tour de bateau et alors que je monte dans le frêle esquif la pluie s’intensifie … Je sens bien que je vais être trempé, ça va me rappeler la Thaïlande !
Au loin de lac de Naivasha
Le Naivasha Lake est un lac d’eau douce bordé de massifs de papyrus et entouré de forêt des fameux «Yellow fever trees » (Arbres à fièvre) Ils portent ce nom car autrefois les voyageurs qui passaient là où cette variété d’Acacia était présente se retrouvaient avec des fièvres de paludisme. Ils les attribuaient aux arbres alors qu’en fait, elles étaient causées par les nuées de moustiques qui peuplent les zones humides où ils poussent !
Coté faune je vois évidemment de nombreux oiseaux mais pas seulement :
En oiseaux : Tantale ibis, Pélicans gris, Pélicans blancs, Cormorans à poitrine grise, Héron goliath, Grande aigrette, Alcyon pie, Aigle pécheur,
En mammifères : Buffles d’Afrique, Hippopotames amphibie, Cobe des marais
Entre le lac et mon lodge d’un soir, Elsamere, la route passe au milieu de centaines de m² de serres qui produisent de la fleur coupée. Encore un paradoxe africain, alors qu’à quelques kilomètres on vient voir les hippopotames et les antilopes ici les « usines à fleurs » tournent 24/24 et emploient 42 000 personnes ! Et tout le secteur appartient aux horticulteurs puisque les maisons, les écoles, les magasins, les hôpitaux et même les églises ont été payées par les horticulteurs pour être mis à la disposition de leurs salariés.
Le montage financier de ces entreprises est un « joint-venture » entre Africains et Hollandais et je comprends maintenant pourquoi le marché de la fleur est outrageusement dominé par les Néerlandais alors que le coût de la main d’œuvre est quasi aussi élevé que dans les autres pays d’Europe de l’Ouest. C’est parce que les fleurs viennent d’Afrique là où le coût du travail est TRES inférieur … Inférieur même a celui du Sud/Est Asiatique en ce qui concerne la production florale …
Mais abandonnons le côté industriel pour revenir au safari ! Avant d’arriver à Elsamere par curiosité et comme c’est lui qui a voulu modifier le programme je demande à Sammy comment il voit le jour suivant.
Bonne idée car ce qu’il a prévu ne me plait pas du tout : Petit game drive à Hell’s gate, retour à 10h à Elsamere, puis « Relaxing » , lunch au lodge et départ pour Nakuru ou on arriverait en fin d’après midi juste pour un petit game drive.
Il y a beaucoup trop de temps mort et en ce qui concerne le « relaxing » je lui explique gentiment que ce voyage me coûte la peau des fesses et que ce n’est pas pour me reposer ! Je refais son programme à ma sauce : Game drive in Hell’s gate puis go to Nakuru directement de façons à ce qu’on ai le temps d’y faire un long game drive. Et pour le lunch, qu’il s’arrange avec Elsamere pour qu’on nous fasse des plateaux repas puisque je n’y mangerais pas.
«- Is it ok for you Sammy ?
- Yes, Hakouna Matata ! » Super ! Il m’expose ses idées, je les modifie de façon à ce que ça colle à mes goûts et il est d’accord, il ne se sent pas attaqué ou vexé … Que demander de plus ?
On arrive à Elsamere à 18h. Apparemment c’est un peu tard et il n’y a personne à l’accueil ! En cherchant, on finit par trouver un gars ( je m’apercevrais plus tard que c’est le serveur) qui m’emmène à mon bungalow. Il me précise que le dîner est à 19h30 et qu’une fois la nuit tombée il ne faut pas sortir sans être accompagné du gardien de nuit, il arrive effectivement que les hippos du lac Naïvasha (qui borde les jardins du lodge) viennent se promener dans le parc et comme ces bestiaux pesant plus d’une tonne se montrent souvent agressifs il est préférable d’éviter de se retrouver nez à nez avec l’un d’entre eux !
Je tente de prendre une douche mais pas moyen d’avoir de l’eau chaude, je commence à pester puis j’avise un interrupteur bizarre. Je l’actionne et bingo, ça enclenche effectivement le chauffe eau … Z’aurait pu le dire ! Enfin de toutes façons le coté salle de bains ne semble pas le fort de ce lodge car le débit d’eau chaude ressemble plus a un pipi d’oiseau qu’à autre chose … Mais bon, le lieu est mythique alors ces petits désagréments ne sont pas très graves …
Pardon ? « Pourquoi il dit que le lieu est mythique ? »
Elsamere ne vous dit rien ? Et si je vous dis que ce fut la maison de George et Joy Adamson ? Non ? Mais si voyons, ils sont connus pour leurs actions de protection envers la faune africaine et leur relation avec la lionne Elsa qu’ils ont raconté dans le livre et le film : Vivre Libre (Born Free) … Toujours pas ? Bon d’accord, ici aussi il faut avoir plus près de 40 ans que de 20 pour avoir la moindre chance de comprendre ce que je dis mais si j’ajoute qu’il y aussi une série télé dans laquelle, à la fin du générique la lionne Elsa venait se coucher sur le Land Rover, ça vous parle ? Non, tant pis MOI ça m’a parlé et j’ai voulu venir ici pour toute cette atmosphère.
Joy fut tué en 1980 par un employé et George en 1989 par des braconniers somaliens … Le domaine est maintenant devenu une fondation consacrée à l’œuvre des Adamson et la maison principale, encore meublée avec le mobilier d’origine et décorée des dessins de Joy elle sert de musée la journée et de salle à manger le soir, lorsque seul les visiteurs sont partis… Je peux vous assurer qu’en venant d’un camp de brousse comme Ambo, se retrouver à dîner en compagnie de 4 Flamands très comme il faut et du manager du lodge, servi dans une ambiance feutrée par un serveur en uniforme ça fait un sacré décalage !!
Elsamere
Mardi 19 septembre/ Jour 4Je n’ai pas été dérangé par les hippos, à peine ai-je aperçu un Cobe des Marais (Waterbuck in English) qui passait au fond du parc et comme d’habitude je suis réveillé de bonne heure. J’en profite pour faire un grand tour dans le parc, puisqu’il fait jour et que j’y suis en sécurité ! J’espérais voir les singes Colobus qui sont sensés peupler les arbres du parc mais apparemment ils sont partis faire un tour ailleurs car je n’en aperçois pas la queue d’un ! Par contre beaucoup d’oiseaux : Calao nasique, Pic barbus, Tisserin baglafecht, Pigeon roussard, Ibis hagedash, Gonolek boubou …
Le temps de prendre un bon breakfast et à l’heure dite, 8h30, Sammy est là. Je mets mes affaires dans le minibus et on part faire un game drive dans le parc de Hell’s Gate. Pour moi les deux seuls intérêts de ce parc sont qu’il présente de superbes paysages et qu’on peut s’y promener à pied, en vélo ou même à cheval.
Enfin je parle d’intérêt, c’est vu d’un certain angle car même si Sammy essaie de passer le plus doucement possible on fait tout de même disparaître dans un nuage de poussière les deux filles qui font du vélo et qu’on double. Et il ne faut pas compter approcher un animal sauvage plus près à pied qu’en minibus car autant ils se sont habitués à ces gros animaux inoffensifs que sont les minibus autant ils ont une peur ancestrale (justifié !) de l’Homme ! La-bas j’ai pu voir : Phacochère, Bubale, Gazelle de Grant, Zèbre …
Hell's gate
Comme j’avais décidé hier de faire sauter le «boat trip to Crescent Island » afin de pouvoir passer plus de temps à Nakuru, une fois ressorti de Hell’s Gate on part en direction de ce parc. Je profite du trajet pour parfaire mon Swahili, au lieu du trop classique [Djambo = Bonjour] Sammy me dit de dire dorénavant [Abali Yako = Comment vas-tu] auquel il faut répondre [Mouzouli Sana = Très bien] je lui demande aussi [Mon Ami = Rafiki Hiangou] ce qui permet de faire de petites phrases… Et de constater que les studios Disney ne se sont pas trop cassés pour trouver les noms des personnages du Roi Lion car avec [Simba = Lion], [Bumba = Phacochère] et [Rafiki = ami] on a quasiment tous les personnages principaux !
C’est sur ce trajet que je fais connaissance avec la réalité des … « routes » kenyanes et je comprends pourquoi Sammy voulait éviter de passer deux fois ici… Sammy m’explique qu’une entreprise a été sélectionnée pour refaire cette route. Et elle a été payée bien que rien n’ai été fait …