J'avais vu des documentaires troublants sur les éléphants et la mort et lu des chapitres consacrés à ce sujet dans divers ouvrages, dans "L'art d'être éléphant" de Christine et Michel Denis Huot entre autre. Mais voir mourir un éléphant est une chose à laquelle je n'imaginais pas assister un jour...
C'était en milieu d'après midi le 17 novembre dernier, sur la piste S93 longeant la rivière Letaba et menant à Olifant, tout près du baobab de Von Weilligh. Entre la piste et la rivière, entre deux bosquets d'épineux, un éléphant était couché sur un banc de sable.
En plein jour, couché sur le flanc, cela semblait anormal. Il était immobile, et n'a pas bougé à mon arrivée. Ce n'est qu'ensuite que j'ai vu l'autre éléphant au milieu des épineux. Il mangeait paisiblement. Mais je sentais que qq chose ne collait pas.
Avec mes jumelles j'ai observé l'éléphant couché. Au début je n'ai rien vu, il avait les yeux ouverts, bon, soit. Mais en observant le sable remué au niveau des pattes, j'ai vu une zone rougeâtre sur sa patte avant, comme du sang sèche. La patte ne semblait pas touchée, d'où pouvait provenir ce sang si c'en était? En remontant des pattes vers sa tête j'ai vu d'autres tâches rouges du même genre, en l'imaginant debout, une blessure à la gorge semblait tout expliquer.
Il est donc blessé, mais on peut le voir respirer, sa poitrine se soulève puis s'abaisse. Je décide de rester. Il cligne parfois des yeux, bouge un peu trompe et pattes, mais juste peu. Je continue de surveiller l'autre éléphant du coin de l'oeil, dans un tel contexte, tout est possible, plutôt de sa part que de l'éléphant blessé, il semble si affaibli. En passant de l'un à l'autre, je me rend compte de la différence de couleur entre les 2 éléphants, que le blessé semble pâle, livide. Je redoute qu'il n'ai perdu beaucoups de sang...
Je suis en plein dans son champs de vision, je vois nettement son oeil et ses longs cils, s'il est conscient il me voit, je ne peux m'empêcher de penser "Mon pauvre vieux, t'es mal parti...Mais que t'est il arrivé?"
Et en même temps je suis mal à l'aise, il doit souffrir, dans un silence total, pesant et je suis là à l'observer.
Je suis soulagé par la présence d'une autre voiture. Un couple d'allemands de Cologne. Nous sommes à présent trois Rhénans à observer sans bien comprendre mais à sentir confusément que nous sommes en face d'une grande détresse.
Les échanges se font en chuchotant.
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