C’est notre dernier safari, c’est passé si vite...
On se dirige à toute vitesse vers Rajbehra Meadow, Rajbehra c’est l’autre nom de Boka, les tigres ont souvent plusieurs noms, ce qui n'arrange pas leur identification.
Donc Rajbehra Meadow, c’est le territoire de Boka et dans ce territoire se trouve Jhurjura la femelle dont les jeunes ont déjà presque deux ans.
On s’étonnait de ne pas voir les trois petits dans l’eau avec la femelle, surtout le jeune mâle qui n’accompagnait plus ses deux soeurs.
Arrivés sur place, nous en comprendrons la raison.
Nous découvrons les deux tigres allongés dans les bambous et on se dit qu’on va rester un bon moment à les regarder dormir, comme souvent.
Très calmement la femelle se lève et le mâle la suit, on ne comprend toujours pas la situation...
En une fois la femelle se couche et Boka se rapproche.
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On est super bien placés, il n’y a que 5 jeeps et les tigres se couchent juste devant nous en nous regardant de face, le terrain est dégagé, il est 5H56, il n’y a pas de lumière...
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La scène dure exactement 25 secondes, personne ne bouge, on n’entend que les rafales des appareils photos, le silence est religieux.
Nous assistons à un spectacle unique, la jungle en est le théâtre, les acteurs en sont les tigres mais très rapidement la femelle, dans un grondement profond, décide que c’est bien comme ça, la séparation est bruyante et rapide...
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Le mâle s’en va doucement...
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La femelle reste allongée et pensive...
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Cette dernière matinée dans la réserve nous aura encore apportée sa dose d’inattendu et d’émerveillement.
10 jours pour voir les tigres, c’était le but que je m’étais fixé, mais jamais je n’aurais espéré voir autant de comportements différents.
Nous avons vu des tigres tous les jours, matin et soir, c’était un vrai festival.
Mais les photographier n’est pas si facile, les scènes sont courtes, le matériel doit être très performant, le photographe aussi.
Il faut connaître son boîtier par coeur, pouvoir jongler avec les réglages sans quitter le viseur des yeux.
Il faut faire confiance au guide qui doit anticiper les mouvements et les déplacements des tigres.
Il faut de la chance pour être au bon endroit au bon moment et ne pas se retrouver coincé dans un groupe de jeeps qui bloquent le passage, mais a deux occasions des jeunes Indiens m’ont offert de venir m’installer dans leur jeep, qui était bien placée, pour prendre des images qu’ils sont venu voir dans notre chambre le soir même...
Le voyage se termine dans la bonne humeur, avant de sortir pour la dernière fois de la réserve, je prend encore quelques photos des éléphants qui sont si utiles pour la surveillance et la sécurité des tigres.
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L’Inde est un cocktail étourdissant mais je retiendrai cette conversation avec l’officier qui nous a accompagné un matinée sur l’éléphant, il nous demandait où nous habitions et ce qu’on avait comme animaux sauvages chez nous, la liste était bien entendu très courte.
-“Vous n’avez pas de vautours?”
-”Non”
-”Vous n’avez pas de singes?”
-”Non”
Il me reposa la question incrédule:
-“Vous n’avez pas de singes!!!”
Comment concevoir une vie sans animaux sauvages?
Comment concevoir une terre sans ces grands espaces libres ou la nature a encore une petite chance de survivre?
Le vrai voyage est celui dont on ne revient pas vraiment, mon esprit est toujours près des tigres, que font-ils...combien seront-ils après la mousson...Jhurjura aura-t-elle des petits de Boka...Quand pourrais-je y retourner...