fdupraz
Buffle - Big Five
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« Répondre #30 le: 18 Mars 2009 à 19:28:56 » |
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Vinny, concernant la douleur des animaux, je peux effectivement apporter mon avis de professionnel.
Pas de doute à avoir, les animaux ressentent effectivement la douleur, et en tant que vétérinaires nous avons des moyens d'évaluer cette douleur. Ce qui n'est pas toujours évident vous vous en doutez, étant donné que malheureusement ils ne parlent pas.
Toutefois, je suis intimement convaincu de par mon expérience que leur résistance à la douleur est autrement supérieure à la nôtre. Il suffit de voir comment un chien de chasse éventré et lacéré de tous les côtés par un sanglier récupère en même pas 24 heures pour en être convaincu. Cela dépend aussi des animaux, de leur "rusticité" (un chien de chasse est plus résistant à la douleur qu'un yorkshire qui dort sur le canapé).
Un autre facteur à prendre en compte est le facteur psychologique de la douleur. Nous humains, quand nous avons mal quelque part, nous y pensons, nous nous plaignons parfois, nous "gambergeons" sur cette douleur, ce qui peut accroître la sensation douloureuse simplement par le fait d'y penser. Les animaux n'ont jusqu'à preuve du contraire (hormis peut-être pour les singes et les dauphins, mais difficile d'avoir des preuves tangibles à ce sujet) pas cette réflexion sur leur douleur. Ils font avec, ce qui leur permet de s'adapter beaucoup plus vite. Et surtout ils n'ont pas le choix, un animal qui montre qu'il a mal est une proie potentielle.
Enfin pour revenir à l'éventuelle douleur ressentie par ce gnou lors de sa mise à mort par les lions, il y a fort à parier qu'elle n'est pas aussi forte que ce que vous pourriez penser de prime abord. Je m'explique. Certes le gnou a mal, mais la douleur est fortement atténuée par un phénomène naturel: la forte sécrétion d'adrénaline générée par le stress et/ou l'excitation de la situation. L'adrénaline est une drogue naturelle très puissante et très efficace (c'est elle qui permet au renard pris au piège de se ronger la patte pour se libérer).
C'est cette même hormone qui fait que lors d'un accident de voiture par exemple, votre fracture du bras ne vous fasse pas mal, alors que 2 heures après à l'hôpital vous réclamez à corps et à cri de la morphine au médecin.
Pour conclure, la souffrance chez l'animal est quelque chose d'indiscutable. Toutefois il serait bien maladroit de l'assimiler à notre douleur. Nous les humains avons été pervertis par des milliers d'années d'évolution, qui ont conduit notre espèce à être moins résistante, moins rustique, moins préparée à subir les aléas de la vie. La majorité des animaux eux sont parfaitement adaptés à leur milieu, y compris du point de vue physiologioque.
Quant à la cruauté, je pense qu'elle reste l'apanage des êtres qu'on dit "évolués" à savoir les êtres humains, et peut-être certains non humains, comme les grands singes ou les dauphins. Mais c'est un autre débat, avec une composante philosophique, dont on est loin d'avoir toutes les clés.
Franck
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