Ca y est , je trouve enfin le temps de continuer cette discussion, en tout cas sur la partie de l'éco-tourisme que je connais bien pour la pratiquer, l'encadrer, et l'étudier: le whale-watching, autrement dit l'observation des cétacés dans leur milieu naturel.
A l'heure actuelle cette activité est en pleine expansion mondiale. De l'entreprise non lucrative et farfelue de quelques passionnés, elle est passée en même pas 20 ans à une véritable industrie, parfois très lucrative, et souvent au détriment des dauphins et des baleines.
Il faut savoir que très peu de pays réglementent cette activité. Il existe, comme en Méditerranée française, des codes de bonne conduite pour l'approche des cétacés, mais leur application ne repose que sur la bonne volonté de ceux qui veulent le respecter.
La plupart du temps, l'activité se concentre sur les espèces côtières (pour des facilités d'approche) déjà fortement impactées par les autres activités humaines (plaisance, pollution acoustique et chimique, pêche...), telles que les baleines à bosse, les orques, les baleines franches, les baleines grises, les grands dauphins ou encore les dauphins à long bec.
Prenons l'exemple typique des dauphins à long bec de mer Rouge, actuellement très touchés par une activité anarchique (parfois jusqu'à 30 bateaux autour d'un seul groupe de dauphins): ces dauphins chassent la nuit au large et se rapprochent des côtes le jour pour se mettre à l'abri dans des criques, afin de se reposer, de dormir, et d'avoir des interactions sociales.
Si deux ou trois bateaux respectant des distances d'observation raisonnables ne perturbent pas les dauphins, une dizaine de bateaux se rapprochant trop près, parfois laissant descendre les passagers à l'eau pour nager avec les dauphins, perturbe fortement le repos des dauphins, entrainant stress, fatigue, et donc déperdition énergétique dans un milieu où il faut sans cesse lutter contre la déperdition calorifique.
En Nouvelle-Zélande, il a été prouvé que le whale-watching spécialisé sur les Grands Dauphins du Doubtful Sound était responsable de la baisse de fertilité de cette population et pouvait causer à moyen terme sa disparition complète.
Pour résumer et afin d'éviter de faire trop long, un whale-watching mal conduit peut entrainer stress, perte d'énergie, baisse de la reproduction, avortement ou séparation du couple mère/petit.
Bien sûr cela dépend aussi de l'espèce observée, car chacune des 86 espèces de cétacés a un comportement social et vis à vis des humains différent, certaines n'étant pas du tout dérangées voire cherchant à interagir avec les bateaux (comme les baleines grises à Valdez).
Il faut donc bien connaitre les cétacés pour conduire ce type d'activité, et c'est bien là le problème: devant l'attrait pécunier, n'importe quel idiot avec un permis bateau peut proposer ce type d'activité.
Il faut donc bien se renseigner au préalable sur le prestataire avant de payer (parfois un prix exhorbitant et injustifié).
Privilégiez les organismes qui mènent en parallèle des recherches scientifiques ou qui offrent des prestations de sensibilisation.
Je pourrais en dire encore bien plus sur l'influence des activités humaines et du whale-watching sur les cétacés, mais je risquerais d'en lasser plus d'un
Franck