On rejoignit ma mère et Poa qui nous attendaient.
Après avoir jeté un dernier regard en direction des glaciers et du sommet on débuta la descente. Il était alors sept heures dix.
D’ici on pouvait voir en tout petit le camp de Barafu plus de mille mètres plus bas.
Inutile le préciser que j’aurais bien voulu avoir à ce moment là un parapente et me laisser porter tranquillement et sans efforts jusqu’au camp. Mais ce n’était pas le cas.
La première partie de la descente était très sablonneuse puis plus bas, elle devint plus délicate car les flancs de la montagne étaient constitués d’une multitude de gravillons.
Poa ouvrait la marche et descendait déjà à bonne allure. Soudain, il démarra en trombe et s’élança pour une descente vertigineuse surfant sur ce revêtement chaotique, alors que le soleil bienfaiteur, baignait maintenant cette immensité. Ma mère quand a elle le suivait sans trop de mal, faisant presque oublier son coup de fatigue qu’elle avait eu à peine quelques instants auparavant.
Nadine et moi, en revanche, peinions d’avantage à suivre le rythme et ils nous lâchèrent très rapidement.
Heureusement Bruno nous attendait.
C’était épuisant, il fallait constamment forcer sur ses jambes, éviter de tomber sans pour autant trop traîner.
De plus le soleil commençait à être déjà assez haut et chaud, j’étais toujours couvert comme lors de l’ascension de nuit.
Je supportais donc de plus en plus mal cette chaleur et je n’ai pas tardé à ouvrir mon blouson et mon polaire.
Nous avancions assez lentement et pour ma part, la fatigue se faisait de plus en plus présente.
On s’aperçut à ce moment là et contrairement à ce que nous pensions lors de l’ascension qu’il n’y avait pas vraiment de chemin, mais plein de traces un peu partout.
Bruno passa devant nous, certainement pour nous guider dans ce dédale de roches, mais probablement aussi, pour essayer de nous faire avancer plus vite.
Mais là c’était trop, je n’en pouvais vraiment plus, j’étais vraiment épuisé et de voir le camp toujours aussi loin ne m’encourageait pas vraiment.
Nadine semblait bien plus résistante que moi et fort heureusement m’attendait.
Bruno commençait à prendre de l’avance et ne s’arrêtait que de temps en temps assez loin.
A peine nous nous rapprochions de lui qu’il repartait déjà.
J’étais obligé de m’arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle et me reposer un peu.
Et tant pis si Bruno ne nous attendait pas.
J’aurais bien voulu grignoter quelque chose pour me redonner des forces mais hélas, c’était Bruno qui avait mon sac à doc. Heureusement Nadine avait le sien et il lui restait quelques gâteaux.
Quelques personnes nous dépassèrent et on eut l’occasion de les recroiser un peu plus tard.
Nous nous rapprochions lentement du camp mais je luttais vraiment contre la fatigue et le sommeil. Seule la perspective de pouvoir dormir pendant deux heures à l’arrivée me réconfortait.
Peu à peu le sentier devint plus praticable, mais plus de signe de Bruno devant nous.
Nadine et moi avancions vraiment lentement. Nous en profitions également pour discuter de temps en temps histoire d’oublier la fatigue.
Cette descente était réellement épuisante. J’avais du donner toutes mes forces pour l’ascension et il ne m’en restait plus beaucoup pour le retour.
Vers dix heures on arrivait enfin.
Je traînais péniblement mes pieds, mais on reçut un accueil chaleureux et les félicitations des autres membres de notre équipe.
Ma mère et Poa étaient déjà arrivés depuis bien plus d’une heure. La descente folle qu’ils avaient effectuée, s’était terminée pour ma mère par quelques petits vomissements dès son arrivée au camp. Cependant, elle avait eu le temps de se refaire une santé après un petit somme d’une heure bien au chaud sous sa toile.
Nous nous dirigions à notre tour vers la tente quand Poa nous demanda, si au final, une heure de repos serait suffisante pour nous reposer, avant de déjeuner et de repartir.
En effet nous avions pris beaucoup de retard et il ne fallait pas trop tarder, car il y aurait beaucoup de monde au camp où nous devions passer la nuit suivante nous a-t-il précisé.
C’était certains qu’une heure de repos était nettement insuffisant. Mais que pouvais-je bien dire sachant que même cinq heures d’affilées ne l’auraient très probablement pas été non plus !
J’étais tellement épuisé que la seule chose à laquelle je pensais présentement, était de m’allonger.
Je n’ai donc même pas cherché à négocier quoi que ce soit et lui ai dit que ce serait suffisant.
A peine rentrés dans la tente, nous nous sommes immédiatement mis en sous vêtements avant de nous allonger pour un repos bien mérité.
J’avais du mal à trouver une position confortable tellement les muscles me tiraient.
Mais quel soulagement tout de même !
Le soleil tapait sur la tente apportant une chaleur agréable, voire même un poil trop importante. On laissa donc la tente légèrement entrouverte.
Nadine essayait également de trouver une position confortable et n’a pas hésité à se servir de moi comme coussin.
On n’a pas vraiment dormi, juste somnolé et discuté un peu.
Mais ça nous a fait un bien fou, je n’en pouvais vraiment plus.
Nous avions déjà fait six heures d’ascension et un peu plus de trois heures de descente.
Et ce n’était pas terminé !
Pas de photos sur cette partie.
C'est dommage, j'aurais peu prendre deux trois clichés juste pour montrer la vue et le 'sentier' mais j'étais bien trop fatigué et concentré sur la descente et les images du sommet qui repassaient dans ma tête.
Je vous rassure quand même, il y en aura encore mais plus tard .