Lundi 26 septembre 1994
Ca y est, on y est, c’est le jour du départ. On commence par plier les tentes et ranger nos affaires pour les amener près de la voiture intendance.
Ensuite petit déjeuner sur les tapis et matelas, mais plus sous le marabout qui a déjà été démonté et chargé.
Après cela… comme les toilettes sont déjà prises je pars m’isoler dans la campagne et je n’oublie surtout pas mon briquet. De toute manière par la suite il n’y aura plus de toilettes.
En suite, je m’occupe de panser et seller Imouzzer, malgré qu’il soit chatouilleux je dois faire bien attention de ne laisser aucune saleté, principalement là où le harnachement doit passer, une blessure due à ma négligence serait mal venue, et par respect pour ma monture je me dois qu’il soit le plus propre possible.
Comme tapis de selle, une couverture pliée en huit, une de ces couverture de l’armée, de fabrication assez grossière.
Imouzzer est un petit rigolo, je place bien ma couverture, faisant en sorte de protéger le garrot et le temps que je me penche pour prendre la selle il a réussit à la faire glisser jusqu’à la moitié du dos. Coinçant la selle d’une main contre ma hanche droite, je retire tant bien que mal la couverture sur le garrot et attrape la selle à deux main la soulevant au dessus de son dos, et voilà qu’il recommence, un frisson volontaire, de celui qui en principe sert à chasser les mouches, parcourt son dos et voila ma couverture qui a de nouveau glissée.
Cette fois ci je dépose la selle sur la couverture et je remonte le tout, là je t’ai eu, tu as beau frissonner de nouveau c’est raté ce coup ci.
Chatouilleux au pansage, veut en général dire petite gigue au sanglage, gare à mes orteils, ça remue, Mohamed vient m’aider pour finir de sangler. Je pense que je serais plus à l’aise la prochaine fois d’abord je le connaitrais un peu mieux et puis je ne serais pas coincée dans la stalle sans possibilité de reculer si il bouge trop fort.
Croyez- moi j’ai déjà testé et détesté être brutalement prise en sandwich entre un cheval et un mur, ça fait mal.
On nous a fourni des sacoches pour que l’on y glisse, une gourde d’eau, l’appareil photo la crème solaire… mais en plus aujourd’hui on se répartit le pique-nique du déjeuner, et aujourd’hui c’est BBQ : Vraiment tout ce qu’il y a de plus simple à trimbaler. L’un se charge du charbon l’autre du grill, un troisième du pain, d’autre de la salade, des merguez, et des fruits du dessert.
Les brides avec un mors tout simple sont ajustées, sauf pour Ouragan.
Lui il faut lui rajouter des élastiques qui le contraigne à baisser la tête pour qu’il ne se cabre pas. Et oui Ouragan est bien gentil mais il a un petit défaut, c’est un obsédé sexuel, il adore les ânesses et serait près à saillir n’importe laquelle qui passerait à proximité. Embarrassant, surtout pour son cavalier.
Mais rassurez vous, il ne fera pas toutes la rando coincé par les élastiques, son cavalier aura toujours le temps de les mettre avant qu’une tentatrice ne passe à proximité.
Licol autour du cou, reculer hors de la stalle, marché jusqu’au carré de dressage faire un tour à pied, puis re-sangler avant de mettre le pied à l’étrier.
Pff, c’est là que je m’aperçois que la sortie d’hier a laissée quelques séquelles douloureuses aux abducteurs.
Pas d’ordre de marche précis, juste Mohamed en tête el Lahsen en serre fil, nous partons le long de la route Agadir Essaouira, c’est le moins réjouissant un petit km de bitume avant de pouvoir traverser et emprunter un sentier qui mène à la plage.
On va ce matin suivre la côte Atlantique pendant 17kms avant le BBQ.
Il y a des plages sublimes, nous sommes bercés par le bruit du ressac des puissantes vagues de l’océan.
Il fait déjà bien chaud mais nous sommes rafraîchit par le vent léger qui souffle de l’océan.
Nous marchons tantôt sur le sable sec, tantôt à la lisière des vagues, l’écume jaillit de sous les sabots et gicle jusqu’à mes genoux.
Des rochers nous obligent à emprunter un sentier qui nous éloigne de la plage, dommage j’aurais bien voulu tester un petit galop, mais ce n’est que partie remise.
Plus loin un autre sentier nous ramènera près de l’océan, il est tentant de regarder les vagues s’enrouler et se dérouler autour des membres des chevaux, mais l’effet est hypnotisant et si je n’y prenais garde je risquerait de piquer du nez droit dans l’océan, alors je m’oblige à porter mon regard loin devant.
D’ailleurs devant Mohamed a gagner la bande de sable mouillée dur et à lever le bras, non pas en signal de s’arrêter mais plus tôt le contraire.
On commence par long trotting d’abord lent puis de plus en plus vif, les chevaux s’excitent un peu, cherchant à échapper aux mains qui les retiennent.
En appuis sur mes étriers, les fesses légèrement décoller de la selle, les mains de chaque côté de l’encolure je sens sous moi la puissance d’Imouzzer près à jaillir, joie et angoisse m’ont saisie, joie parce que je m’apprête à vivre le rêve de tout cavalier un galop sur une plage sans fin et angoisse parce que je sens cette envie de galop partager par monture, vais-je arrivez à le maîtriser, va-t-il se laisser griser par la course ?
2ième signal de Mohamed, qui tire le bras comme si il actionnait le sifflet d’une locomotive et c’est partit.
J’ai ouvert les doigts sur les rênes, serré légèrement les talons et Imouzzer a bondit au quart de tour.
Une boule enfle de plus dans ma gorge, mélange de rire et de larme de joie pure.
Drif m’a dépassé, son encolure est allongée au maximum ses oreilles sont couchées en arrière t sa cavalière l’excite encore plus, je doit fermé un instant la bouche pour ne pas avaler de sable, heureusement mes yeux sont protégés par les lunettes de soleil.
La plage n’en finit pas, Imouzzer reste totalement sous contrôle et comme Mohamed et bien loin devant je pousse mon cheval un peu plus dans un galop tellement rapide que je ne le sent même plus bouger sous moi.
Yaahouuuuuuuuuuuuuu !!!!!!!! Ce cri résonne et pas seulement que dans ma tête.
Finalement Mohamed a ralentit et les autres suivent le mouvement. La transition galop trot n’est pas des plus confortable, je repasse donc rapidement au pas.
Ce n’est pas le moment de relâcher mon attention, Imouzzer est encore tout émoustillé de cette galopade. Je prend et rend tour à tour les rênes pour le calmer, une fois qu’il rejoint les autres devant nous, il se calme enfin.
D’une main j’essuie le mélange de sueur et de sable sur ma figure, je crache quelques grains, puis je remets de l’ordre dans la crinière ébouriffée de ma monture, je sens ses flancs qui montent et s’abaissent comme un soufflet de forge, contre mes mollets je sens sa chaleur et moi aussi j’essaie de reprendre mon souffle.
Autour de moi ce n’est que visages réjouis, c’est sur c’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de tester un pareil galop.
Le soleil est déjà bien haut dans le ciel quand on gagnera la place de notre pique-nique.
Priorité, toujours aux chevaux, on les attachent à l’ombre des arbres éparpillés autour de nous puis on les dessellent et les débrident.
Heureusement ils ont déjà bien séché depuis le galop. Il n’y a plus que le dos sous la couverture qui est humide, la couverture que l’on prendra soin de mettre au soleil pour quelle sèche.
Tout le monde a sortie sa part du pique-nique des sacoches et Mohamed et Lahsen s’active autour d’un petit feu de charbon de bois pour la cuisson des merguez.
Pendant ce temps installés à l’ombre, nous évoquons quelques points fort de cette matinée.
Après le pique-nique vient le temps de …la sieste. Et oui malgré le sol caillouteux entassés sur de deux des couvertures dépliées, nous nous sommes allongés et nous nous laissons plus ou moins tomber dans les bras de Morphée.
Ca c’est une rando comme je les aimes.